Autour de ton cou, de Chimamanda Ngozi Adichie

autour-de-ton-cou-coverQuatrième de couverture

Lauréate de la loterie des visas, Akunna quitte le Nigeria pour les États-Unis ; elle y découvre un pays qui a bien peu à voir avec celui de ses attentes. À Kano, dans le nord du Nigeria, une violente émeute intercommunautaire réunit deux femmes que tout sépare : une marchande d’oignons musulmane et une étudiante issue de la bourgeoisie chrétienne de Lagos. Dans Nsukka blanchie par l’harmattan, James Nwoye, ancien universitaire au soir de sa vie, repense au rêve biafrais et attend, la nuit, les visites de sa femme défunte, qui vient caresser ses jambes fatiguées… Voici quelques-uns des personnages des nouvelles d’Adichie ; ils composent une image complexe et riche de la réalité nigériane d’aujourd’hui, qui prend ses racines dans le passé et se prolonge dans l’expérience de l’émigration, une plongée émouvante, souvent poignante, tour à tour terrible et drôle, toujours vibrante d’humanité.

Critique

Je pensais commencer ma découverte des oeuvres de Chimamanda Ngozi Adichie par Americanah, qui, si vous suivez un peu la blogosphère, a rencontré un très grand succès. Il se trouve donc dans ma PAL mais je n’ai finalement pas commencé par celui-ci. J’ai acquis il n’y a pas longtemps Autour de ton cou, un recueil de nouvelles, en espérant avoir des lectures plus légères que les dernières que j’ai fait jusqu’à présent.

Légère par le format, mais pas par le contenu ! Dans ces nouvelles, on se trouve principalement au Nigeria et aux Etats-Unis, les principaux protagonistes étant (quasi) toutes des femmes nigérianes. On croit malheureusement (et ça m’arrive aussi encore de le penser) que les nouvelles ne peuvent pas être très développées et qu’il y a forcément un sentiment de frustration après les avoir lues. C’est probablement un stéréotype un peu naze et ce livre confirme qu’il ne faut pas se fier aux apparences.

On suit toutes ces femmes dans ces deux pays où elles vivent des expériences à la fois opposées mais aussi terriblement ressemblantes. Elles y subissent le racisme, le sexisme (très présent, je ne me souviens pas d’une histoire où ce n’était pas flagrant) qu’on ressent à travers le mépris des hommes (blancs comme noirs) ou juste la tradition perpétuée par les deux sexes. Parmi les autres thèmes abordés, on y trouve les mariages, arrangés ou non, la différence de classes, la relation aux enfants, la religion, la difficulté de l’exil dans un pays où le gouffre culturel peut s’avérer immense…

La meilleure nouvelle est sans aucun doute Jumping Monkey Hill, très bien structurée, une fin que j’ai particulièrement apprécié (mais je ne peux pas dire pourquoi bien sûr), avec des protagonistes de différentes nationalités, provenant principalement de l’Afrique mais avec un Européen présent. Avec son pseudo-amour pour le continent, qui n’est en réalité que son fantasme d’une certaine Afrique, on ressent bien l’influence encore présente du colonialisme. On verra d’ailleurs que l’emprise des Occidentaux est toujours réelle et que notre morgue a souvent fait plus de mal que de bien. Et qu’un Européen dise que l’homosexualité n’est pas un sujet « africain » montre bien à quel point on a une certaine image de l’Afrique qu’on veut conserver à tout prix, en plus d’être d’une violence inouïe.

Mais avant qu’on ne m’accuse de manichéisme façon « Africains = gentils, Occidentaux = méchants », la société nigériane en prend aussi pour son grade et j’en ai personnellement plus appris à travers ces courtes histoires sur le sujet qu’à travers des reportages. (la corruption est tellement ancrée, c’est ahurissant) L’auteure n’épargne personne, tout nous est balancé crûment à la figure, sans aucune concession, mais sans la présence d’une certaine colère ou d’un ressentiment qu’on pourrait légitimement trouver dans ce genre de récits. Elle met la réalité sous nos yeux, ce qui est une manière de dénoncer les vices et les contradictions de deux sociétés différentes, de la relation de chacune à l’autre. Ces histoires sont extrêmement fortes, j’ai à la fois ressenti du malaise, de la tristesse, de la colère mais aussi une vague d’espoir pour ces femmes (et pour cet homme, il y en a quand même un !) dont les situations ne peuvent que nous révolter. Oui, j’ai ressenti de l’espoir car grâce à ces nouvelles, je n’ai plus l’impression que c’est des sujets tabous, que ces femmes réalisent leur condition, qu’elles se révolteront un jour. (oui, plus facile à dire qu’à faire, assise sur mon petit canapé bien au chaud mais je rédige cette chronique à chaud, ok ?) On voyage avec ces femmes qui possèdent une force qu’on ne peut qu’admirer et applaudir.

Bref, ce livre a été une très bonne surprise et j’ai maintenant peur que Americanah ne soit pas à la hauteur de cette lecture poignante. Une auteure qui mérite sûrement plus d’être connue et reconnue, mais j’attends encore confirmation.

(note : un jour après avoir écrit ça, j’ai aussi découvert Nous sommes tous des féministes de la même auteure, j’en parlerai plus tard)

9/10

2 réflexions sur “Autour de ton cou, de Chimamanda Ngozi Adichie

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