Girls will be girls, d’Emer O’Toole – les livres féministes #8

girls-will-be-girls-coverMais… C’est quoi ce titre super cliché ? Et cette couverture stéréotypée ? Pas de panique, c’est bien un livre féministe, en dépit des apparences.

Et plus exactement, c’est un livre sur le genre. Mais commençons d’abord par présenter l’autrice : Emer O’Toole est irlandaise, un pays pas très connu pour être ouvert d’esprit sur les droits des femmes. (vous balancez pas des fleurs, la France non plus) A l’heure actuelle, elle publie dans The Guardian et The Irish Times et est surtout professeure d’université et maître de conférences à Montréal en théâtre irlandais. Retenez bien ce dernier point, car mine de rien, il est important pour la suite.

Me concernant, je n’ai pas appris grand-chose avec ce livre. Vous pourriez vous dire que ça commence mal, mais ayant fait la majeure partie de mon éducation féministe sur Internet, des points tels que celui-ci abordés de manière globale ne me surprennent pas vraiment. Cependant, si j’en parle, c’est que je l’ai trouvé intéressant.

Tout d’abord, pour celles et ceux qui ne s’y connaissent pas sur le genre ou qui ont effleuré vraiment de très loin le sujet, ce livre a l’avantage de ne pas être très théorique et est donc une introduction sympathique sur le sujet. L’autrice parle de façon assez décomplexée et a eu tout le long de ma lecture l’étiquette de « fille super sympa » collée sur le front. Cela pourrait être un défaut aussi, ce fait pouvant être considéré comme un manque de sérieux. Mais ce n’est pas le cas. Elle a bien bossé son sujet, et cela se voit dans les références qu’elle utilise. Pour la grande majorité anglophones, vu qu’elle l’est. Si vous pensiez vous intéresser au genre à travers des publications françaises, désolée de vous décevoir.

La particularité de ce livre est que le plan est construit selon son domaine de prédilection : le théâtre. (c’est pour cela que je vous avais dit de retenir sa profession au début de l’article) Des exemples de titres de chapitres : « Répétition », « Se déguiser », « Donner la réplique », « Jeu de rôle »… Ça semble un peu superficiel et facile, mais ça reste très pertinent avec les sujets qu’elle aborde. Le théâtre n’a pas une si grande place que ça au sein de son essai, mais elle lui a inspiré une réflexion intéressante, qui m’a un peu surprise car c’est la première fois que je lisais ça et ça m’a bien plu. (« tiens, je n’y avais pas pensé ») Et le genre, n’est-ce pas finalement un jeu de rôle auquel on participe tous ?

Elle est aussi douée d’un grand sens de l’humour et, bien qu’elle soit tout à fait capable de sérieux dans la majorité de son livre, ça apporte une touche d’air frais qui est la bienvenue. Son humour ne se traduit pas forcément que sous forme d’ironie (même s’il y a souvent de quoi), et d’ailleurs, son dialogue imaginaire avec le philosophe Aristote m’a beaucoup fait rire. (et je vous laisse découvrir le reste, je ne veux pas tout vous gâcher d’avance)

Tout le long du livre, elle va s’évertuer à déconstruire les stéréotypes sociaux liés au genre féminin et masculin, bien que le premier soit bien sûr à l’honneur. Et montrer, à travers des statistiques, à travers son expérience, que les hommes sont conditionnés de tel manière, les femmes d’une autre, et tout ceci au détriment de ces dernières. Relire ce genre de choses qui semble acquise et solidement ancrée dans la société en mode « c’est naturel », ça peut vous mettre en colère.

Car on a toutes traversé ces désagréments dans notre vie, à plus ou moins forte dose, et cela dépendant aussi de notre entourage, du contexte dans lequel on vit… Mais la pression absolument énorme concernant le genre féminin, on l’a toutes subi, surtout concernant l’apparence. Celles ne l’acceptant pas sont clouées au piloris, avec la complicité de celles qui acceptent ce système faute de mieux ou parce qu’elles y croient.

Elle parle entre autres de la manière dont l’on doit se comporter en tant que femme, de l’apparence que l’on se doit d’avoir et à ce propos-là, elle développe un sujet qui m’a fait énormément de bien à lire : celui de l’épilation.

Il faut savoir qu’Emer O’Toole est connue pour être passée à la télévision afin de montrer ses aisselles non épilées. Alors qu’elle voulait juste montrer que ce n’était pas si terrible (et que c’est même plutôt sympa, sans compter que c’est naturel pour une femme d’avoir des poils, hein), ils en ont plutôt fait une bête de foire. Il me semble qu’il y avait eu une émission similaire dans la nouvelle édition de C’est mon choix (oui, bah j’y peux rien, c’était dans les suggestions Youtube !) où des participantes étaient venues non épilées pour parler de leur choix, mais elles avaient aussi été dénigrées et moquées.

Et ça, c’est un point important que l’autrice voulait démontrer : elle a souvent jouée avec les codes du genre, s’habillant et se coiffant de manière absolument pas conventionnelle, jouant avec les frontières des genres, et s’attirant très souvent la désapprobation de la majorité des gens. (« tu n’es pas assez féminine », « tu serais mieux maquillée », blablabla) Mais ce ne fut jamais au même niveau d’horreur et de pression que l’épilation. Je reparlerai sûrement de ce sujet en-dehors de cette série d’articles (j’en ai personnellement gros sur la patate), mais il faut bien que vous sachiez que le moindre petit poil qui commence à repousser sera pointé du doigt, alors des dessous de bras touffus…

Cette pression sur l’apparence nous fait perdre un temps (et de l’argent !) considérable, tout ça pour accentuer les différences entre les hommes et les femmes. Même si, et je suis désolée de vous l’annoncer les gars, l’industrie cosmétique va vouloir se faire encore et toujours plus de pognon et ça se fera un jour sur votre dos… Oui, vos poils à vous seront aussi dégoûtants et disgracieux. (dans combien d’années, ça, je n’en ai aucune idée, mais l’entreprise est en marche)

Bref, l’autrice aborde plein de sujets dans le genre mais je me suis focalisée sur celui-là car il est très risqué pour une femme de déroger à cette règle publiquement, ça me semblait important de le souligner car c’est un sujet encore assez tabou. Elle parle aussi de l’industrie du sexe et même des relations sexuelles en général.

En bref, ce livre est une très bonne introduction au sujet et je l’ai trouvé assez libérateur car l’autrice nous parle franchement. Si vous en avez marre de certaines pressions mais que vous n’arrivez pas trop à l’exprimer, Emer O’Toole vous aidera à le faire sans détours. 😉 Un sacré soutien, à n’en pas douter !

9 réflexions sur “Girls will be girls, d’Emer O’Toole – les livres féministes #8

  1. Ce livre a l’air vraiment intéressant. Pour les poils n’en parlons pas, une mannequin d’adidas a reçu des menaces de viol (et de mort je crois) pour s’être montrée non épilée. Le pire c’est dans les pubs de veet, tu vois bien que l’actrice n’épile rien du tout car elle n’a pas de poils à la base. C’est vraiment ridicule.
    Merci pour cette chronique 🙂

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  2. Super chronique ! Ce livre me conviendrait, moi qui n’ai pas beaucoup lu sur le sujet. Résistance !!! Bon par contre j’avoue que je n’aime pas trop Les poils… on se demande pas pourquoi, hein ! Il est parfois difficile de se défaire de ce que l’on a depuis toujours en tête parce que la société l’y a mis très tôt ! Bisous.

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    • Il est vraiment sympa, oui !
      Concernant les poils, je te comprends, il y a certains endroits où je ne les supporte pas, mais je me dis que si je ne les avais pas déjà rasé x fois, je les trouverais moins drus, foncés et moches… Ce sujet me fait réfléchir et j’ai eu des expériences pas top, mais oui, tu l’as dit, pas facile de se débarrasser des injonctions. Bisous, passe un bon weekend 😉

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  3. J’ai lu ce livre l’année dernière car il était présent sur le feminism club (qui est un club de lecture féministe sur youtubes) et j’ai adoré ce livre. Je n’ai pas appris grand chose non plus mais j’ai bien aimé l’humour de l’autrice et surtout comment elle argumente son point de vue.

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