Je crois qu’on a deviné avec le titre que je vais les complimenter. Mais pas que, parce que ces essais ont aussi leurs défauts !
Je vais donc parler, dans l’ordre, de Sapiens, une brève histoire de l’humanité, d’Homo Deus, une brève histoire du futur, et du dernier écrit par l’auteur, 21 leçons pour le 21ème siècle.
Yuval Noah Harari est un historien israélien, dont le sujet de base (l’histoire militaire médiévale) ne le prédestinait pas à rédiger ce genre d’ouvrages. Alors que l’université où il travaille demande à ce qu’on donne un cours sur la thématique de l’histoire de l’humanité, tous ses collègues ayant refusé, Harari s’y colle. S’ensuit un succès fou qui ira crescendo, en particulier après que Mark Zuckerberg et Barack Obama aient conseillé le livre. Livre qui aura essuyé une vingtaine de refus à la base, les maisons d’édition qui ne l’ont pas accepté doivent aujourd’hui s’en mordre les doigts. Sapiens est à l’origine sorti en 2011 en Israël, mais n’a connu le succès mondialement qu’autour de 2014-2015.
De quoi parle donc Sapiens ? De l’histoire de l’humanité. Oui, mais encore ? De l’espèce Homo Sapiens. Oui, super, mais ça ne nous avance pas vraiment beaucoup. Et pourtant, c’est la base sur laquelle on parle. Harari va partir de la source de notre intérêt, nous, dont l’apparition reste un mystère, en Afrique de l’Est. Il va abattre pas mal de préjugés : vous pensez qu’on est les descendants d’Homo erectus et de l’homme de Néandertal ? Tatata, ce n’est absolument pas le cas. On ne sait pas comment ils ont disparu, ni si Homo Sapiens serait responsable, directement ou indirectement… Nous n’avons que des théories. Vous pouvez vous faire une opinion si vous voulez, mais elle ne restera qu’une affirmation basée sur rien. L’auteur le rappellera d’ailleurs à de nombreuses reprises le long du livre pour de nombreux sujets. J’aime cette rigueur qui nous rappelle que nous ne savons pas tout.
Celui-ci va aborder les choses ainsi : à travers trois révolutions de notre être et de nos façons de faire. Tout d’abord, la Révolution cognitive, ensuite la Révolution agricole (vers 70 000 ans avant notre ère) et dernièrement, la plus récente qu’on connaît tous vu qu’on y est encore, la Révolution scientifique. Entre ces deux dernières révolutions, on a assisté à l’unification de l’humanité, notamment à travers l’argent, les États et la religion. Oui, la religion : malgré ses innombrables défauts et les horreurs commises en son nom, les religions (mais pas que) ont réussi à réunir des millions de gens vers des objectifs communs.
On en vient au point principal qui fait que l’humanité en est là, à être au-dessus de toutes les espèces vivantes. Oubliez notre capacité à créer des outils (qui ne nous a pas aidé à elle toute seule, sinon on serait encore un macaque comme les autres) et notre gros cerveau (les hommes de Néandertal en avaient un plus gros que le nôtre) qui témoignerait d’une intelligence supérieure (on n’est toujours pas sur la bonne idée, même là, ce n’est pas suffisant). La parole ? L’empathie ? Vous pouvez oublier tout ça aussi. Non, ce qui fait que nous en sommes là aujourd’hui, à avoir conquis le monde au point d’avoir détruit l’habitat de nombreuses autres espèces, c’est notre capacité à collaborer à des échelles très grandes, et surtout, à coopérer avec des inconnus. D’autres espèces travaillent entre membres, mais seulement quand elles se connaissent et dans des groupes très limités. Nous, cette capacité de coopérer va au-delà. Pour construire un barrage, ok, quelqu’un l’élabore peut-être dans son cerveau à l’intelligence supérieure, mais sans les autres pour le construire, il peut continuer à rêver de son barrage.
L’écriture, l’argent, les États et la religion ont tous les quatre joué un rôle. Mais l’auteur va un peu plus loin que juste s’en tenir à ces éléments. Le plus important, c’est les histoires, les mythes : quand des humains les partagent, y croient tous ensemble, on peut déplacer des montagnes. Façon de parler, mais vous voyez où je veux en venir. Si on croit tous ensemble à la même chose, nous sommes d’accord pour collaborer et dans ce cas-là, pour créer des choses immenses. Nous pouvons croire aussi en des choses complètement fictives, comme l’entité d’une entreprise, qui n’existe que dans notre imagination. Tout ceci structure nos sociétés, on a forcément besoin d’une histoire pour qu’elles existent.
Il a aussi dit quelque chose qui m’a perturbé : les idéologies politiques, bien qu’elles ne veulent pas le reconnaître, sont des sortes de religion. Le capitalisme, le nazisme, le communisme… et même les droits de l’homme ! J’ai froncé les sourcils à ce passage, mais j’ai compris par la suite où il voulait en venir : il n’y a pas de droit naturel inscrit en nous qui dit que notre droit à vivre en toute tranquillité, sans discrimination, est évident. Là encore, c’est une histoire que l’on se raconte. Avant que vous criez au scandale (ce que j’ai personnellement failli faire, ça reste une idée dérangeante quand on n’y est pas préparé), il ne dit pas que toutes ces histoires sont forcément fausses de ce point de vue-là, il rappelle juste une évidence… sûrement pour ne pas qu’on tourne dans l’extrémisme ? Il reconnaît aussi certains bienfaits des sociétés autoritaires… sans les louer pour autant. Perturbant, vous ai-je dit.
J’ai appris énormément de choses dans ce livre. J’ai été assez choquée par certains faits : on serait responsable (à une échelle moindre que celle de maintenant, certes) de l’extinction de certaines espèces bien avant la Révolution agricole, notamment en Australie et en Amérique. On ne l’a sûrement pas fait exprès, mais c’est vrai que ça en dit long sur notre capacité de nuisance… Il m’a interpellé sur de nombreuses choses : quand il parle de la Révolution agricole, un chapitre est intitulé « La plus grande escroquerie de l’histoire »…
En fait, il nous offre une vision de l’histoire sans édulcorant ni conservateur. J’avais une perception de tout ça assez positive, sûrement à cause de nos cours d’histoire et de la vision générale de tout ça en général, dans les médias par exemple. Ça m’a remis les pendules à l’heure car ça m’a montré aussi que tout n’était pas forcément à voir à travers un filtre rose. De l’autre côté, on nous montre la vie des chasseurs-cueilleurs comme quelque chose à absolument éviter, j’ai vu les choses autrement en lisant Sapiens… Forcément que leur vie était dure et peu enviable comparée à la nôtre, mais seulement tirer des conclusions de cette sorte à travers un prisme négatif et condescendant, c’est se fourvoyer sur la réalité.
Yuval Noah Harari nous dévoile ainsi l’évolution de l’humanité avec un peu plus de recul, avec une vision globale et un art de la vulgarisation qui ne rend pas ce livre (ni les autres, d’ailleurs) lourd à lire. Je reviendrai à la fin de cet article sur les défauts et les qualités de ces livres, car ils se rejoignent dans leurs ressemblances. Mais grosso modo, Sapiens m’a fait voir les choses différemment sur l’humanité, notre histoire, notre évolution. Je n’étais pas très bien à la fin de cette lecture car j’ai trouvé (et l’auteur est d’accord avec moi, qui plus est) que le bilan de notre espèce est loin d’être positif, que ce soit envers nous-mêmes ou les autres espèces animales. D’ailleurs, si vous ne devenez pas végétarien en le lisant, je ne comprends pas. La façon dont on traite les animaux depuis cette révolution agricole, c’est affreux. L’auteur est devenu végétarien en rédigeant ce livre, je ne suis pas étonnée…
Ensuite, nous avons Homo deus. Le sous-titre le dit (Une brève histoire du futur), nous allons parler de l’avenir. L’auteur tente de nous donner des clés sur les possibilités qui nous attendent. Je trouve d’ailleurs dans l’ensemble qu’il y a tout un mensonge autour de ce livre, je vais le démonter tout de suite.
Dans la quatrième de couverture, et dans la publicité qu’en font les médias, ils disent surtout que le livre aborde l’intelligence artificielle, le pouvoir des GAFA (Google, Amazon, Facebook, Apple) et de la Silicon Valley, le devenir de nos démocraties, etc. Effectivement, Yuval Noah Harari en parle, dans la droite continuité de la fin de Sapiens qui introduisait bien cette suite. Seulement, ce n’est pas tout.
Il nous reparle des croyances, des mythes, et donc de la grande coopération grâce à cette capacité à se raconter des mythos histoires. La façon dont on traite les animaux et l’environnement. Notre façon de donner du sens au monde, aujourd’hui avec l’humanisme. Si, pour le dernier point, il le développe dans Homo deus alors que ce n’est qu’effleuré dans Sapiens, on peut observer une certaine répétition d’Homo deus par rapport à son prédécesseur. Je ne vous conseille d’ailleurs pas de le lire juste après Sapiens comme je l’ai fait, car je dois vous avouer que j’ai trouvé ça un peu lourd à (re)lire même s’il explique ses arguments différemment, avec d’autres détails.
Mais il est bien obligé d’en passer par là car ces éléments sont essentiels à son argumentation. Nous avons créé des dieux et nous souhaitons devenir des dieux… L’idée est flippante ? Attrayante ? Choisissez l’adjectif que vous voulez. Cela semble en tout cas faire peur, à juste titre, à l’auteur, qui développe toutes les possibilités de l’avenir afin de nous prévenir et que chacun agisse en conséquence.
Nous n’avons pas non plus de libre arbitre, et pas qu’à cause de ce que vous croyez. Sympa de l’apprendre, n’est-ce pas ? Mais les algorithmes des sites que nous visitons fréquemment et des logiciels le savent : pour eux, nous sommes simplement d’autres algorithmes. Des algorithmes biochimiques, mais des algorithmes quand même. Et donc, par définition, on peut hacker des algorithmes. Vous le voyez venir, le danger ? De plus, nous cèderons avec plaisir notre liberté (et nous serons donc plus facilement « hackables ») contre la promesse d’une bonne santé. (voire plus, avec la chasse à l’immortalité, mais celle-ci ne concernera pas tout le monde…) La démocratie ? Pas sûr que celle-ci se perpétue. Qui, parmi les dirigeants de ce monde, y verra encore un intérêt quelconque ?
Ce qui est autrement plus dangereux, c’est notre remplacement par l’intelligence artificielle. Souvent, on entend que ce sera comme pour les robots dans les entreprises industrielles, ça créera juste de nouveaux emplois, il faudra s’adapter. Seulement, cette fois-ci est différente : avant, l’automatisation nous remplaçait sur des postes physiques. Avec l’intelligence artificielle, on risque de nous remplacer sur le plan intellectuel, cognitif. Souvent, dans les films de science-fiction qui traitent de la question, le scénario proposé est celui d’une intelligence artificielle qui veut dominer le monde, et les humains la dominent grâce au pouvoir de l’amoûûûr… ou plutôt, plus sérieusement, celui de la conscience. Mais dans la réalité, ça ne va pas se passer comme ça, car la conscience et l’intelligence ne sont pas les mêmes choses, elles sont indépendantes l’une de l’autre, on n’a pas besoin de la conscience pour être intelligent. (désolée si vous y avez cru) L’intelligence artificielle n’a pas besoin de la conscience pour faire son job. Il vaut mieux se méfier de ce que, nous, on est capables de faire avec… Surtout qu’en lisant Sapiens, on en conclut rapidement qu’on a été de gros connards depuis l’existence d’Homo Sapiens… Bon ok, c’est ma conclusion, mais vous en tirerez la même, faîtes-moi confiance.
L’autre grand danger, et qui indique que la démocratie pourrait ne plus exister, c’est la gestion du flux d’information. La démocratie a prouvé sa supériorité le siècle dernier avec son système de flux d’informations qui n’est pas centralisé comme celui des dictatures. Mais au XXIème siècle, là n’est plus la question. Non seulement, il y a plus d’informations à brasser, mais les algorithmes sont tout à fait en capacité de les utiliser et de les analyser à une vitesse impressionnante et dont, nous les humains, sommes incapables. Je vous laisse lire la suite…
Bref, l’auteur nous prévient des dangers de l’avenir, et de ce dont nous sommes capables de faire et de créer afin de devenir… Homo deus. L’être humain augmenté, ce rêve basé sur des faits véridiques sur lesquels s’est basé l’auteur pour son argumentation.
Si j’ai un gros bémol à adresser à ce livre, c’est qu’il ne parle pas vraiment de ce que je considère être le véritable danger : le changement climatique. La survie de la biosphère. Il en parle… ou plutôt, il la mentionne en passant à côté et en se dirigeant vers le plan décrit plus haut. Mais ça me semble être une erreur. Si les scénarios qu’il avance sont plausibles à mes yeux, il faudrait un miracle pour que cela se produise. (et lui et moi ne voulons pas qu’il ait lieu) L’écologie est notre vrai problème aujourd’hui, et s’il signale bien ce risque, il n’a pas l’air de le prendre en considération de façon sérieuse, et ça m’embête beaucoup. A lire avec des pincettes, donc. Homo deus est très bon mais reste un cran en-dessous de Sapiens selon moi.
Nous allons maintenant s’attaquer à son dernier né, 21 leçons pour le XXIème siècle. Celui-ci fait beaucoup moins l’unanimité que les deux autres, il est accusé d’enfoncer des portes ouvertes, mais on y reviendra, car cette accusation est affirmée pour les trois essais, bien que pas avec la même vigueur pour chacun.
Par contre, si on me demande mon avis, je l’ai trouvé assez intéressant. Il est peut-être accusé de ne pas nous en apprendre beaucoup car celui-ci concerne notre présent et futur proche ? Dont on sait forcément des choses, mais l’analyse-t-on de la même manière ?
Celui-ci a découpé son livre en plusieurs parties, et dans chacune de celles-ci, on retrouve un mot qui décrit le thème qu’il va développer. Tout d’abord, Harari commence par le défi technologique : on en revient un peu à Homo deus. D’ailleurs, quand il était l’invité de l’émission Quotidien sur la chaîne TMC (que je ne regarde plus, mais quand j’ai su qu’il était là…), Yann Barthès, le présentateur, s’est beaucoup concentré sur cette partie, avant de bifurquer sur le dernier sous-chapitre du livre… Dommage, car ce n’est pas l’essentiel. De plus, dans cette partie sur la technologie, si on retrouve les sujets chers à Homo deus, ceux-ci sont abordés d’une autre façon, d’autres thématiques sont expliquées, dont… le travail. Conséquences forcément évoquées dans l’essai d’avant, mais pas du tout de la même manière et avec la même profondeur…
Après, nous entrons dans la défi politique, et si certaines choses sont communes à Sapiens, un sous-chapitre en particulier m’a intéressé : le nationalisme. Pour des raisons évidentes : on ne fait que voir la montée inquiétante de ce mouvement. Et selon Harari, on a bien des raisons d’être inquiets. Le nationalisme n’est absolument pas la solution qui apporte les réponses aux problèmes qui nous occupent, d’autant plus qu’il propose de revenir dans un passé tant chéri. (lol) Mais à part qu’on est dans le présent et que les technologies continuent inlassablement leur route en dépit des protestations des gens. Le nationalisme aura beau vociféré, ce n’est pas lui qui luttera contre le futur avec des outils du passé déjà obsolètes.
Pour conclure, la vague nationaliste qui déferle sur le monde ne saurait nous ramener en 1939 ou en 1914. La technologie a tout changé en créant un ensemble de menaces existentielles qu’aucune nation ne saurait résoudre toute seule. Un ennemi commun est le meilleur catalyseur pour forger une identité commune, et l’humanité a maintenant au moins trois ennemis de ce genre : guerre nucléaire, changement climatique et disruption technologique. Si, malgré ces menaces communes, les hommes choisissent de faire passer leurs loyautés nationales particulières avant tout autre chose, le résultat pourrait bien être pire qu’en 1914 et 1939.
(flippaaaaant)
Les sous-chapitres de cette partie sur la religion (d’ailleurs, j’en profite pour dire aux croyants de ne PAS lire ses livres) et l’immigration sont aussi d’un certain intérêt. Mais l’auteur ne va pas s’arrêter là. Il va nous parler de nos sentiments d’espoir et de désespoir à travers différents points (la partie sur le terrorisme est à faire lire à une majorité de français) et de la quête de vérité. La dernière partie est celle qui m’intéressait le plus car on y parle de résilience, avec l’éducation, le sens qu’on donne à nos vies, et un sujet pas vraiment étonnant quand on a étudié la vie personnelle de l’homme, la méditation ! Malgré un soupçon de scepticisme, j’ai trouvé le tout assez intelligent.
Globalement, je pense que vous avez compris, grâce à la description de chaque essai, que je les avais tous bien apprécié. Ils m’ont fait réfléchir sur l’humanité (surtout Sapiens, qui est vraiment LE livre que je vous conseille), sur nos comportements, notre façon de faire, notre évolution. Ce sont des livres qui encouragent une certaine remise en question, et en soi, je ne les trouve pas mauvais. J’ai juste une critique à émettre qui me fait légèrement douter de la véracité de chaque élément abordé.
Où sont les sources ? Je ne dis pas qu’il n’y en a pas, je dis qu’il y en a peu par rapport au contenu. Je ne suis pas du genre à vérifier chaque source (je laisse ce boulot aux chercheurs) mais quand même, j’aurais bien aimé savoir sur quelle publication il s’était basé pour avancer tel facteur, tel détail. Ça reste un livre de vulgarisation avant tout (alors la rigueur demandée par certains, je crois qu’ils n’ont juste pas compris qu’ils n’étaient pas le public cible en fait) mais tout de même, l’auteur nous doit bien ça, même si, sur le principe, le lectorat visé ne vérifiera pas ou n’a pas les compétences nécessaires pour examiner l’objectivité de chaque source (bonjouuur).
Donc ce sont des essais à lire avec une certaine distance. L’objectif d’Harari à travers ses livres est louable, mais ils ne sont pas exempts d’erreurs, en témoigne sa page sur son site personnel où il corrige les erreurs dans Homo deus, ce qui démontre quand même une certaine honnêteté chez l’auteur, en plus de l’empathie que j’ai pu ressentir dans ses livres, et ce qui rend Harari sympathique malgré tout.
J’avais dit que je reviendrai sur cette fameuse critique de « il enfonce des portes ouvertes ». En effet, il y avait des éléments que je connaissais déjà. (et puis, quand je me relis, je me dis que je ne donnerai pas une once de crédibilité à ces livres) Mais c’est parce qu’on se renseigne, non ? Croyez-moi que je connais un paquet de personnes pour qui ce ne sera pas « enfoncer des portes ouvertes ». Et même si on connaît certaines choses, les avons-nous réellement étudié ? Avons-nous réellement approfondi certains sujets ? Rien n’est moins sûr. Harari fout un coup de pied salutaire dans la fourmilière, aux lecteurs de ne pas se contenter que de ce livre. C’est un livre de vulgarisation avant tout, alors les gens renseignés, passez votre chemin. Si vous reprochez à Harari son succès, sachez qu’il n’y est pour rien et qu’il en est le premier surpris, donc allez voir les médias. Il en profite ? Ben oui, qui ne le ferait pas ?
Donc Sapiens, Homo deus et 21 leçons pour le 21ème siècle ont le mérite de vous faire réfléchir, même si vous n’êtes peut-être pas d’accord sur tout avec lui. J’ai repéré son manque de culture flagrant sur l’origine des dictatures d’Amérique centrale et du sud, et je n’ai pas été très ravie de constater qu’il considérait que c’était grâce à la bombe atomique et son éventualité qu’on vivait en temps de paix… De plus, ça rentre en contradiction avec le fait qu’il considère qu’une guerre atomique est une possibilité du futur. Peut-être une tendance aux raisonnements un peu faciles et simplistes ? Bref, n’hésitez pas à prendre du recul, comme je l’ai dit. Vous ne pourrez pas forcément savoir tout ce qui est faux, mais le savoir vous concède le droit de ne pas tout avaler. Si j’avais le temps, je ferai des recherches, mais comme je l’ai dit, ce n’est pas mon boulot, et je n’en ai même pas les compétences.
Il n’en reste pas moins utile de les lire (au moins Sapiens, un essai sur l’histoire de l’humanité qui explore le sujet de manière inédite) et ajouté à d’autres de mes lectures, ça en fait un élément supplémentaire intéressant. Mais gardez bien en tête mes avertissements. L’auteur est sympathique et son raisonnement est clairement porté par une certaine gentillesse, et il nous enjoint à la réflexion sur nous-mêmes et à nous remettre en question. Mais ça peut fausser votre rapport avec ses livres, alors faîtes attention. J’ai une certaine sympathie pour lui, mais je reste sur mes gardes quant à ses sources.
Edit : Des choses à dire sur ces livres dans cet article.
Article très intéressant ! Je ne pense pas que je les lierai un jour, car je finirais ma vie roulée en boule sous ma couverture xD Mais je trouve que c’est intéressant ce qui est abordé et j’aime toujours autant tes présentations d’essais !
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Ahaha, je te comprends, j’étais prostrée à la fin de Sapiens xD
Et merci beaucoup :3
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J’attendais avec impatience cet article, car j’hésite à lire cet auteur!
Pourquoi tu déconseille ses livres à ceux qui sont croyants? Ca ne me dérange pas qu’il critique les religions, vue que je critique moi-même ma propre religion,et je grade toujours en tête que mes croyances peuvent être fausses.
J’aimerais surtout lire son dernier livre, mais j’ai peur que ça me fasse trop stresser, car ça a l’air super pessimiste. Il parle un peu plus de l’environnement dans celui-ci?
Et merci d’avoir parlé du problème des sources, car j’ai vu plusieurs avis sur ces livres, et aucun ne mentionnait cet aspect.
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Je le déconseille aux croyants parce qu’il met les religions dans le cadre même des histoires fictives que se racontent les humains, je pense vraiment que ça peut en vexer certains. (dans le dernier livre, il critique carrément la religion juive, mais bon, il a grandi dans ce cadre-là aussi…) Comme il considère vraiment la religion comme une histoire de plus par rapport à toutes les histoires qu’on a eu au cours d l’histoire, ça remet carrément en compte l’aspect réaliste que ça peut avoir pour les croyants…
J’ai pas forcément trouvé son dernier livre pessimiste, c’est surtout un état des lieux de notre présent, et puis son dernier chapitre sur la résilience nous fait percevoir des choses positives à faire pour éviter d’entrer dans un futur pessimiste, justement. L’environnement, un peu plus… Mais pour lui, ce n’est clairement pas le sujet. S’il considère que c’est un danger, il ne s’y attarde pas.
J’ai vu qu’une critique d’un chercheur au sujet des sources, ça m’a fait bizarre…
En tout cas, merci pour ton commentaire !
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Ah, les grands esprits… j’étais hier dans une librairie et j’ai hésité à en partir avec Sapiens. C’est clairement celui qui m’intéresse le plus. C’est quand j’ai vu qu’il y en avait deux autres que l’hésitation a pris le dessus. Je suis un peu refroidie par tes bémols ( les sources quand même ! ) mais effectivement, c’est aussi très intéressant de pouvoir lire avec l’esprit aussi ouvert que critique. Donc, merci pour ce billet détaillé, j’y viendrai à Sapiens !
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Oui, effectivement, c’est celui que je te conseille ! Merci pour ton commentaire ! 🙂
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Merci pour cette chronique globale et ton avis sincère sur les livres. Tu rejoins ma copine qui a elle aussi lu les livres sur certains points, notamment sur l’impression qu’il enfonce des portes ouvertes à certains moments. Manifestement, Sapiens est vraiment celui à lire en priorité. D’ailleurs c’est celui qui m’intéresse le plus puisque Cyril Dion en parle beaucoup dans son Manuel de résistance, donc autant joindre les deux bouts !
Je m’y mettrai peut-être en décembre 🙂
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Hé bien parfait, tu as deux avis qui se rejoignent ! Sapiens est vraiment cool, je te le conseille vraiment !
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Oui, je pense que ça pourra me plaire. Juste la question des notes qui risque de me gêner (je suis un maniaque des notes).
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Passionnante chronique ! Je n’ai jamais lu ces livres même si j’en ai évidemment entendu parler, mais tu me donnes envie de lire Sapiens. J’aime beaucoup la façon dont tu fais l’éloge de ces livres tout en prenant des pincettes avec certains aspects. C’est très complet et intéressant. Je sens que ça ne va pas m’encourager à une vision plus optimiste de l’humanité et du futur, mais bon…
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Merci beaucoup ! Et non, ça ne va pas t’encourager à une meilleure vision de l’humanité xD. Mais je trouve que ça donne envie de se changer aussi.
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Je veux bien te croire !
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chronique très intéressante! j’hésite encore par crainte d’être prostrée aussi …
je viens de lire des extraits du dernier dans « LIRE » et même si cela fait frémir, son style me paraît abordable 🙂
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Oui, par contre, pas de crainte à ce niveau-là, ils sont accessibles pour tous 🙂
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Je suis vraiment épatée par le succès de ces bouquins… Ils ne m’inspiraient pas plus que ça, alors je suis très contente d’avoir pu lire ton retour détaillé !! Malgré les quelques points négatifs, je pense que c’est vraiment bien que ce genre d’idées se propage dans le grand public, ça ne fait pas tout mais c’est un premier pas essentiel. 🙂
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Oui, c’est pour ça que je les aime bien, l’auteur a su vraiment vulgariser pour un public qui est normalement effrayé par ce genre d’essais 🙂 Ca fait plaisir de ne pas avoir droit à la condescendance habituelle de certains !
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