Mon rapport à la poésie

Dans cet article, je vais parler d’un blocage qui est sûrement partagé par beaucoup vu que la poésie est peu lue aujourd’hui.

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Claude Monet, Son Jardin à Giverny.

Je ne sais pas si vous avez écouté les deux podcasts d’Antastesia sur la poésie, mais le deuxième m’a fait me poser des questions. Ai-je vraiment un rapport conflictuel à la poésie du fait que je détestais l’étudier en cours auparavant (collège, lycée) ? Je pense que oui car ça m’a laissé un souvenir marquant et j’ai bel et bien mes raisons pour cela, sans compter que je déteste la lecture à voix haute. Mais ces podcasts m’ont fait me poser des questions plus clairement. Avant, ces questions m’effleuraient simplement l’esprit, mais je ne m’y attardais pas dessus, ce qui fait qu’elles s’envolaient vers le monde de mes pensées que je n’ai jamais attrapées, une sorte d’oubliette. (très courant chez moi, ça)

Mais du coup, une question s’est rajoutée. Suis-je aussi un pur produit de ma génération qui favorise l’immédiateté et l’utilité ? Moi qui déteste et qui dénonce parfois cela, je ne l’avais jamais envisagé pour mon rapport à la poésie. Je n’avais jamais imaginé que ça pouvait s’appliquer dans mon cas. Mais bien évidemment que je suis influencée par cette culture de la rapidité et du profit ! Je le suis déjà dans d’autres sphères à des petits niveaux (mon anxiété en rajoute souvent une couche) mais vu que je déteste la poésie, me suis-je contenue sur ce plan-là ? En voyais-je une… utilité ? Y avait-il un quelconque avantage à s’en préoccuper alors que j’ignorais sciemment cette forme littéraire ?

Et là, on a en grosse partie les réponses dans les questions. Revenons sur deux termes utilisés assez frappants  : utilité et avantage. N’est-ce pas exactement ce qui est valorisé dans notre société au détriment de toute autre valeur qui n’apporterait aucun bénéfice selon la doctrine capitaliste ? N’est-ce pas se cantonner à une façon de voir les choses assez restreinte ? On peut dire qu’on est très loin du romantisme… et vous connaissez mon rapport à ça dans les romans. Ah tiens, les romans ? On va faire un petit détour par là, même si ce n’est pas le sujet principal.

Du coup, tout ceci m’interroge pour les romans. Mon rapport aux romans. Là aussi, ce qui peut se rapprocher le plus de ce que je déteste dans la poésie (une certaine forme de futilité et de romantisme que je trouve niais) m’est absolument insupportable. Ne suis-je que le simple résultat de la société ou est-ce aussi une partie de ma personnalité ? Je sais aussi que je suis capable de l’apprécier si la façon d’amener les choses, l’écriture me font passer outre mes craintes. Je prends l’exemple de Stefan Zweig, j’ai lu peu de lui mais à chaque fois, ça m’a beaucoup plu. Donc si vous vous reconnaissez dans ce que j’ai dit, vos attentes pour une lecture, je vous le conseille : ça ne vous fera peut-être pas changer d’avis, mais au moins, vous vous direz que c’est possible d’apprécier un tel style, que ça existe. (si vous n’appréciez pas non plus, ce n’est pas grave)

Revenons à nos moutons.

Je disais plus haut que j’ai mes raisons de ne pas aimer la poésie, et voici la principale : le rythme de lecture d’un poème. Comme je le disais aussi, je déteste la lecture à voix haute, alors ne comptez pas sur moi pour le faire pour tenter de l’acquérir. Ça s’est beaucoup ressenti en cours d’ailleurs… Je suis incapable de savoir quel rythme l’auteur souhaiterait appliquer à ses poèmes, et même si c’était le cas, peut-être que ça ne me conviendrait pas. Je déteste écouter les gens lire à voix haute car leur façon de lire n’est pas la mienne. (la seule que j’ai pu piffrer à ce niveau-là, c’est Rachida Brakni lisant Laurent Gaudé – on reparlera de lui plus tard d’ailleurs) C’est donc encore plus problématique à mes yeux que pour un roman car pour moi, ce n’est clairement pas le même rythme qu’on applique (ou alors j’ai rien compris). Donc à chaque fois que je me retrouve devant un poème, je suis embêtée car je ne sais pas comment le lire.

Il y a aussi cette sorte d’impatience qui rejoint ce que disait Antastesia sur cette société qui prône la facilité et l’immédiateté, mais je pense que ce défaut n’a été que renforcé par ce que je raconte dans le paragraphe précédent. J’ai été incapable de passer au-delà de mon impuissance et de mon incompréhension, qui sont déjà assez décourageantes en soi. Disons que ça s’est rajouté à l’abattement que je ressentais. Donc elle n’a pas tort, les valeurs de notre société n’encouragent rien du tout, au contraire.

Une forme d’élitisme est présente chez certains de celles et ceux qui lisent de la poésie. J’ai déjà vu sur un forum quelqu’un dire à un autre membre que si elle ne lisait pas de la poésie, elle n’aimait pas vraiment la littérature, ce qui est très vexant (vous avez le propos entier ici, article sur le mépris en général dans la littérature). Et si seulement ce seul exemple était une exception… Il va falloir comprendre les difficultés de chacun, et vous pouvez dire qu’on est trop bêtes pour comprendre… oui, ça doit être ça, allez. Je vais en rajouter une couche : certains poèmes sont assez inaccessibles. On doit passer par l’analyse en cours de français de certains poèmes pour en comprendre la subtilité, les sous-entendus, les métaphores ? Euh, non merci. C’est le cas aussi pour les romans, mais on les comprend un minimum quand même. C’est dommage que certains soient aussi obscures… On revient aussi à la société actuelle qui n’encourage pas à passer du temps à comprendre. Je le fais en lisant des essais, mais pour les poèmes, je suis loin d’avoir passer le cap. Encore cette idée d’utilité et pas seulement d’appréciation simple ?

Au fait, je ne l’ai pas lu et n’en ai pas spécialement envie mais en quoi Rupi Kaur n’est-elle pas une vraie poétesse ? (et Antastesia n’est pas la seule à dire ça) Trop grand public pour certains ? (oui, je suis un peu sarcastique mais je veux bien connaître vos raisons, en espérant que ce ne soit pas (juste) celle-là)

La thématique qu’on connaît essentiellement venant d’un poème, c’est la beauté, et là encore, je rejoins Antastesia, on n’est plus capables de les apprécier à leur juste valeur à cause de cette valorisation de l’utilité à tout prix (tout ce qui est valorisé par la société et la poésie et d’autres formes de beauté n’en font pas partie), mais aussi d’un certain rationalisme (à ne pas confondre avec rationalisation ou rationalité, ce n’est pas seulement ça… c’est pire), en opposition à l’émotionnel de façon assez extrême (alors que les deux sont complémentaires, mais vous êtes en train de braquer tout le monde et de les faire rester chacun dans leur coin, gnééé). Je considère même que la poésie peut être de la puérilité… (me tapez pas) Est-ce un mal de vouloir autre chose dans la poésie que la beauté simple ? A vous de vous faire votre propre avis, moi j’ai le mien, et comme vous le verrez plus tard, il est plus nuancé…

Je plaide coupable, je fais partie de cette catégorie que la poésie et sa beauté ennuient terriblement. Je pense fort à Paul Eluard dont le poème à l’oral du bac est tombé sur ma pomme alors que j’avais déjà une aversion à la poésie, et à cause de qui j’ai eu 13 au lieu des habituels 15-16 lors des oraux d’entraînement et du bac blanc (oui, je sais, comparé à mes 4-5 en maths dont je ne me plaignais pas, ça paraît être des pleurnicheries de chouineuse et je ne vous contredirai pas). Croyez-moi, je ne vais pas le relire de sitôt, la rancune est tenace chez moi. Mais voilà, il est aussi dans cette catégorie.

Bien évidemment qu’il y a des exceptions, mais j’avoue qu’au niveau des classiques, je ne sais pas trop vers qui me diriger (j’ai vu des extraits de l’anthologie d’Anna Akhmatova, ça m’intéresse).

Je pense, dans un premier temps, me diriger vers de la poésie contemporaine, car les sujets abordés, la vision des choses, me sembleront plus intéressantes car plus en phase avec ma propre époque et mes propres réflexions. Ça pourra peut-être paraître simple à certains, mais n’oubliez pas que mon premier obstacle, c’est : le rythme. Si je n’accroche pas au sujet de base, je vais vite abandonner. C’est un travail sur moi que je dois faire, et si je peux choisir qu’il soit un minimum plaisant, c’est ce que je vais faire.

de-sang-et-de-lumière-coverEt c’est ce que j’ai fait il y a quelques jours avec le recueil de poèmes de Laurent Gaudé, De sang et de lumière. Ces poèmes racontent des sujets chers à l’auteur, l’esclavage en Afrique, l’immigration en Méditerranée. Bref, des thèmes engagés, ce que je préfère. Ma lecture était au moins plaisante de ce côté-là, et ça n’a pas empêché la beauté d’être présente car même si tout ne se valait pas, j’y ai quand même trouvé de beaux passages. Du coup, ça m’interroge sur ce qu’on entend par la beauté, parce que ce que sous-entendent souvent les personnes qui en parlent, c’est la beauté de la nature, du quotidien, de l’amour, quelque chose de plus positif. Dans ce recueil, ce n’est pas forcément le cas (sauf pour la nature, mais pas celle verdoyante dont on a l’habitude), mais la beauté est là : elle s’exprime juste différemment. Le sublime peut s’y trouver mais c’est surtout la beauté du tragique (ça fait très déplacé la façon dont je le dis…). C’est donc d’autres types d’émotions qui s’y trouvent, on est émus autrement. Je ne sais pas trop si vous voyez ce que je veux dire, dîtes-moi dans les commentaires, ou peut-être avez-vous une opinion contraire. Du coup, je me suis demandée si c’était si grave de ne pas aimer la « beauté », si on en trouve une autre ailleurs…

Je me suis confrontée à l’habituel problème lors de ma lecture : celui du rythme, que j’expliquais plus tôt. J’ai hésité durant ma lecture, n’accrochant pas à certains poèmes. Était-ce juste par goût ? Ou ne l’avais-je pas lu comme il fallait pour apprécier ? Sans compter que je suis incapable de juger objectivement de la poésie… Bref, j’ai fait face aux mêmes questionnements. Du coup, je n’ai pas autant apprécié ma lecture que je ne l’aurais fait avec un roman.

Un blogueur (qui se reconnaîtra s’il s’en souvient) m’avait dit qu’il ne fallait pas se prendre la tête avec la poésie (ma soeur m’a dit la même chose il y a peu, qu’il n’y a pas de règles…). Je suis pourtant pile en plein dedans ! Mais il faut bien que je dépasse tout ça, c’est stupide de rester bloquée pour si peu. Même si je n’apprécie jamais Paul Eluard (ahem), j’aimerais au moins aimer un peu de poésie, même si elle n’est pas celle reconnue par les spécialistes. Essayer de faire un petit bout de chemin vers la poésie, même si je dois en passer par de la poésie contemporaine d’abord, n’en déplaise à certains. (ce ne sera pas ma priorité non plus, soyez-en certains)

Il se peut que je n’apprécie jamais vraiment la poésie dans son ensemble. J’aimerais quand même régler ce problème de rythme (probablement lié à mon problème de concentration, ce qui rend mes lectures courantes de romans quasiment miraculeuses), donc si vous avez des conseils, n’hésitez pas. Je suis bien consciente que je suis probablement influencée par cette culture de l’immédiateté, donc c’est aussi une raison pour faire un effort, pour me dépasser. Que ma détestation de la poésie vienne en partie de là, ça me gonfle un peu. Je peux bien essayer d’en lire, même si la poésie ne deviendra jamais une habitude.

Et vous ? Aimez-vous la poésie ? En lisez-vous souvent ? Quel est votre rapport avec elle ?

27 réflexions sur “Mon rapport à la poésie

  1. Coucou!
    Moi aussi je détestais la poésie au collège, car c’était juste des textes à apprendre par coeur, et apprendre par coeur a toujours été super laborieux pour moi ^^ Et en vrai, d’où faire apprendre des textes par coeur a des gosses ça va leur faire aimer la poésie?
    Bref, je lis de la poésie de temps en temps, avant je n’osais pas car j’avais peur de pas comprendre ce que le poète voulait dire. Et un jour je me suis dit que ma manière de lire de la poésie pouvait être différente de la manière dont je lis des romans. Dans les romans, j’essaie de voir ce qu’a voulu faire passer l’auteur, mais dans la poésie… pas trop ^^ Je me dit, bah, je comprends ce que je comprends, je ressent ce que je ressent, tant pis si c’est pas ce a quoi l’auteur à pensé :p . Car sinon, je suis d’accord avec toi, la poésie c’est souvent assez obscur, et incompréhensible! Donc je me dis que tant pis, je vois juste ce que les mots font résonner chez moi et voilà. Oui c’est surement pas la meilleure manière de lire de la poésie, mais c’est celle qui me permet d’apprécier les textes. Et pour le rythme, j’essaie de me laisser guider par la mise en page (pour mes haïkus chéris c’est plus facile car c’est toujours un peu pareil), mais rien ne me dit que je retrouve le rythme du poète ^^.
    Par contre, il y a des sujets qui me parlent plus que d’autres, du genre, la nature avec les haïkus! C’est avec ces poèmes que je me suis mise à la poésie, car ils sont courts, donc on s’emmêle pas trop le cerveau, et les haïkus me donnent encore plus l’impression que le poète a choisi ses mots avec une extrême minutie. Mais comme toi, y a des types de poèmes qui ne m’intéressent pas, du style les poèmes d’amour, en vrai, je peux pas, sauf exception.
    J’ai lu y a pas longtemps Balles d’or de Guy Tirolien, un poète guadeloupéen de la Négritude, c’est super bien écrit et engagé (contre l’esclavage, donc ça pourrait te plaire!), mais par contre pour ne pas être perdu·e, il faut faire un petit tour sur la page wikipédia de l’histoire de la Guadeloupe, sauf si tu connais déjà.
    En ce moment je m’intéresse aux poètes de la négritude, et j’essaie de les découvrir un maximum, j’avais adoré les textes de Jean-Joseph Rabearivelo, même si c’est clair que j’ai pas tout compris. Mais il écrit ultra bien, et a chaque fois que je lisais un de ses textes, je voyais vraiment la beauté. Ça m’a donné envie d’en savoir plus sur lui, et du coup j’ai appris des choses sur sa vie, et j’ai pu lire un de ses écrits sur l’histoire de Madagascar, car il n’était pas uniquement poète.
    D’ailleurs, je trouve que les poètes racisés en général sont sous cotés, enfin moi on m’a jamais parlé de la Négritude en cours, alors que je trouve que c’est super important dans l’histoire des lettres!
    J’ai « besoin » de lire de la poésie régulièrement, et oui, y a plein de trucs que je comprends à ma manière, mais tant pis, marre de cet élitisme, toutes les personnes qui le souhaitent ont le droit de lire ce qu’elles veulent.

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    • Merci pour ton commentaire !
      Mais grave, on devait les apprendre par coeur jusqu’en 6ème-5ème, je sais plus… Moi qui détestait l’oral, j’étais ravie. (sans compter le par coeur…)
      J’ai les mêmes craintes que tu les avais ! La peur de ne pas comprendre… alors que je me pose moins la question pour un roman. Je vais essayer de me prendre moins la tête comme toi. (d’ailleurs, c’est généralement le conseil qu’on me donne, aha)
      Les haïkus, j’y avais pensé, mais j’avais un peu peur parce que ça reste de la poésie de base, je vais donc quand même essayer !
      Oh, merci pour la suggestion ! En effet, le sujet pourrait me plaire. En plus, une fois, j’avais lu l’extrait d’un poème martiniquais me semble-t-il, et j’avais bien aimé.
      Je comprends ! Ton commentaire me rassure, je vais tenter la poésie à mon rythme (toujours ce problème…) mais aussi selon mes goûts ! Merci 😉

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  2. Je lis très peu de poésie, et pourtant il y a des poètes que j’apprécie et dont je trouve les poèmes magnifiques – plutôt dans les classiques, je n’ai jamais fait l’effort de m’intéresser aux poètes contemporains, j’avoue.

    Pour moi la poésie c’est très différent de la plupart des romans. En général, dans un roman, je vais être émue par le destin des personnages et/ou intéressée par les idées transmises dans l’oeuvre. Parfois s’ajoute une émotion due à l’écriture, mais ce n’est pas toujours le cas. Au contraire le plaisir d’un poème est principalement linguistique: les mots m’évoquent des images, je me laisse porter par elles, et ça peut me toucher indépendamment de quoi que ce soit d’autre. J’avoue que je ne me suis jamais posé la question du rythme, je prends le poème comme il vient…

    Par rapport à la beauté, pour moi elle peut clairement se trouver dans quelque chose de noir, triste ou effrayant, c’est le sublime ou le tragique comme tu le dis. Est-ce qu’on l’apprécie moins parce qu’on recherche principalement l’utile ou le rationnel, je ne sais pas. Pour ma part je n’ai aucun problème à apprécier des lectures qui ont pour seule utilité de me faire plaisir, donc je ne me sens pas vraiment concernée. Par contre je te rejoins sur le fait que la poésie exige un plus grand effort que la prose, il faut la lire lentement, se concentrer, faire un plus grand effort d’imagination, et parfois d’analyse pour en retirer le maximum. Et je suis paresseuse, ce qui explique sûrement que je n’en lise pas plus.

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    • Oh, tu as des classiques à conseiller ? Je regarderai avant de m’y plonger, parce que les goûts et les couleurs… Je t’avoue que je ne connais moi-même pas de poète contemporain ! (Laurent Gaudé, ça compte pas, son domaine de prédilection, c’est les romans et le théâtre)

      Oui, j’ai un peu le même rapport aux romans, et comme je n’ai pas l’habitude de la poésie, est-ce que j’ai du mal à accrocher parce que ce n’est pas une histoire linéaire ? (ou pas, d’ailleurs) Faut vraiment que je me laisse aller d’après ton commentaire et d’autres… Plus facile à dire qu’à faire…

      Vraiment d’accord avec ce que tu dis en début de paragraphe. Je dois dire que je me posais la question… Ahaha, là dessus, on est différentes, il faut pas juste que ça me fasse plaisir, mais j’avoue que ça m’arrive 😛
      Par rapport à l’effort supplémentaire que demande la poésie, je suis d’accord, et vu que j’ai déjà des difficultés de concentration, ça n’aide sûrement pas… Je vais tenter ce que je peux ! (ne me conseille pas René Char, il a l’air compliqué TT)

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      • Je n’ai jamais lu René Char, donc aucun risque que je te le conseille 😀
        J’aime beaucoup Baudelaire, dans le genre beau et (souvent) sombre. Et chez les anglais William Blake, certains du recueil « Songs of Innocence and Experience » mais je ne sais pas s’il y a de bonnes traductions françaises… Après ça reste des poètes romantiques du 19e, il faut voir si ça te parle:-)

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  3. Franchement, je complexe quand je lis tes articles qui sont toujours très fouillés et passionnants, qui font réfléchir, se remettre en question. Je complexe, mais c’est chouette de te lire néanmoins, je te rassure !

    Je ne suis pas non plus une grande lectrice de poésie, en réalité j’en ai lu si peu qu’on peut dire que je ne suis pas lectrice de poésie. Après, ça m’est déjà arrivé d’en lire et d’aimer. Sylvie Plath dont je serais incapable de te parler tant il ne me reste que la sensation qu’un recueil de ses poèmes m’avait parlé à une certaine époque de ma vie. Je la lisais en anglais en plus, donc poésie + anglais, je ne sais pas ce que j’ai compris, mais ça résonnait en moi. Baudelaire, pareil, à une certaine époque, je trimballais Les fleurs du mal partout avec moi, et quand j’ai découvert la mise en musique qu’en a fait Léo Ferré, ça a été le double coup de foudre. Mais ce sont des exceptions et j’y reste globalement hermétique. Rimbaud, Eluard, Verlaine… je n’y arrive pas (même chantés par Léo Ferré).
    Il y a cette question du rythme en effet, j’ai souvent l’impression de les lire trop vite, de ne pas lire « comme il faut » et de ne pas savourer ce que je devrais savourer. Pourtant, j’arrive à trouver un rythme dans un roman en vers libres comme ceux de Sarah Crossan, donc pourquoi se bloquer avec la poésie ?
    Peut-être à cause de la question du fond, j’ai l’impression que j’ai besoin qu’on me prenne par la main, qu’on me fasse une étude de texte pour voir tout ce que les mots dissimulent, tout le sens du poème. Du coup, ça refroidit.
    Après, je pense qu’il y a une barrière personnelle, je me dis que je ne vais rien comprendre, que ce n’est pas mon truc et du coup, forcément, je ne vais pas cette littérature.
    Le recueil de Laurent Gaudé pourrait être une porte d’entrée pour retenter l’expérience…

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    • T’as cru que je l’avais écrit en une heure ? 😛 Plus sérieusement, c’est tellement le fouillis dans ma tête, surtout pour écrire celui-là… Du coup, ça me fais plaisir ce que tu dis, merci !

      Bon, pas la première fois que j’en entends du bien, je note Sylvia Plath. Ahaha, je te rassure pour Rimbaud, j’accroche pas non plus ! (on m’avait offert un recueil et… je ne sais pas où il est)
      Pareil pour le rythme ! Je me dis que non, celui que j’applique dans ma tête est trop rapide, trop anarchique, trop simple, nianiania. Je vais essayer de me détendre là-dessus.
      Mais oui, bon sang, pourquoi avoir toujours besoin d’une analyse, où est le plaisir, snif ? Pour le recueil de Laurent Gaudé, à part une référence, il n’y a pas besoin de chercher plus loin je trouve, donc ça me convient, peut-être que ça te conviendra à toi aussi ?

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      • Peu importe que tu l’écrives en une, deux ou dix heures ! Tes articles sont toujours très approfondis et tu m’impressionnes, c’est tout, voilà.

        Je lisais les autres commentaires et Babitty Lapina m’a rappelé que je n’avais eu aucun problème à lire L’Odyssée en vers. Peut-être parce qu’il y a derrière une « vraie » histoire linéaire, mais la forme ne m’avait absolument pas dérangée.
        Comme quoi, ça mériterait vraiment d’y rejeter un coup d’oeil mais peut-être avec des textes moins flous, au fond plus engagé…
        Perso, s’il faut que je lise une étude de texte pour chaque poème, je confirme que ce n’est clairement pas mon état d’esprit actuel… sûrement un effet de cette société de l’immédiat, mais c’est ainsi malgré tout.

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      • Merci beaucoup ❤ (alors que c'est le bordel dans ma tête et que chaque fois que j'en publie un, je me dis "quelle honte" xD)

        Oui, elle dit la même chose que toi, que c'est parce que c'est une histoire linéaire. Peut-être que j'y reviendrai un jour, qui sait… (c'est pas ce que je disais plus haut xD)
        Pareil… Je veux bien apprendre et comprendre des trucs, mais quand c'est trop prise de tête…

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  4. Article très intéressant, j’aime bien lire de la poésie à petite dose. Je lis un ou deux poèmes et BAM c’est finit. Quand j’en lis beaucoup c’est quand je lis des œuvres classiques médiéval comme là je suis en train de lire La divine comédie de Dante qui est composée de long chants à l’instar de l’Illiade et l’Odyssée. Chrétien de Troyes dans mes souvenirs écrit aussi sous forme de chants, cela peut être une forme qui permet d’appréhender la poésie étant donné qu’il y a un récit derrière.

    Je suis assez choquée que quelqu’un ose dire que si l’on ne lit pas de la poésie, on n’aime pas la littérature ! La poésie est un genre assez difficile à appréhender et on nous a jamais appris à vraiment la lire. Parce que oui on peut juste se laisser porter et apprécier la musicalité du propos, sauf que certains sont assez confus et pour comprendre le propos il faut creuser. Du coup cela demande un exercice intellectuel dont on a pas nécessairement envie de faire l’effort.

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    • C’est typiquement le genre d’époque par laquelle je ne débuterai pas ! Je t’admire :O

      Ca t’étonne ? L’élitisme est partout…
      C’est vrai qu’on ne nous a jamais vraiment appris à lire de la poésie… Après, comme le disent d’autres : doit-on la lire d’une certaine façon ou à notre sauce ? Oui, ça demande parfois un effort que je suis prête à fournir, mais pas pour la poésie, ahaha.

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  5. Plein de choses à dire mais je vais faire simple en résumant ma pensée ainsi : je rejoins tout à fait Parmi les récits (sauf qu’en matière de poésie je n’apprécie que les classiques et c’est bien le seul domaine littéraire où c’est le cas – les textes contemporains me semblent totalement obscurs). Beau weekend (ok, sous la pluie et en bottes mais bon…)

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  6. Super intéressant comme article. C’est assez rare que je lise de la poésie mais j’en ait lu pas mal au lycée. Alors, pour résumer pour moi c’était des jolies phrases qui ne racontaient rien du tout surtout s’agissant de Verlaine et Rimbaud. Je me souviens avoir apprécié « les fleurs du mal » de Beaudelaire mais je me souviens plus du tout de quoi ça parle. Le pire restera Ronsard, sa poésie et ses métaphores sur les jeunes filles me mettaient mal à l’aise. Ce qui est marrant, c’est que j’ai revue une fille qui suivait ce cours avec moi et elle m’avait avoué avoir le même sentiment sur Ronsard mais n’avoir jamais osé intervenir dessus en cours. Pour tout te dire, je suis contente de ne pas être tombée sur lui durant le BAC, me connaissant, j’aurais été capable de dire un truc du genre: »Ronsard… mouiii, il aime bien les (très) jeunes filles et les métaphores de fleurs ». Sinon, je suis hyper-sélective s’agissant des poésies et j’en compte seulement deux que j’ai vraiment apprécié: « Paradis Perdu » de J. Milton et « Lait et Miel » de Rupi Kaur. Actuellement, je le seul poème que je lis c’est « La fin de Satan » de Victor Hugo, c’est une lecture assez compliquée et lente parce que si j’ai bien compris l’oeuvre est inachevée et a été reconstituée. Sinon, mon rapport à la poésie reste assez inexistant mais je remarque que j’ai probablement une préférence pour les poèmes épiques et religieux.

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  7. Très intéressant ton article, tu portes un bon regard critique sur toi même je trouve et il n’y a aucune honte à ne pas apprécier la poésie.
    Je me permets une réponse un peu détaillée (et ce n’est bien sûr que mon point de vue) car je suis une grande fan de poésie, toujours prête à défendre ce genre et tout ce que peut apporter sa lecture. J’ai fait un dossier sur la poésie et l’oralité il y’a peu (notamment sur les questions de rythmes et de lire à voix haute et c’est vrai que c’est difficile de passer outre dans la poésie) et je compte en faire un mémoire donc j’ai essayé d’analyser quelques petites choses.

    D’abord, poésie et elitisme c’est la pire chose qui soit, c’est ce contre quoi j’essaye de lutter : la poésie est pour tout le monde, et lire de la poésie ne fait pas de nous quelqu’un de supérieur. Mais elle necessite d’être rendu plus accessible, et c’est pas avec son analyse au collège que ça se passe. Surtout quand on se permet de dire qu’il y a une vraie poésie, classique, et une autre (Rupi Kaur c’est de la poésie au même titre qu’Eluard et toute la clique). J’ai toujours été touché par la poésie d’Eluard, Baudelaire, Verlaine… mais c’est pas la poésie que je préfére, c’est vraiment avec la poésie contemporaine que j’ai compris ce que j’aimais dans la poésie : la force des mots et la trace qu’ils laissent en moi selon comment l’auteur les utilise, les agence les uns avec les autres. La beauté est un plus dans la poésie mais c’est pas le plus important, je vois plus la poésie comme un art engagé, direct, qui fait passer un message. J »aime beaucoup quand la poésie décrit des situations horribles, moches, banales, quotidiennes, pour les dénoncer ou juste montrer qu’elles existent. Pas du romantisme et des fleurs.
    Thomas Vinau, Kate Tempest, Rupi Kaur, Jeanne Bennameur, Sylvia Plath (plus classique), Wajdi Mouhawad, Simon Johanin… Tout ceux-la sont pour moi des poètes, au même titre que les classiques ou les plus reconnus – même quand il s’agit de prose voir de roman. Et ils sont engagés, ils dénoncent avec leurs mots.

    Aussi je pense que l’erreur de l’analyse de poème au collège c’est qu’on nous apprend à rechercher le sens à travers les images du poète, et à se sentir idiot si on ne comprend rien. Pour moi la poésie, et c’est là où le rythme est important, est plus proche de la musique, où on ressent quelque chose même sans comprendre. Je rejoint Parmis les récit sur le fait de se laisser aller et de suivre son propre rythme. Dans ce que j’ai pu étudier, un poème est rempli de sens différent, ce lui du poète, celui du lecteur, et change aussi de sens selon s’il est lu mentalement, à voix haute, par un autre, etc.
    Et on peut aussi, surement, ne rien ressentir mais j’ai tendance à croire que c’est parce qu’on nous apprend pas ou mal à le faire et que la plus part des gens se braquent « moi la poésie j’y comprend rien » (parce que c’est ce qu’on a voulu nous faire croire en nous bourrant le crane d’analuyse ou de récitation par coeur). Je comprend rien à la musique classique mais je suis pas insensible quand je l’écoute, peut être parce qu’on m’a donné les bons codes pour l’écouter ou juste parce qu’il se passe un truc… j’ai pas de réponse et je me trompe peut être. Mais du coup revient la question de l’utilité, si c’est juste pour ressentir à quoi bon ? à quoi ça sert ? à rien et c’est ça qui est beau. Mais j’ai tendance à préferer la poésie engagée qui laisse une trace !

    Voila désolée pour ce commentaire un peu long qui n’est que mon point de vue (et j’aurais encore tant à dire haha!)

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    • Waouh, en plus d’aimer, tu t’y connais vachement ! Un dossier ? Tu fais des études littéraires alors ?

      Oh, j’aime beaucoup ta vision de la poésie. Dans le recueil de Laurent Gaudé, on a les deux, l’engagement et la beauté. Oui, la vision élitiste dans la poésie, j’ai été influencée par ça, je pense, surtout que comme tu le dis, on apprend à l’analyser d’une certaine façon en cours qui ne donne pas envie… Tu m’apprends aussi que Jeanne Benameur est poétesse, je savais pas ! (en tout cas, je note les autres noms)

      Je vais essayer de trouver mon propre rythme, ma propre musicalité comme tu dis. Ca sera difficile car j’ai un gros blocage dessus, mais comme vous le dites toutes les deux, je vais pas me prendre trop la tête comme j’ai l’habitude de le faire. Pour la musique classique, je n’y avais pas pensé, mais c’est une bonne comparaison, en effet 😉

      Non non, ton commentaire n’était pas trop long, c’était passionnant d’avoir un avis d’une personne qui aime beaucoup la poésie ! 🙂

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      • Je fais un master pro en livres et médiations ! On a de la pratique mais aussi pas mal de théorie et la c’était une réflexion sur la littérature hors du livre.

        Je sais pas si je m’y connais bien mais je suis passionnée et j’ai lu pas mal d’article sur ça. Pour les noms que je t’ai donné certains n’ont écris que de courts romans mais tellement puissant qu’ils s’apparentent à de la poésie pour moi et c’est purement subjectif (Simon Johanin, attention c’est assez sombre, macabre). Bennameur à écrit L’exil n’a pas d’ombre en poésie.

        En tout cas je suis intimement convaincue que tout le monde peut lire et aimer la poésie, à condition que chacun fasse ce qu’ils en veulent, au rythme qu’il veut, dans le style qu’il veut (sans être forcé d’aimer les « classiques »). Je pense que ça peut chambouler une vie, moi c’est ce que certaines lectures m’ont faites tellement c’était fort. Et je comprends aussi que tout le monde n’ai pas envie d’aller vers la poésie, parce qu’ils trouvent satisfaction ailleurs, parce qu’il y a déjà mille choses à lire et parce que chacun fait ce qu’il veut 🙂

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      • Tu fais un master en littéraire, donc oui, n’essaie pas de dire le contraire, tu t’y connais ! xD

        Oui, le style d’un roman peut s’apparenter à de la poésie, d’ailleurs on peut dire d’un style qu’il est poétique, et moi aussi d’ailleurs.

        En tout cas, je vais faire comme toi (et d’autres) l’ont dit, je vais ce que je veux, comme je peux 🙂

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  8. Alors moi la poésie, c’est très aléatoire. Je n’aime pas de mouvement particulier, d’un auteur précis, mais certains poèmes m’attirent, par les mots, le rythme que je lis, son message, les images qu’il procure. Mais je sais que je n’ai jamais apprécié les trop long poèmes.

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    • Merci pour ton commentaire ! Les mouvements particuliers, m’en parle pas, j’y connais rien 😛

      Les poèmes longs, ça doit pas forcément toujours être une réussite, en effet… Mais Laurent Gaudé en a aussi écrit des longs, et ça allait.

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  9. Pingback: C’est le 1er, je balance tout ! # 29 – Mai 2019 | L'ourse bibliophile

  10. Je découvre ton blog et je trouve tes articles de fonds très intéressants !
    Sur la poésie, je pense qu’en réalité peu de personnes en lisent vraiment, parce que, comme tu le dis, il y a souvent besoin d’une analyse pour l’apprécier. Je me souviens voir aimé (et aimer toujours) des poèmes étudiés au lycée, mais spontanément je ne vais pas me tourner vers un recueil de poèmes.
    Après je pense qu’il y a effectivement une manière de le lire, typiquement il ne faut pas lire un recueil en entier d’une traite, c’est indigeste, c’est plutôt fait pour picorer de temps en temps. Et puis sûrement lire à voir haute, pour l’entendre sonner, car à mon sens les sonorités sont aussi importantes que les mots dans un poème.
    Mais plus largement, je pense qu’avec la poésie, encore plus que toute autre littérature, il y a quelque chose de l’instinct. Il ne faut pas se forcer. On ne sait pas pourquoi, certains poèmes nous plaisent plus que d’autres, on les trouve beaux, ils nous touchent.
    Je rejoints d’autres commentaires sur le fait que la « poésie » n’est pas aussi restreinte que les poètes classiques. Il y a de la poésie dans beaucoup d’écrits et sous beaucoup de formes, par exemple le slam. Et si c’est cette poésie là qui nous parle le plus, il n’y a aucun problème !

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    • Merci beaucoup pour ton commentaire !
      Oui, le rythme de lecture qu’on a habituellement avec des romans n’est pas adapté à la poésie du tout. Je pense que notre rythme actuel pour tout y est aussi pour beaucoup et qu’on n’a pas la patience de prendre le temps de vraiment lire et apprécier de la poésie…
      Et comme tu dis, la poésie peut se retrouver ailleurs !

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