Bilan lectures #28 – spécial mois américain – juin 2019

J’ai lu mes lectures d’auteurs américains ! J’en ai pas lu autant que l’aperçu que vous avez dans cet article mais c’est un peu normal. Je n’ai pas privilégié les pavés pour pouvoir découvrir le plus de choses possibles.

bilan-lectures-américain

C’est parti pour le bilan !


tous-les-hommes-du-roi-coverTous les hommes du roi (Robert Penn Warren) Lire la chronique

Un grand roman, où le pire de la politique et le grand chamboulement des émotions se mêlent. Willie Stark devient gouverneur de son Etat et malgré sa bonne volonté, il n’échappera pas à la corruption. Ce roman est tellement puissant, pour en savoir plus, lisez ma chronique… ou lisez le livre, vous ne le regretterez pas.

la-tache-roth-coverLa tache (Philip Roth)

Cette lecture a très mal commencé. Avant tout, je vous résume un peu le début : Coleman Silk, doyen de l’université provinciale d’Athena, s’est retrouvé au coeur d’un scandale : il aurait prononcé un mot qui a été pris dans son sens argotique, alors qu’il l’entendait dans son sens premier. Hop, on l’accuse d’être raciste, tout le monde le laisse tomber, ses collègues, ses amis, etc, et il aura beau s’époumoner, rien à faire. Après la mort de sa femme, dont il accuse l’université où il travaillait de l’avoir tué à travers ce scandale, il entame une relation avec une jeune femme de 34 ans (il en a 71), illettrée, précaire, ayant un passé tout sauf joyeux. Ce roman est assez dense, très bien écrit et très bien construit. Ces éléments suffiraient à beaucoup mais pas à moi. Sa volonté de dénoncer le puritanisme américain et l’hypocrisie sociale comme il a pu le faire à certains moments ont pu faire mouche. A côté de ça, je trouvais qu’il mélangeait plein de choses, on sentait que l’homme/écrivain avait des comptes à régler avec le militantisme en général (et il a raison sur un point, parfois, ça peut virer à l’extrême), et avec le féminisme à travers le personnage de Delphine Roux. Le problème, c’est qu’il a voulu apporter des nuances pour dénoncer la tendance à la généralisation et que lui en a finalement fait de même selon moi. Le fait que ma lecture ait très mal commencé, c’est qu’une scène m’a énormément agacée (l’exploitation des vaches laitières…) et qu’on voit d’où l’écrivain parle : un homme blanc hétéro spéciste. Dans un sens, qu’est-ce que son identité peut faire ? En lisant Crépuscule du tourment, on voit bien que Léonora Miano est une femme noire. Le problème, c’est comment les choses sont dites, qu’est-ce que l’auteur a pu mettre en avant. Et si cet agacement n’a pas eu lieu tout le long de l’ouvrage, il est apparu à assez de moments pour que je me fasse une idée assez claire de son propos. En même temps, je vois bien que ce n’est pas un réactionnaire, vu ce qu’il peut parfois dénoncer. Mais parfois, il a pu rester assez flou, ce qui a rendu certains passages assez longs (sans compter que je n’ai pas trouvé l’ensemble passionnant non plus). Bref, je n’ai pas du tout accroché. Lu pour le challenge 12 mois, 12 amis, 12 livres.

la-chambre-de-giovanni-coverLa chambre de Giovanni (James Baldwin) Lire la chronique

Une histoire d’amour poignante où James Baldwin maîtrise avec brio les problématiques de l’époque avec l’homosexualité et l’hypocrisie de la société dans un Paris à la fois beau et sale.

fahrenheit-451-coverFahrenheit 451 (Ray Bradbury)

Si vous m’avez trouvé relou pour La tache, il se peut que ce soit le cas pour celui-ci aussi. Mais contrairement au livre de Philip Roth, j’ai aimé Fahrenheit 451 ! Mais j’ai quand même trouvé des trucs à redire. Sur le papier, le livre était sacrément alléchant : on se retrouve dans une dystopie, un monde où les pompiers (dont fait d’ailleurs partie le personnage principal, Guy Montag) ont un rôle inverse à celui qu’on connaît. Ils n’éteignent pas les incendies… ils les provoquent. La censure sur les livres est totale et c’est leur rôle : brûler les maisons où se trouvent encore cachés des livres (le chiffre du titre étant la température en fahrenheit auquel le papier se consume). Le monde dans lequel Montag vit est un monde de loisirs, de distractions où toute pensée négative est proscrite et évitée. Les gens sont-ils donc plus heureux ? Non : un jour, en rentrant chez lui, Montag retrouve sa femme inanimée et bute sur un flacon par terre qui contenait une trentaine de comprimés… Et ce n’est pas une exception. C’est aussi un monde où l’individualisme est à son sommet, personne ne se parle sauf quand il s’y sent obligé, plus personne ne flâne, n’admire la nature, et les relations elles-mêmes sont fausses et superficielles. Un jour, Montag rencontre Clarisse, une jeune fille et voisine pas comme les autres, qui contribuera à son réveil, à la réflexion… (ce que ce livre nous apporte d’ailleurs tellement certains parallèles avec notre société actuelle sont troublants) J’adore ce genre de récits d’habitude. Qu’ai-je donc à reprocher ? Tout d’abord, l’écriture à laquelle je n’ai pas accroché, même si cela allait mieux par la suite. Mais le début a été laborieux. Ensuite, la misogynie de l’époque de l’auteur est palpable : à part une exception, toutes les femmes sont passives, idiotes, superficielles, inutiles. L’action et la pensée sont bien évidemment représentées par les hommes. Pas merci, mec. (après, il y a l’époque, alors je relativise un peu…) Après, j’ai trouvé sa façon de penser un peu élitiste. La connaissance, c’est le pouvoir, mais les livres ne font pas tout (certaines de ses références, bon…). Dernier point, c’est que j’ai trouvé le récit un peu irrégulier. Certains faits auraient mérité d’être développés… Enfin voilà. Globalement, c’était une bonne lecture, mais qui ne restera pas dans mes annales personnelles. Je pense que si je l’avais lu 10 ans plus tôt, ça m’aurait bien plus plu !

gatsby-le-magnifique-coverGatsby le magnifique (Francis Scott Fitzgerald)

Je n’étais pas hyper emballée par la lecture de ce livre… et je n’avais pas tout à fait tort. C’est l’histoire du narrateur, Nick Carraway, qui devient ami avec Jay Gatsby, son voisin à Long Island, un endroit assez riche. Ce dernier ne s’est pas installé dans le coin pour rien… D’ailleurs, c’est plutôt son histoire à lui. Il est bien à l’aise dans son milieu, toujours à organiser des fêtes luxueuses pour ses riches invités. Tout d’abord, j’ai peu accroché au style d’écriture de l’auteur, qui est objectivement beau mais qui ne m’a pas fait vibrer. A cause de ça, j’ai eu du mal à reprendre ma lecture… Autre point, assez indépendant de l’auteur, c’est que le milieu chic et riche dans lequel baignent les personnages étaient tout bonnement soit ennuyeux, soit insupportable. Peut-être pas si indépendant de l’auteur, car c’est bien lui qui gère la narration et les dialogues… Heureusement, la fin du livre a un peu rattrapé le tout. Je trouve qu’il y a pléthore de choses à analyser : le milieu riche, le style de vie des Américains, et notamment celui des plus aisés, les classes sociales, les comportements individuels… Le comportement de certains personnages qui a entraîné la fin tragique pour d’autres a entraîné toute cette réflexion. Je ne sais pas si je me souviendrai de ce livre dans quelques années, mais il a eu le mérite de relever mon intérêt pour lui alors qu’il était au plus bas. Une bonne lecture, sans plus pour moi.

paris-est-une-fête-coverParis est une fête (Ernest Hemingway)

J’en avais une mauvaise image, où l’on voit que la superficialité de cette raison est au rendez-vous. Cette couverture bleutée, festive, me faisait penser qu’il y avait quelque chose de bling-bling, de cliché. Ce n’est pas le cas ! Quand on dit qu’il ne faut pas juger un livre à sa couverture… (et généralement, c’est la conclusion inverse : on se dit que c’est génial, et en fait pas des masses…) Ceci n’est pas un roman, mais plusieurs textes courts de Hemingway de ses années à Paris avec sa première femme, Hadley. Il raconte les bars-restaurants où il va écrire, les beaux paysages de Paris, une certaine ruralité qui peut parfois être présente dans les rues de Paris (un mec vient avec son troupeau de chèvres  pour livrer du lait juste tiré sur place !), la pauvreté (relative, selon moi) du couple Hemingway après que l’auteur ait arrêté de faire du journalisme… mais aussi sa rencontre avec Francis Scott Fitzgerald. Il y a des passages qui sont brillants de vérité, d’autres qui sont assez drôles. J’ai juste de grosses réserves sur ses propos (psychovalidistes si ça vous intéresse) sur Zelda Fitzgerald, la femme de Scott, mais c’est tout. C’était une lecture agréable et j’ai bien aimé le style de l’auteur.


Vous pourriez vous dire que c’était très mitigé, et c’est pas faux ! Mais finir le mois avec Paris est une fête, c’est un bon livre pour finir ce mois que je me suis fixée. Donc je suis restée sur une bonne note.

J’ai fait de multiples découvertes, dont une que je ne suis pas sûre de réitérer (Philip Roth…). On m’a fait remarquer qu’il n’y avait aucune femme, je confirme, et c’est un gros manque ! J’ai d’ailleurs deux mots à dire à la revue America, et en même temps, je suis assez mal placée…

A partir du mois prochain, je vais plus me laisser aller côté lectures, à part mon challenge habituel, je vais donner libre cours à mes envies, et il y aura beaucoup d’essais, je pense !

J’espère que vous allez passer un bon été avec de bonnes lectures ! En juillet, je risque de publier moins d’articles, j’ai une semaine de stage et une semaine où je serai absente. Je ne sais pas pour vous mais rester devant un ordi en pleine chaleur… Non merci.

33 réflexions sur “Bilan lectures #28 – spécial mois américain – juin 2019

  1. Le premier, c’est de chez Monsieur Toussaint Louverture c’est ça? J’adore leur catalogue.
    Le Bradbury ne m’a pas laissé un souvenir impérissable non plus mais pour le coup je l’ai peut-être lu trop jeune, par contre ^^
    Et pour Gatsby, moi j’ai adoré sa plume en anglais. Par contre la traduction, je ne l’ai pas testée.

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  2. Toujours très intéressant de découvrir ton avis. Je note en particulier La chambre de Giovanni que tu as fait remonter dans ma WL, Tous les hommes du roi et éventuellement Paris est une fête.
    J’ai un Philip Roth à lire, Portnoy et son complexe, donc je commencerai par celui-ci.
    J’ai juste sauté ta critique de Fahrenheit 451 car je sais que je vais le relire prochainement (et je n’aime pas lire des critiques sur un livre qui va être lu dans les semaines/mois qui viennent). J’y reviendrai donc après coup, mais savoir que tu l’as aimé (j’ai lu les deux premières phrases) me motive encore davantage.
    Je te souhaite un beau mois de juillet !

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  3. Félicitations pour Roth et Bradbury, deux expériences avortées pour moi. Par contre, je ne ferai pas de commentaires sur Gatsby (que je ne conseille pas du tout en traduction mais ça n’aurait probablement rien changé pour toi – en même temps, je t’imaginais mal accrocher à ce livre), ni sur Hemingway. (tu vois, quand tu lis américain, je connais quasi tous les livres 😉
    Et oui, dommage cette absence de femmes ! D’autant plus qu’il y a de grandes autrices US ! (tu es bonne pour un second mois américain ;p)

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  4. Beau bilan, tu as réussi à faire pas mal de lectures!
    Le seul que j’ai lu, c’est Fahrenheit 451, mais je n’en ai aucun souvenir. J’étais à l’école, je pense que je n’ai pas compris le fond de l’histoire et que ça ne m’avais pas passionnée.
    J’aimerais bien m’attaquer à Gatsby, dont des extraits m’ont assez plu. Un jour peut-être!

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    • Oui, je m’en suis rendue compte après, aha.
      Je n’ai pas lu celui-là de BEE, j’avais lu American Psycho. Je ne sais pas pour celui-là, American Psycho était très violent, mais j’ai trouvé que sa façon de faire était intéressante 🙂

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  5. Fahrenheit 451 ♥ Mais je te rejoins sur le fait qu’il faut le lire assez tôt pour l’apprécier. Personnellement c’est ce livre qui m’a fait découvrir la dystopie pour adulte avec Orwell. J’étais à la fac et ma prof d’écriture m’avait dit : olala mais vous vous êtes inspiré de Fahrenheit 451 pour votre nouvelle ? (J’avais écrit une nouvelle où la littérature était interdite, car on considérait que cela prônait l’individualisme. D’ailleurs, le je était bannis de la société, on devait s’exprimer qu’en nous. Et on suivait une dealeuse de littérature et une autrice toute deux condamnées à mort. Je regrette de l’avoir perdu, mais un jour de la réécrirais). Et c’est comme ça que je me suis retrouvée à lire ce roman et que j’ai découvert mon amour pour la dystopie.

    Gatsy le magnifique c’est vraiment le roman par excellence qui me donne envie de le jeter loin de moi par contre xD Je me suis endormie devant le film… Par contre Paris est une fête me tente bien, j’aimerai bien lire Hemingway un jour et ça peut être chouette de lire celui-ci du coup.

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  6. Quelle belle idée de faire un spécial lectures américaines. C’est drôle parce que ce pays ne m’attire pas du tout pourtant j’adore sa littérature. Par contre je suis d’accord ça manque d’autrices de manière générale. Pas qu’elles écrivent moins mais je les trouve beaucoup moins mises en avant, je me rend compte que j’ai lu beaucoup de classiques américains mais quasiment aucun écrit par une femme (à part la fabuleuse Toni Morrison).

    Ta chronique sur « La chambre de Giovanni » m’avait déjà donné très envie, « Tous les hommes du roi » à l’air super aussi et j’ai « Paris est une fête » depuis un petit moment dans ma P.A.L il serait temps que je m’y lance !

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  7. J’ai lu Fahrenheit 451 à l’école, j’ai donc quasiment tout oublié de l’histoire mais je me souviens que j’avais beaucoup aimé découvrir ce livre dans le cadre des cours et que ça n’avait pas été une lecture laborieuse comme pour d’autres livres imposés! Il faudrait que je le relise pour pouvoir me faire un avis plus mature. Gatsby et Paris est une fête sont des livres que j’espère lire un jour, ce sont des classiques que j’ai vraiment envie de découvrir ! 🙂

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