Bilan lectures #39 – juin 2020

A l’heure où vous me lisez, je pète un plomb à cause de la chaleur. Et ce n’est que le début. Je pense que vous avez remarqué mon inactivité sur le blog et j’aimerais bien vous promettre que ça va changer cet été mais… La chaleur me fait dire que ça peut potentiellement être pareil que ce mois-ci. Après, je vous avoue aussi que l’angoisse a joué le plus grand rôle…

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Énormément du mal à me concentrer pour lire… Ça allait mieux le mois dernier mais j’ai à nouveau des difficultés. J’ai quand même quelques lectures à vous présenter.

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Fullmetal Alchemist, Perfect edition, tome 3 (Hiromu Arakawa) – Barakamon, tomes 3 et 4 (Satsuki Yoshino)

Je vous présente ces mangas ensemble car je ne suis pas comme les experts, je ne sais pas ne pas spoiler sur des suites. Fullmetal Alchemist, ce manga est fidèle à l’esprit que j’avais vu dans l’animé Brotherhood. Très contente de lire de l’action avec des émotions comme la colère, la joie, la tristesse. Hâte d’avoir la suite (qui était sensé sortir en juillet ! Puis ça a changé, snif snif). Pareil pour Barakamon, sans la colère cette fois-ci : ce manga est une grosse boule de bonne humeur quand même. J’ai la musique de l’animé dans la tête tant qu’on sera dans les moments adaptés en animé. Je me demande comment ce sera par la suite…

algues-vertes-histoire-interdite-coverAlgues vertes, l’histoire interdite (Pierre Van Hove et Inès Léraud)

Une BD informative particulièrement édifiante ! Peut-être que vous avez déjà entendu parler de cette prolifération d’algues vertes en Bretagne qui émet du gaz toxique (l’hydrogène sulfuré) qui peut amener à la mort… Et si vous pensez que les quelques morts, humaines comme non-humaines, serviront à faire agir les autorités pour lutter contre ça… Vous vous trompez ! Ou plutôt, si, elles agissent… pour protéger certains intérêts. En effet, l’agriculture intensive est mise en cause, et avec, des tas d’entreprises qui ne veulent pas voir leur responsabilité être pointée du doigt ni leurs bénéfices diminuer. Et bien sûr, vous connaissez la collusion qu’il y a souvent entre les politiques et les grands intérêts privés comme ceux-ci… C’est qu’il y a du fric en jeu ! Alors la mort de quelques êtres vivants ne pèsent pas bien lourds. Tout parallèle ressemblant à la logique appliquée à l’heure actuelle avec la pandémie COVID-19 n’est malheureusement pas fortuit. Bref, les mesures, les stratégies pour ignorer les alertes, pour ne surtout pas agir, ont été légion, cette lecture va vous mettre très en colère. Perso, j’aurais bien créé des poupées vaudou pour chacun des connards responsables mais ça fait trop de monde, trop de travail. D’ailleurs, deux planches illustrent à merveille cette toile qui m’a donné le vertige. Bref, une BD essentielle à lire car elle nous éclaire sur une situation bien française qu’on doit connaître et aussi sur les arcanes du pouvoir qui peuvent nous mettre des bâtons dans les roues.

au-revoir-là-haut-coverAu revoir là-haut (Pierre Lemaitre)

Une relecture qui m’a fait du bien ! Je l’avais déjà adoré il y a quelques années (lu en 2014 je pense) et je n’ai pas changé d’avis à la deuxième lecture ! Le contexte n’a pas l’air très attirant mais ce serait une erreur de votre part de vous arrêter à cette impression. Le roman commence dans les tranchées, à quelques jours de l’armistice de la Première Guerre mondiale, le 11 novembre 1918. Albert Maillard, soldat comme on en trouve plein (avec la naïveté en plus peut-être), finit par trouver la cause de la mort des éclaireurs français partis regarder ce que faisaient les soldats ennemis allemands et qui ont causé une attaque du côté français : son propre lieutenant, Henri d’Aulnay-Pradelle ! Cet homme est ambitieux et détestable, tous les lecteurs ont dû se dire qu’ils aimeraient bien lui cracher dessus… Ce dernier va construire un business pour pouvoir empocher le plus d’argent possible et se reconstruire une réputation. Parallèlement, Albert Maillard et un soldat qui venait le sauver d’un enterrement dans un trou d’obus, Édouard Péricourt, établisse aussi le leur, une véritable arnaque nationale. Pierre Lemaitre a réussi à nous tenir en haleine sur des sujets très peu exploités, en particulier la période qui suit juste la fin de la Première Guerre mondiale : d’abord les gueules cassées avec Édouard, mais aussi le fait que cette guerre a profité à des gens pendant, mais aussi après ! Assez sinistre de voir tout ça, mais l’auteur enchaîne les évènements admirablement, et aussi avec de l’humour (ou c’est moi qui rigole pour rien ?). Les personnages sont originaux à leur manière et rajoutent de l’émotion à ce récit : soit vous les trouverez attachants, soit haïssables, soit ils vous seront indifférents. Un grand roman qui a bien mérité son prix Goncourt ! (pas souvent que je dis ça)

chroniques-d-un-enfant-du-pays-coverChroniques d’un enfant du pays (James Baldwin)

Ce recueil de textes et d’articles de la fin des années 40 – début des années 50 a été publié dans les années 50. Il est intéressant à mettre en parallèle avec le livre que je vous présente plus tard, Chassés de la lumière, sorti dans les années 70, près de vingt ans après. Voir son évolution durant ce laps de temps, c’est plaisant en plus d’avoir son intérêt. Mais bref, revenons à Chroniques d’un enfant du pays. Au début, je le trouve un peu difficile à lire, pas au niveau du langage, mais des références citées : principalement la culture américaine de l’époque, il faut savoir de quoi il parle. Ceci dit, son analyse est intéressante et juste, même si on ne comprend pas tout. Elle s’inscrit dans une critique qui se détache du regard uniquement blanc et pseudo-universel pour examiner des éléments selon le vécu noir. Par la suite, il parlera de Harlem, de fait divers, de certains éléments autobiographiques, de Paris, de sa présence comme « étranger » dans un village suisse. Et tout ceci est analysé à partir du fait qu’il est noir. Avant que certains ne crient à l’obsession sur cette question, sachez qu’elle imprègne sa vie et que vous seriez probablement les premiers à le renvoyer à ça. Je trouve aussi que c’est un de ceux qui expriment le vrai humanisme, pas votre humanisme pseudo-universel. Il est d’une générosité et d’une sévérité qui ne peuvent pas être plus justes. (l’impression de l’avoir déjà dit quelque part mais il est toujours bon de le rappeler)

comment-je-suis-devenue-anarchiste-coverComment je suis devenue anarchiste (Isabelle Attard)

Ce livre m’a beaucoup émue. Même si je suis face à une ancienne députée (écolo) et que ce n’est pas mon univers, ses questionnements m’ont parlé. Très clairement, elle veut faire de son mieux, le plus honnêtement possible quand elle est dans l’hémicycle. C’était sans compter sur le système politique et sa mentalité corrompue : elle est tombée de haut à plusieurs reprises. Agir pour instaurer un peu plus d’égalité dans les pratiques politiques s’est révélé extrêmement difficile, voire impossible. La désillusion de la députée est donc totale. Par la suite, elle va se renseigner sur d’autres options, dont celle de l’anarchisme, qui est une révélation pour elle ! L’anarchisme souffre de préjugés péjoratifs mais ce n’est pas ce que vous croyez : ce mot n’est pas synonyme de chaos, comme on l’entend souvent ! L’autrice va d’ailleurs revenir sur cette propagande qui efface des évènements anarchistes de l’Histoire ou qui les rend effrayants et négatifs. Vous allez sûrement apprendre quelques trucs sur l’anarchisme, car même moi qui ait quelques bases, j’en apprends encore ! De manière générale, elle nous informe des luttes sociales, souvent liées à l’anarchisme d’ailleurs. En dernier lieu, Isabelle Attard donne quelques exemples de communautés anarchistes qui ont fonctionné. Et si elles ont été interrompues, c’est souvent à cause du capitalisme qui leur a mis des bâtons dans les roues (au bas mot). Bref, je trouve ce livre simple à lire et vraiment, vous pouvez vous identifier facilement. Non, l’anarchisme n’est pas fait que de mecs gueulards et de symboles agressifs.

chassés-de-la-lumière-coverChassés de la lumière (James Baldwin)

Cet essai, comme je le disais plus tôt, a été publié dans les années 70. James Baldwin y parle d’éléments autobiographiques qui reflètent souvent la condition noire. Il parle aussi d’évènements politiques qui auraient dû aider les personnes noires, d’autres qui les au contraire enfoncé. Baldwin parle aussi de Camus, ce ne sera pas pour lui faire des compliments, aha. Je n’ai rien à redire de toute façon… L’auteur analyse à travers tout ça les travers racistes et paranoïaques des blancs américains, de leur arrogance. Je l’ai déjà dit mais son analyse est franchement pas loin de la perfection, de la vérité. Ça parle de communautarisme en ce moment dès qu’on parle de racisme ? Ça n’y connaît vraiment rien. Lisez James Baldwin qui sait parler des humains, lui. Il avait bien compris que le racisme était d’abord le problème des blancs. J’ai souvent vu que dans ce livre, Baldwin devient plus radical. Je dirais « à peine ». Les racines de son radicalisme étaient déjà là, dans des livres moins récents. Il ne fait qu’exprimer les choses plus crûment, il a sûrement moins d’illusions sur les personnes blanches, sur la façon dont le militantisme noir doit être. Et alors ? Si vous n’aviez pas déjà compris ça avant… Aux personnes blanches (je m’inclus dedans bien sûr) de prendre leurs responsabilités. D’ouvrir les oreilles et de faire en sorte que les paroles des personnes racisées ne ressortent pas de l’autre côté. Personnellement, lire cet essai ne m’a pas surprise. Pour moi, tout était déjà là, et le fait qu’il ait été considéré comme un « intégrationniste »… N’importe quoi. Je vais pas lancer un débat là-dessus, mais franchement…


Bref, pas énormément de lectures, mais des lectures très intéressantes. Je compte me tourner un peu plus vers la fiction le mois prochain, il serait temps de s’y remettre. Couleurs de l’incendie de Pierre Lemaitre est dans mes objectifs et si vous ne le voyez pas dans mon bilan du mois prochain, tapez-moi.

J’espère être un peu plus active en juillet (au moins rédiger un article, merde). A la prochaine !

12 réflexions sur “Bilan lectures #39 – juin 2020

    • Merci !
      … Tu me fais penser que j’ai oublié deux mangas dans mon bilan. (faudra que je vérifie mais je crois que je ne les ai pas rajouté sur Livraddict non plus) T’as préféré quel animé ? Il paraît que le premier finit tristement…

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      • Oui, disons que la fin n’en est pas vraiment une et ils ont fait un OAV ensuite pour conclure l’histoire.
        Mais le premier anime part rapidement dans une autre direction, que je trouve d’ailleurs très intéressante aussi. L’histoire est plus simple, avec moins de personnages notamment, mais il y a de vraies bonnes idées, en particulier autour des Homonculus. Et certaines musiques sont vraiment somptueuses.
        Je trouve que c’est une variation sur l’univers et les personnages qui vaut aussi le coup d’être decouverte.

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