La révolution du potager, de Béné

Quatrième de couverture

Vous êtes désemparé.e face au dérèglement climatique, à l’effondrement de la biodiversité et à l’agriculture intensive utilisant des pesticides ? Vous avez envie d’agir à échelle individuelle et/ou collective mais ne savez pas par où commencer ? Semez la révolution chez vous et autour de vous avec « La révolution du potager » !

Critique

Il a l’air d’être juste un livre de jardinage comme il y en a tant d’autres ? Hé bah loupé ! Il est un peu plus que ça et c’est ce qui fait qu’il sort du lot.

Bien évidemment, il y a des conseils de jardinage en permaculture, des recettes, réunies par saison : on commence avec le printemps, puis l’été, l’automne, et enfin l’hiver. Je trouve ça très intéressant car ça esquisse une idée de ce qu’une année au potager ou en respectant d’autres choses en rapport avec la biodiversité et le changement climatique (ou les deux si vous pouvez) peut donner. Je vous avoue que c’était flou dans ma tête parfois, surtout que je vois ce que ça donne concrètement seulement si je pratique et ce n’est pas le cas, je ne peux pas faire de jardinage pour de multiples raisons.

Du coup, je lis par curiosité et c’est très intéressant de voir ce qui est faisable à tel moment de l’année : je trouve cette division par saison très pertinente de ce point de vue-là. Béné vous donne des astuces, tout en reconnaissant les avantages et les inconvénients des techniques proposées (elle n’est pas ici pour prêcher sa paroisse).

Elle a aussi détaillé des recettes de cuisine (végétariennes et vegan) selon les légumes et fruits disponibles par rapport aux saisons. Vous voulez respecter un minimum ce qui vous entoure au-delà de la mentalité utilitariste que les humains ont et de cette pseudo-supériorité qu’ils pensent avoir qui leur donnerait tous les droits ? Va falloir arrêter ou limiter la bouffe industrielle qui se fiche de la saisonnalité et qui nous sort des produits à la tomate… Tomates élevées sous serre chauffée en hiver. Débauche d’énergie utilisée et comme diraient les abrutis de LMPT, c’est « contre-natur-hân »… Plus sérieusement, ça ne respecte pas le rythme, le cycle de vie d’un légume/fruit et à ce niveau-là, ça produit aussi des dégâts. Ça nous habitue à avoir tout dans la minute alors que… non, ce n’est pas possible sans conséquences négatives.

Bon, par contre, comme je suis très difficile pour la nourriture, il y a très peu de recettes que je peux reprendre, et il y en a même dans le lot qu’il va falloir que j’adapte… Des carottes partout, un enfer pour moi.

Mais qu’est-ce qui fait que ce livre qui semble inoffensif à première vue (même à deuxième vue, il l’est, mais je sais que certaines personnes sont sensibles) possède une plus-value qui a éveillé mon attention ? (en plus, j’utilise un terme commercial, il vient de loin, celui-là)

Avec ce que j’ai dit, vous pensez qu’on n’est que sur de l’individuel comme actions ? Non, Béné ne nous cache pas que la situation est grave et que ça induit plus que notre petite implication, sans être catastrophiste pour autant. Il y a des articles nommés « Focus » où l’autrice peut aborder un point un peu controversé ou difficile du jardinage, mais pas que. Des sujets polémiques chez les écolos qui ne veulent pas reconnaître leurs privilèges. Le « Je reste au sol » pour l’avion ne va pas plaire à certain·e·s… Tant pis pour elleux. Celui sur la tomate industrielle va mettre en lumière des démons chez certains (dont moi-même pour les pizzas)… et celui sur le « zéro déchet », pfualala !

Mais il n’y a pas que ces articles-là. Ses introduction et conclusion offrent des pistes pour l’action collective et puis aussi des faits sur le changement climatique, l’atteinte sur l’écosystème, etc. Oui, ce livre prône l’écologie, vous ne l’aviez toujours pas compris ?

Béné a aussi interviewé différentes personnes, qui habitent soit en ville (le petit jardin sur le balcon entre autres) ou qui habitent en campagne (et qui, pour certain·e·s, se sont carrément lancé·e·s dans la paysannerie !). C’est profitable de les lire car ils présentent des initiatives différentes selon notre mode de vie, mais aussi d’autres visions de la vie, sachant que le système capitaliste nous en offre une seule : maison, mari, enfants, TRAVAIL. Métro, boulot, dodo. Vous pourrez vous dire que le reste n’est qu’utopie, et on sait tou·te·s ce que vous entendez par là : que c’est impossible. Mais c’est se méprendre sur la définition du mot « utopie » (virez-moi les Larousse, Le Petit Robert et consorts). L’utopie, c’est vouloir réaliser un idéal. Tout l’idéal n’est pas impossible…

Et après cette légère digression, j’en viens à mon point initial : ces interviews exposent d’autres manières de faire et de voir les choses, elles livrent donc un nouvel horizon. Et il y a en plus une certaine multiplicité dans ce potentiel avenir.

Passons à la forme : c’est un livre en très grand format qui fait 180 pages. Il est bien structuré (ça peut sembler donner une impression de fouillis quand on feuillette mais ça coule de source quand on le lit), bien présenté avec des couleurs (j’aime les couleurs). Il y a de belles photos mais qui restent aussi simples, avec des dessins mignons dans la thématique, bien sûr.

L’autrice est bienveillante (mais ferme, faut pas déconner, arrêtez vos conneries aussi) : elle rappelle qu’elle n’a pas la science infuse, que personne ne l’a d’ailleurs, et que tout le monde peut se tromper. D’où l’importance d’expérimenter en restant prudent. Elle prend bien en compte les problématiques de chacun, que ce soit par rapport au genre (le texte sur la charge mentale, big up !), au racisme, au validisme, à la classe, etc. Je ne me suis jamais sentie culpabilisée ou ai éprouvé une obligation à faire tout ce qui est dit dans son livre. Béné insiste bien sur la construction de nos actions selon nos moyens (donc s’il y en a pas, c’est pas grave, et puis les gros pollueurs n’ont qu’à se bouger aussi). J’ai surtout lu tout ce qu’elle proposait par curiosité de voir ce qui était possible, sachant que son livre n’est pas exhaustif. Il donne des idées, faisables ou non dans l’immédiat ou plus tard.

Ce grand livre est donc, comme je le disais au début, plus qu’un simple livre de jardinage. Il ne l’est pas d’ailleurs. L’autrice procure un fil conducteur qui est largement modulable et adaptable selon vous et votre situation. Cela change de ce qu’on a l’habitude de voir et d’entendre. Son livre n’est pas énervant comme les injonctions des politiques qui ne foutent rien, eux, ou des grands écolos privilégiés qui ont les moyens et habitent souvent à la campagne. Il n’y a pas que vous, les gars.

Si vous êtes un peu perdu·e·s et que vous débutez, ce livre est parfait pour vous. Si vous êtes curieux·ses, il sera très intéressant et agréable à lire.

3 réflexions sur “La révolution du potager, de Béné

  1. Il a l’air hyper intéressant ! Ce format avec à la fois des conseils de jardinage (même si pour le moment je ne suis pas spécialement intéressée par le potager, j’aimerais bien un jour tenter d’en faire un de balcon), recettes etc et des informations sur les conséquences environnementales de nos modes de vie me plait bien !

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  2. Pingback: Écologie : la perte de temps n’est plus permise | La tournée de livres

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