Un sujet passionnant, le journalisme, à travers deux livres

Je pense qu’il faut que je l’admette publiquement : le journalisme est un domaine qui m’a trotté dans la tête depuis le collège jusqu’au début de mes études supérieures. C’est surtout depuis le lycée que le sujet me passionne (avant, on était exclusivement sur une vision très idéaliste de la chose – je vous laisse imaginer que la chute a été rude). Pourquoi je n’y suis finalement pas alors ? Vous avez un début de réponse dans la parenthèse précédente, mais aussi des aspects financiers et des éléments de ma personnalité m’ont arrêté.

Bref, tout ça pour dire que le journalisme est un sujet qui m’attire particulièrement, même si je m’en suis éloignée ces dernières années pour des raisons personnelles. En plus de ça, je ne suis pas plongée dans la sauce Cnews ou BFMtv, donc je ne suis pas opportuniste et cynique. Ces deux livres étaient donc faits pour moi. Je vous en donne un aperçu assez bref, les contenus entiers sont bien meilleurs, j’espère juste attiser votre curiosité !


Journalisme (Olivier Villepreux)

Comme les autres livres de la collection Le mot est faible des éditions Anamosa, celui-ci était très intéressant et instructif, écrit par un journaliste indépendant. Bien évidemment, il est difficile de ne pas parler de l’évolution du journalisme sans parler du cas Trump : ce n’était pas en France mais on s’en souvient bien. Certains médias, comme Fox News, se sont enfoncés dans les fake news (ou les contre-vérités, comme ils disent, signe de l’absurdité totale dans laquelle on est tombé), d’autres ont eu un petit sursaut de réveil (le Washington Post et le New York Times). L’auteur commence par parler rapidement de ce cas particulier qui a bouleversé le monde journalistique. Pour le pire ? Pour le meilleur ? Cela dépend de chaque média, j’imagine.

Mais cette partie n’est finalement qu’introductive au reste. Dans la prochaine, l’auteur essaie de définir le journalisme, définition difficile s’il en est. On le voit bien avec Internet et les informations, les vidéos (celle de Taha Bouhafs sur Alexandre Benalla) qui circulent. Le brouillage est de plus en plus perceptible, en témoigne le cas de Julien Assange (et WikiLeaks), poursuivi par les États-Unis pour espionnage, alors que son travail relève de la liberté d’expression établie par le premier amendement de la Constitution. Mais ça arrange les affaires de ce pays que le travail de Julian Assange ne soit pas reconnu officiellement, ils peuvent se permettre plus de latitude pour le réprimer. Et ne croyez pas que les États-Unis soient les seuls à le faire…

Ce qui saute aux yeux, aujourd’hui, tient à l’absence de distinction entre la publication d’une information et son traitement journalistique.

De fait, la liberté de la circulation des informations est fragile. Bien évidemment, l’auteur va aborder le problème du financement des médias (moyens) responsable de cette circulation des informations (a-t-on besoin de parler du cas très emblématique et problématique de Vincent Bolloré ?), du manque de mixité sociale des nouvelles recrues (surtout depuis les années 90) qui empêchent certaines choses d’être des sujets pour les « agents de mise en forme du réel » (ça claque, cette formulation, c’est dans le livre que je vais vous présenter après celui-là). L’éthique des journalistes par rapport à leur métier et à ce qu’ils transmettent se perd très clairement (notamment à cause de l’aspect financier). L’auteur examine le sujet plus en détails.

Le statut de journaliste, entériné par la carte de presse, est très utile quand il s’agit d’apporter des protections, de ne pas permettre à n’importe qui de diffuser ce qu’il veut, mais quand on voit que Pascal Praud et Fabrice Arfi ont tous les deux une carte de presse comme s’ils pratiquaient la même chose, alors que Gaspard Glanz n’en a pas, il y a aussi de quoi se poser des questions sur son institutionnalisation.

Olivier Villepreux évoque toutes les dérives de la presse, de ce qu’on appelle journalisme, dont une qui m’a particulièrement interpellé : celle des rubriques dans lesquelles certains journalistes seraient spécialisés et ne pourraient pas aller ailleurs, mettant à mal la diversité du métier et l’ouverture d’esprit, la remise en question de sa pratique. En effet, je pouvais amorcer ce début de critique avec certains médias mais je ne l’élargissais pas à tous. Quand je prends l’exemple d’un média que j’apprécie beaucoup, Mediapart, c’est clairement ce qu’ils font mais je ne l’ai jamais envisagé comme un problème. Ça me fait encore réfléchir…

Un livre que j’ai trouvé passionnant (sur un sujet qui m’intéresse beaucoup). Bien évidemment, il y a des choses que vous connaîtrez sûrement, d’autres qui vous interrogeront sûrement plus… En tant que journaliste indépendant, il a clairement plus de recul sur son métier que d’autres. Il pense qu’un journalisme exigeant et honnête (le plus possible en tout cas, un humain n’est pas exempt d’erreurs) est le meilleur moyen de sortir le journalisme actuel de son marasme (et son public aussi).


Petit manuel critique d’éducation aux médias (Collectif La Friche/EDUmédias)

Celui-ci s’attarde sur un point particulier : l’EMI (Education aux Médias et à l’Information). Le livre nous offre plusieurs parties où on trouve la description d’initiatives d’associations cherchant à donner la parole aux personnes oubliées (surtout à travers l’audio et la vidéo, j’ai remarqué) et à leur fournir de multiples outils pour s’informer. C’est très intéressant de voir ce qui existe, la tentative de mixité sociale qu’on peut retrouver dans un projet (mélange entre étudiants d’une école de journalisme et jeunes de quartiers moins favorisés). Le livre dispose aussi d’interviews d’acteurs de ces initiatives, même de l’étranger (Europe). Ces dernières sont très intéressantes car elles permettent d’en savoir plus sur ce qui se fait et de prendre la température de ce qui est possible à l’heure actuelle.

Bien évidemment, il y a des dangers autour de la normalisation des pratiques : vous voulez de la thune ? Alors inclinez-vous face à nous ! (les communes, les entreprises) Il y a de bonnes façons d’informer, nous dirions même plus, une seule bonne façon d’informer ! La laïcité ? Super ! Parlons du voile…

Ce paragraphe un peu trop sarcastique reflète surtout les tensions qui entourent les pratiques d’EMI autour des enjeux que certains voudraient lui donner.

Le travail journalistique repose sur une série de choix, de classements, de hiérarchisations d’informations dont certaines font l’objet d’un traitement médiatique plus ou moins valorisant. A travers les grands médias se jouent des luttes pour la visibilité et la reconnaissance sociale. La manière dont ces informations sont mises en discours et en images contribue à orienter leur lecture. En cela, les médias apparaissent comme des agents de mise en forme du réel. L’enjeu, à ce niveau, est bien la « construction sociale du sens qu’il convient de donner au « monde » dans lequel nous vivons ensemble ».

Ce qui se retrouve à plusieurs reprises quand les personnes qui participent à ce projet parlent, c’est la défiance envers les principaux médias qui parlent de leur vie sans rien savoir, en montant en épingle des évènements, voire en mentant allègrement. Il s’agit surtout de jeunes de quartiers populaires, mais pas que. Ces initiatives leur permettent de reprendre la parole, de partager leur vécu à eux en opposition avec ce qui est montré à la télé qui leur est complètement étranger, mais aussi de montrer que d’autres pratiques sont possibles pour informer, enquêter, etc. Je pense qu’à travers la politique, on voit bien la responsabilité des « agents de mise en forme du réel » que sont les journalistes. Des personnes de classe populaire se rendent bien compte que leur vie est affectée par la vision que les journalistes donnent de cette classe sociale. Et, à l’heure actuelle, elle est très péjorative et stéréotypée…

La normalisation peut aussi se trouver dans l’application de nouveaux outils numériques. C’est bien pour montrer qu’on est modernes, moins pour l’accessibilité à toutes et à tous (et puis ça coûte parfois cher).

Une nouvelle fois, je vais faire court, je veux juste souligner cette bonne idée qu’est « l’anti-boîte à outils » qu’on rencontre plusieurs fois et qui sert (à mes yeux en tout cas) de séparation, d’allègement entre les textes. L’anti-boîte à outils est une réponse, souvent humoristique ou ironique, aux demandes de « boîte à outils clés en main ». Elles ne sont pas toutes égales en qualité malheureusement, mais deux d’entre elles m’ont fait ricaner.


J’avoue ne pas avoir trop exprimé à quel point ce sujet me tient à coeur (ceci dit, ça doit se voir un peu avec certaines personnes que j’admire). J’espère vous avoir donné envie de les lire en tout cas ! Je pense que c’est un sujet très important, surtout dans notre époque bien sombre sur cette question.

J’espère que ces lectures vous apporteront quelque chose ! (oui, c’est plus fourni et intéressant que ce que j’ai écrit)

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