
A la base, je tournais autour de sa première sortie en grand format mais je n’étais pas convaincue que je voulais payer ce prix-là (ce n’est pas une question de radinerie mais de pragmatisme – bon, un peu, si). Je l’ai donc en poche et par rapport au contenu, ça me satisfait.
Ce livre concentre donc des informations, principalement statistiques (et sourcées), sur l’évolution des droits des femmes en Asie, sur leur situation. Tout d’abord, l’ouvrage commence par un état des lieux général (niveau santé, éducation, politique), un peu comme une sorte d’introduction, puis parle de leur présence sur ce continent.
Il va forcément être question dans ce chapitre du fait que certains pays, comme la Chine et l’Inde, privilégient les foetus, bébés et enfants garçons et que ça crée un fossé dans le ratio filles/garçons naturel en faveur de ces derniers. Mais cela créera des problèmes sociaux dont on ne connaît pas encore l’étendue, bien qu’on perçoive déjà quelques dégâts : certains hommes vont acheter leurs femmes dans des pays étrangers. Je vous laisse imaginer les conditions… Et puis la dot, toujours présente dans certains pays, est une malédiction pour bon nombre de familles qui doivent payer. Du coup, quelle est la solution ? Avoir un garçon ! Et puis l’héritage, tout ça… Et même quand la dot n’existe plus, la tradition patriarcale est très forte…
D’ailleurs, c’est souvent à cause de celle-ci que, malgré les avancées légales, ça n’avance pas dans la pratique…
Le troisième chapitre s’attaque à la place des filles dans l’éducation. Comme pour beaucoup de choses, cela varie selon les pays et on voit aussi que ce n’est pas parce que leur place progresse dans ce domaine-là que cela se reflète pareil dans le monde du travail (oh mais dis donc, c’est pareil chez nous ça, en moins pire certes, mais quand même, et on vient donner des leçons après !). On voit d’ailleurs au fur et à mesure de la lecture que le niveau de richesse d’un pays ne signifie pas que le niveau d’égalité homme-femme va suivre (coucou le Japon).
Les préjugés comme quoi les femmes devraient rester à la maison pour s’occuper du foyer et des enfants sont coriaces, et dans des pays plus pauvres où l’éducation n’est pas accessible et gratuite, celle des filles ne paraît absolument pas être nécessaire pour diverses raisons.
Le chapitre 4 aborde la question de la famille mais selon moi, cela réunit aussi des problématiques liées aux deux chapitres précédents. Tout d’abord, cette partie va énoncer le fait que la famille nucléaire comme on la connaît dans l’ère contemporaine occidentale n’existait pas avant, et qu’elle n’existe pas encore partout. Cela cause quelques interrogations et difficultés car maintenant, tout est fait pour valoriser la famille nucléaire et non la famille élargie.
Quels sont donc les points qu’on peut relier avec les sujets antérieurs ? Certaines questions derrière le mariage, je ne vais rien dévoiler mais la question est : est-ce que l’émancipation des femmes est compatible avec la structure de notre société patriarcale ? Question stupide ? Hé ben tant mieux si vous pouvez y répondre alors.
Dans une des dernières parties, l’autrice aborde la place des femmes au travail, situation qui est contrastée partout (d’ailleurs, vous verrez en lisant ce livre que c’est le cas pour tout). Le seul truc de certain, c’est que les femmes ne se bousculent pas au portillon des postes les plus élevés (l’autrice parle de « plafond de bambou », ça doit être notre plafond de verre en Occident), et que même quand il y en a quelques-unes, il y a des raisons particulières à ça (riche héritière par exemple). En tout cas, mettre des femmes à l’écart contribue à continuer à les fragiliser, notamment financièrement.
Cette phrase vaut aussi pour l’avant-dernier chapitre qui évoque la place des femmes en politique. Qu’est-ce qu’on se marre dis donc… C’est un peu comme chez nous, ça veut parfois faire semblant, donc ça ne monte pas très haut. Et certains pays ne sont pas du genre à faire illusion (coucou le Japon, encore une nouvelle preuve que la richesse d’un pays ne veut rien dire pour l’égalité homme-femme si la culture patriarcale est particulièrement forte).
Que se passe-t-il dans le dernier chapitre ? On y parle de migrations et de traite des femmes. D’esclavagisme sexuel. De l’influence des guerres sur ces pays. Du colonialisme. Que de sujets bien gais. Vous avez hâte, hein ?
J’avais vu une critique sur ce livre et je ne suis pas d’accord avec elle (ne croyez pas que j’ai pas un reproche à faire mais ce sera pour après). Il n’y aurait pas assez d’analyses… mais ce n’est pas le but de ce livre en fait. Non seulement c’est court, alors paye tes observations, il y a beaucoup de statistiques (parfois sous forme de tableaux, ça aère, c’est cool) dans ce livre et en gros, c’est plus une constatation des faits qu’autre chose (même si l’autrice n’est pas dupe sur certaines choses selon moi).
Bon, balance ce que tu as à dire maintenant. Ola, soyez poli·es, je vous prie. L’autrice parle de l’Asie de l’Est, de l’Asie du Sud-Est, de l’Asie du Sud… et où est l’Asie de l’Ouest ? Peut-être que c’était difficile de recueillir des informations dessus, que les pays du Moyen-Orient (puisqu’il s’agit d’eux) auraient peut-être menti sur leurs statistiques (je soupçonne déjà certains pays étudiés d’enjoliver les choses mais je compte sur l’autrice pour tempérer ce qu’il faut). Je ne sais pas quelles difficultés auraient pu avoir lieu mais j’aurais aimé une mise au point dans l’introduction.
Quant à l’absence de la Russie, on peut aisément deviner pourquoi : c’est un pays immense présent sur deux continents à la fois. Limite il faudrait un livre entier pour parler d’elle.
Un livre que j’ai apprécié lire mais ne commencez pas à en attendre monts et merveilles. Il est ce qu’il est, je l’avais déjà deviné en le voyant : une observation des faits qui ne vous prend pas pour des abruti·es non plus (cet essai ne vous laissera pas livré·es à vous-mêmes mais il n’y aura pas d’explication de texte super complexe non plus). On voit que, malgré les avancées et des améliorations indéniables, la force du patriarcat est toujours là pour freiner les choses, voire faire des pas en arrière.