Aujourd’hui, je vous présente deux ouvrages qui expliquent le racisme en-dehors des clichés qu’on entend sans arrêt à la télé ou à la radio. Ce qui est difficile, c’est de trouver des ouvrages qui ne comportent pas un point de vue américain : le racisme aux États-Unis, on connaît ! Il paraît qu’il n’y aurait que dans ce pays qu’il y en aurait de toute façon (lol non). L’actualité française aime en parler, sûrement parce que ça permet de se voiler la face sur nos propres problèmes… Ahem.

Le contexte ne sera français qu’avec un livre. L’autre est britannique. Dans le cas de ces deux pays, les responsables essaient de mettre le racisme sous le tapis et leurs yeux accusateurs se tournent opportunément vers les États-Unis.
Mais les deux ouvrages que je vais vous présenter remettent les pendules à l’heure, et de façon accessible ! Si vous vous y connaissez sur le sujet, ça peut être de bonnes idées cadeau !

D’abord, on va commencer avec Kiffe ta race de Rokhaya Diallo et Grace Ly, le point de vue français. (créé grâce au podcast du même nom mais ce livre ne se base pas essentiellement dessus)
L’avant-propos est important : il parle de nommer le racisme pour le déconstruire. Ah tiens, je croyais qu’il ne fallait pas être « communautariste » ? D’ailleurs, cet argument aura sa réponse plus tard dans le livre.
Tout d’abord, on y trouve cinq parties : « Je ne comprends pas : la race, ça existe ou pas ? », « Les racistes ne sont pas (seulement) des méchantes », « On ne peut pas changer le passé », « Le talent n’a pas de couleur » et « Ne vous trompez pas de combat ».
Bien sûr, avec les noms des parties, vous vous doutez bien de quoi il peut être question. Mais dans chaque partie, dont vous trouvez le détail dans la table des matières à la fin du livre (je le précise car au début, on n’a que les noms des parties et que j’ai été frustrée pendant un moment), on trouve plusieurs chapitres.
Les autrices expliquent ce que c’est la race (non, ce n’est pas biologique, ce n’est pas de ça dont parlent les militants antiracistes), la blanchité, le problème de la colour-blindness (le fait de « ne pas voir les couleurs »), de l’universalisme, de la réalité derrière les Lumières, mais pas que. Ce livre foisonne pas mal de sujets, alors si vous ne vous y connaissez pas bien, vous risquez de ne pas le finir avant quelques jours histoire de bien le digérer. Pour les autres, ça peut donner des billes pour répondre dans des discussions.
Elles vont aussi parler de l’apparence des personnes racisées qui doit se rapprocher le plus possible des standards blancs (sinon, vous êtes moches), des « goûts et des couleurs » pour sortir ou non avec une personne racisée qui sont bien plus déterminés qu’on ne le croit. Elles vont aussi abattre les idées reçues sur « le passé, c’est juste le passé » : bah non, en fait, ça a encore son influence et ses conséquences aujourd’hui, c’est bête de ne pas pouvoir nier la réalité des autres comme ça !
« Et le racisme anti-blanc alors ? » Vous êtes prêt·e·s à avoir un autre avis que les pseudo-experts de la télé qui n’y connaissent rien ? Pareil pour l’appropriation culturelle et l’intersectionnalité ! Vous n’y comprenez rien ? Ce livre est pour vous !
Bref, je ne suis pas exhaustive, ce livre est rempli d’informations utiles, et même les contre-arguments aux arguments sont présents (« Je suis pauvre, je ne peux pas avoir de privilèges »).

Passons au Royaume-Uni avec l’ouvrage de Reni Eddo-Lodge.
Celui-ci est différent, et ça se remarque d’abord par sa structure. Le racisme est un problème de Blancs est beaucoup plus linéaire alors que Kiffe ta race est plus aéré, coloré, le plan est plus préparé. Attention, bien qu’ils soient différents sur ce point, le livre de Reni Eddo-Lodge a aussi ses avantages.
Tout d’abord, l’autrice aborde des faits historiques. En tant que lectrice française, j’étais un peu curieuse et j’ai appris des choses. Et même dans le monde plus contemporain, la continuité du racisme est là. Et le reniement de cette histoire se fait en silence, comme en France.
Je ne pense pas être un cas isolé. Le fait d’avoir dû fouiller dans les recoins de l’histoire des Noirs en Grande-Bretagne pour trouver trace de tels incidents [racistes] me pousse à croire que j’ai été délibérément maintenue dans l’ignorance. Alors que l’histoire des Noirs dans ce pays est passée sous silence, la lutte contre le racisme aux États-Unis est présenté comme LE combat universel contre le racisme dont nous devrions nous inspirer, reléguant ainsi l’histoire des Noirs au Royaume-Uni au second plan, à tel point que nous finissons par nous convaincre que la société britannique n’a jamais eu de problème de racisme.
Car il s’agit bien évidemment d’un système. Alors les personnes qui parlent encore de leur responsabilité individuelle, vous n’avez rien compris. Le racisme est ancré partout dans la société, dans notre éducation, nos institutions, etc. Elle va bien entendu aussi expliquer l’intersectionnalité.
Mais ce qui m’avait le plus marqué, son analyse est vraiment top là-dessus, c’est quand elle parle de blanchité. Du privilège blanc. Que les personnes blanches ne s’en rendent pas compte, ne supportent pas les critiques et montent sur leurs grand chevaux. Elle a raison ! Elle est quand même sympa dans son livre mais peu des critiques négatives l’ont réellement lu et s’attardent sur le titre « provocateur ». Ça se voit que vous n’avez rien lu, les gens, vos arguments sont démontés dans son ouvrage.
Tout ceci est relié à une peur raciste des personnes blanches : la peur d’une planète noire. Ça explique pas mal de levée de boucliers face aux demandes d’accueil décent des personnes immigrées. Et quand on voit la vacuité des arguments sensés être les plus fiables, on voit la nature du reste : raciiisme. Bref, vous trouvez cela ridicule ? Pas tout le monde, loin de là… L’autrice y répond aussi (quelle patience quand même).
Bref, je m’y connaissais déjà personnellement sur le sujet mais ça fait quand même du bien, comme pour Race de Sarah Mazouz, de savoir qu’on a des livres sur lesquels revenir si jamais on a des doutes ou qu’on veut fortifier nos arguments antiracistes (souvent face à des personnes blanches plus que prêtes à hausser le ton pour asséner leur raisonnement – je suis déjà trop sympa d’utiliser ce terme)
Et comme je le disais en début d’article : de bonnes idées cadeau !
Kiffe ta race a l’air d’être une bonne lecture à faire ! Je vais l’ajouter à ma wishlist de ce pas, merci pour ces recommandations ! 🙂
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De rien !
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