Cet article-là va être particulier comparé au premier car je vais parler d’une seule personne, un sportif, j’ai pas mal de réflexions à son sujet.
J’admire Rafael Nadal depuis 2005, depuis un peu avant sa première victoire à Roland Garros. Je l’ai vu pour la première fois au troisième tour de ce même tournoi contre le joueur français Richard Gasquet. Le patriotisme aurait dû logiquement me guider vers ce dernier mais Rafael Nadal m’a subjugué. C’est grâce à lui que je me suis intéressée au tennis. J’avais tous les Tennis Magazine sur lui à l’époque (ou presque, il ne faut pas oublier que je ne roulais – et ne roule toujours pas – sur l’or). J’avais quatre posters de lui sur le mur de ma chambre, vraiment, je l’adorais. J’ai aussi son autobiographie… Comment ça, je suis allée trop loin ?
Sa détermination surtout me plaisait, m’émouvait aux larmes. Malgré les critiques, il ne s’est jamais laissé décourager. Ma fan-attitude n’a jamais flétri non plus… Et il a été capable d’adapter son style de jeu au fil des années. Vraiment un grand champion.
Avant, je ne pense pas que j’aurais été capable de recul sur lui. Même si, aujourd’hui, je pousse toujours des « kyaaa » devant la télé quand je le vois (on ne juge pas), je peux plus finement analyser certaines choses. Je reste une fan mais je ne suis pas aveugle.
Un truc sur lequel je n’ai pas eu besoin de prise de distance : sa langue de bois. Même moi, ça m’agace. Il ne dit jamais clairement ce qu’il pense d’un sujet problématique, et il ne dit jamais un mot plus haut que l’autre sur ses matchs, ses adversaires (bon, ça lui est déjà arrivé mais c’est rare). Ça doit pas mal agacer les journalistes aussi. L’attaché de presse du joueur peut être fier de lui, il l’a bien formé. Bon après, il est assez timide (oui, je sais, si vous ne connaissez pas bien le tennis, ça doit vous surprendre vu ce qu’on voit de lui sur le court). Ça doit très bien lui convenir de faire ça… Il n’aime pas le conflit et est assez sensible.
D’ailleurs, son caractère me plaît beaucoup aussi. Il est réservé, pas prétentieux. J’aime l’humilité dont il fait preuve. Je pense que son oncle et ancien entraîneur Toni Nadal a dû être assez dur et le faire régulièrement revenir sur terre. En parlant de lui…
Son oncle a parfois tenu des propos sexistes, je n’ai jamais vu Rafael Nadal revenir dessus. Et de ce que je vois de son entourage proche, ça a l’air très masculin. Mais au moins, il aime cuisiner, il n’y a pas tellement d’hommes qui aiment cuisiner malgré le fait que j’en vois de plus en plus. Il a l’air assez proche de son entourage féminin. On va dire que ça compense…
Un jour, si on me dit qu’il est accusé de dopage, je vais être très déçue (mais pas étonnée). Mais je ne vais pas nier en bloc. A ce moment-là, je vais le cancel, comme on dit.
Mais il a été une énorme partie de moi pendant de nombreuses années. Le choc sera quand même rude. Ne vous attendez pas à ce que je balance des insultes, de sales commentaires. Je me draperais sûrement dans le silence. Il faudra un peu me respecter.
Et n’oubliez pas que si, lui, est dopé, vos chouchous Federer (je l’aime bien) et Djokovic (j’avoue, je ne l’aime pas) aussi. Je ne dis pas ça pour être méchante, mais ils ont pu, surtout pour ce dernier, combattre contre lui à armes égales, et pas qu’eux d’ailleurs. Leurs performances sont donc louches aussi. Attention aux remarques de merde, la réplique risque d’être sèche de mon côté.
Bref, tout ça pour dire que mon admiration pour lui n’est pas aveugle. Pareil pour les personnes dont j’ai parlé dans le premier article. Surtout quand iels sont vivant·e·s (cf ma déception avec Svetlana Alexievitch). Pour moi, l’admiration pour quelqu’un est dangereuse si elle ne reconnaît aucune critique. Il y en a toujours de pertinentes. Elleux aussi sont humain·e·s. Iels font aussi des erreurs, comme vous, mais pas de là à minimiser ce qu’iels font, surtout si c’est grave. « Ça va, tout le monde fait des erreurs » Mais ça dépend lesquelles. Par contre, c’est sa présence qui m’empêche de boycotter Roland Garros à la télé (pas en tribunes, j’y suis jamais allée, ça coûte la peau des fesses de toute façon) donc je sais quand même qu’il a une influence sur moi, même minime.
En tant qu’anarchiste, je pense qu’on peut admirer des personnes sans devoir leur donner le bon dieu sans confession. Comme on dit : « Ni dieu, ni maître ». Votre réflexion n’a pas à être amputée par votre admiration pour quelqu’un. En plus, ça peut bouger, surtout avec des personnes vivantes, comme c’est le cas ici.
Donc mettez de l’eau dans votre vin.
(et on me dit parfois que c’est parce que je trouve Rafael Nadal beau, mais si on se réfère au premier match que j’ai vu de lui, Richard Gasquet se rapprochait plus de mes goûts. Si vous voulez voir LE joueur que je trouve canon, regardez Ernests Gulbis)
Qu’en pensez-vous ? Quel est votre rapport à ça ?
La tournée de livres 
Je trouve que c’est un sujet très intéressant, pour m’être moi-meme énormément questionné sur le sujet. Je viens de loin puisque j’ai été dans un mood à admirer des gens quand j’étais plus jeune, notamment Tom Cruise (on ne juge pas) dont j’étais vraiment un fan très très hardcore. J’en suis revenu, même si j’apprécie toujours l’acteur exigent qu’il est.
Mais j’ai de plus en plus de mal avec cette idée même, qui contribue selon moi à mettre sur un piédestal des gens qui viennent de milieux malsain, et dont je pense qu’au fond, ils sont une représentation (comprendre par là que j’ai du mal à imaginer qu’ils ne soient pas eux-même des gens peu recommandables).
Je continue d’avoir une vision de mes passions très « author-oriented », qui fait que j’admire le travail de tel cinéaste, tel auteur, etc… mais j’essaie de conserver du recul sur les individus malgré cela.
Est-ce que j’y arrive pleinement, je ne sais pas, mais c’est un sujet auquel je réfléchis vraiment constamment.
PS : j’adore cuisiner, tu n’imagines même pas à quel point ! Pour le coup si j’avais plus de temps je pense que ce serait une grosse passion.
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Je ne te juge pas pour Tom Cruise, je connais quelqu’un qui l’adorait.
Ce que tu dis est intéressant et se rapproche de quelque chose qu’on m’a dit sur un réseau social : on ne peut admirer quelqu’un à 100%, c’est impossible, on peut admirer un ou plusieurs trucs chez la personne, mais pas sa personne entière. C’est pas faux : je me rends compte que c’est mon cas avec Albert Camus. J’admire certaines choses chez lui mais quand il parle des femmes, mon dieu… xD
PS : Ah ben dis donc, alors que moi je déteste ça ! (comme quoi, l’essentialisme de ce genre de tâches, hein, pouet pouet)
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J’admire quand même ma femme à 100% je pense, pour le reste de l’humanité, je pense que non en effet.
(J’aime cuisiner aussi parce que j’aime manger, du coup c’est une satisfaction supplémentaire de manger un truc bon que tu as fait. Mais je suis pas trop doué pour les desserts je trouve)
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(ah ben justement, j’aime pas manger, je suis très difficile, ça doit jouer, en effet. Tu n’es pas douée pour les desserts ? 😮 Scandale, c’est le truc qui fait le plus plaisir en plus)
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