Bilan lectures #69 – avril 2023

Bon, ce mois-ci a été encore un peu compliqué niveau santé mais j’avais plus souvent des éclaircies, donc même si j’ai pas lu beaucoup de livres, j’ai lu des essais importants ! Et j’ai même fait un effort : je les ai tous chroniqué !

Donc le récapitulatif, si vous suivez le blog, ne vous étonnera pas !

La domination policière (Mathieu Rigouste) Lire la chronique

Un essai (pas très accessible par contre) qui explique ce qu’est la police et le systémisme de ses fameuses bourdes et maladresses qui n’en sont pas. Le racisme est aussi partie intégrante du fonctionnement de la police. Je vous le conseille si c’est pas le premier essai que vous lisez (ni même le deuxième).

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Éloge du ver de terre n°2, de Christophe Gatineau

Résumé

Quel meilleur symbole que le ver de terre pour questionner l’avenir de notre planète et le devenir de l’humanité ?

On oublie un peu vite que, selon notre régime alimentaire, 95 à 100 % de notre alimentation provient de là où ils habitent ! Après le succès du l’Éloge du ver de terre 1 sorti en 2018 chez Flammarion, la suite avec de nouvelles révélations sur cette armée de l’ombre qui prépare tous les jours nos repas de demain !

Les réponses aux questions que vous vous posez : sont-ils la 1re masse animale terrestre ? (non) Pondent-ils des œufs ? (oui) Donnent-ils du goût aux légumes ? (joker) Comment rajeunissent-ils les sols ? Que font-ils sur les routes ? Un monde sans vers de terre est-il possible ? Etc.

Bienvenue dans le monde extraordinaire des ingénieurs du sol, ces créatures fascinantes et ô combien secrètes qui jouent un rôle majeur dans l’écosystème de la Terre.

Chronique

Après le livre n°1 sorti en 2018 chez Flammarion (oui ben faut suivre un peu), voici le n°2, édité cette fois par l’association Le Jardin Vivant en 2023.

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Gazer, mutiler, soumettre, de Paul Rocher

Résumé

Nuages lacrymogènes, grenades de désencerclement, LBD 40… Des ZADs aux campus, des quartiers populaires aux cortèges syndicaux, manifester en France expose aujourd’hui à la violence des armes non létales. Les forces de l’ordre dégainent à la moindre occasion et la liste des blessés et mutilés s’allonge de mois en mois. Que signale cette escalade ?

Face à ce qu’il perçoit comme une crise du maintien de l’ordre, l’État attise la brutalité de sa police en la dotant d’un arsenal militaire toujours plus puissant et fourni – au grand bonheur des marchands d’armes. Démontant la rhétorique humanitaire de ses défenseurs, Paul Rocher montre que le recours massif aux armes non létales est la marque d’un étatisme autoritaire de plus en plus intolérant à toute contestation dans une période de recul social majeur. Conçues comme des armes « défensives », elles forment dans la pratique l’artillerie de l’offensive néolibérale en cours, rappelant, à quiconque entreprend d’y résister, la nécessité de l’autodéfense populaire.

Chronique

J’ai trouvé ce livre complémentaire par rapport à La domination policière dont je vous ai parlé plus tôt. Si celui-ci parle un peu des armes non-létales utilisées par les forces de l’ordre, Paul Rocher les décrit dans son essai ainsi que leurs utilisations officielles et officieuses.

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La domination policière, de Mathieu Rigouste

Résumé

La violence policière n’a rien d’accidentel, elle est rationnellement produite et régulée par le dispositif étatique. La théorie et les pratiques de la police française sont profondément enracinées dans le système colonial : on verra dans ce livre qu’entre les brigades nord-africaines dans les bidonvilles de l’entre-deux-guerres et les brigades anticriminalité (les BAC) dans les « cités » actuelles, une même mécanique se reproduit en se restructurant. Il s’agit toujours de maintenir l’ordre chez les colonisés de l’intérieur; de contenir- les territoires du socio-apartheid. Le développement des armes « non létales » – Flash Ball, Taser… – propulse aussi une véritable industrie privée de la coercition. Rigouste montre comment l’expansion du marché international de la violence encadre la diffusion des doctrines de la contre-insurrection et permet de les appliquer à l’intérieur des métropoles impériales. Cette enquête, fondée sur l’observation des techniques et des pratiques d’encadrement et de ségrégation depuis ceux qui les subissent et les combattent, montre comment est assurée la domination policière des indésirables, des misérables et des insoumis en France.

Chronique

(je parle de la première édition, pas de celle augmentée)

On croit savoir des choses sur la police, genre les gardiens de la paix, là pour nous aider, etc… Alors, quand on est féministe, on sait déjà que c’est pas vrai, et effectivement avec les femmes, c’est pas glorieux du tout, confirmation de l’auteur du livre. Et dans son essai, il montre historiquement d’où vient la police d’aujourd’hui.

La violence policière dans le cadre de la réforme des retraites et de la lutte contre les méga-bassines vous choque ? Ça vous avait déjà fait lever un sourcil pour le mouvement des gilets jaunes ? Mais ça a toujours été comme ça… Mais pas pour les personnes blanches au tout début.

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Bilan lectures #68 – mars 2023

J’ai pu un peu plus lire, donc plus de lectures que le mois dernier, même si ça reste majoritairement des petits livres. Vous aurez plus de choses à vous mettre sous la dent avec celui-ci.

Donc voici mes petites lectures !

Défaite des maîtres et possesseurs (Vincent Message)

Je vous avoue que le début de la lecture de ce roman était mal parti. Des généralisations sur l’espèce humaine m’avaient un peu tendues mais je pouvais passer outre. Après, je suis tombée sur un passage que j’ai trouvé super raciste et j’hésitais entre l’opinion du personnage seule ou si elle était aussi partagée par son auteur. Après quelques discussions sur Instagram, j’ai choisi de continuer, et j’ai bien fait car la deuxième partie du livre est quand même meilleure que la première. La première, je l’ai parfois trouvé maladroite dans son installation du contexte et de la nouvelle espèce qui domine les humains, et qui ressemble énormément à cette dernière d’ailleurs. On me dira que c’est pas important vu l’intention de l’auteur avec son roman mais j’aurais aimé qu’on développe plus leurs différences car dans leur organisation, leurs défauts, on croirait que ce sont juste des humains un peu plus forts. Bref, je trouve que l’effort d’imagination est un peu nul. Et puis en tant que convaincue (cette histoire ne s’adresse pas à moi), je m’attendais à mieux. Mais comme ce serait plus adapté pour les personnes carnistes sceptiques… La deuxième partie est plus intéressante car elle soulève de très bonnes questions au niveau éthique, et pas forcément en mode bisounours. J’ai apprécié la lire, c’était mieux écrit, mieux fait. Un roman qui ne restera pas dans mes annales mais qui a son intérêt.

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Une affaire personnelle, de Kenzaburô Ôe

Résumé

Empreint d’une étrange violence intérieure, Une affaire personnelle est un roman cruel et douloureux : Bird, le héros de cette bouleversante histoire, a vingt-sept ans et son épouse vient de mettre au monde un enfant anormal. Déchiré par des sentiments contradictoires, dont l’immense tentation de se débarrasser du nouveau-né, le jeune père ira-t-il jusqu’à tuer de ses mains le bébé monstrueux ?
Durant trois longues journées, Bird cherchera en vain dans l’alcool et les bras d’une possible « complice » la force de mener à son terme sa fuite en avant…

Chronique

Vous l’avez lu au-dessus : Bird, le père, le personnage principal, va voir son bébé à la maternité, sa femme vient juste d’accoucher. Il a une grosseur anormale à la tête, on dit d’abord qu’il a une hernie cérébrale, comme deux têtes à la place d’une (c’est expliqué grossièrement, c’est pas ça du tout, mais ça participe à sa qualification validiste de « monstre »). Les professionnels de la clinique sont clairement dramatiques et validistes comme des soignants ne devraient pas l’être : et vas-y que ça dit que ce serait mieux que le bébé meurt… Bird ne répond rien mais ses pensées le guident vers la même conclusion… Et vas-y qu’ils te parlent de l’autopsier quand il sera mort parce que c’est rare… Et ils osent dire ça devant le père, normal !

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Bilan lectures #67 – février 2023

Salut ! Très fatiguée en ce moment, donc le bilan est en retard aussi. Je sais pas si je vous parlerai de mes problèmes de santé, et si je le fais ici ou sur mon blog perso que j’ai abandonné depuis presque 3 ans (ahem).

Petit bilan mais avec mes problèmes de concentration, je fais ce que je peux. Je vous laisse regarder !

Les temps retrouvés, tome 1 et 2 (Kei Fujii et Cocoro Hirai)

Ippei, un homme âgé, rencontre Kotoko, une femme dans ses âges, nouvelle membre du club de musique de la maison de retraite. Ils finissent par se balader ensemble, ils apprennent à se connaître, partagent ensemble le sentiment de perte de leur ancien conjoint, et tombent amoureux l’un de l’autre. Je vous laisse imaginer qu’iels seront leurs propres obstacles à cet amour (notamment pour se marier) mais des membres de leur famille aussi… C’est très délicat, vraiment mignon, c’est émouvant. J’ai apprécié de lire ces BDs. Les planches sont toutes en couleur, ce qui est rare pour un manga (on en a quelques-unes d’habitude mais c’est tout) et le sens de lecture est de gauche à droite, comme en français, ce qui les rend plus accessibles. Cette histoire fait réfléchir sur notre conception des personnes âgées, de leurs sentiments, de leur vie, c’est très intelligent.

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Deux livres sur la violence militante

J’ai lu deux livres sur l’improductivité du pacifisme seul érigé en seule méthode qui fonctionnerait (alors que…).

Comment la non-violence protège l’État, de Peter Gelderloos

Le premier est écrit par un philosophe et militant libertaire. Il est accessible sur le fond mais moins sur la forme ! Pas qu’il soit difficile à lire mais le ton n’est pas toujours très sympathique, on sent la rancœur du militant envers les pacifistes purs et durs.

Vu ce qu’il dit, ce qu’il démontre, on peut comprendre la frustration. On y trouve un avant-propos de Nicolas Casaux (c’était clairement pas obligé, ça) et une préface très intéressante de Francis Dupuis-Déri (un super mec, celui-là).

Ensuite, on a le développement de l’auteur qui explique les grosses faiblesses du pacifisme qui serait la seule et unique solution, la plus acceptable. Ben écoutez… Allez dire aux personnes racisées, aux femmes et autres minorités de tendre la joue éternellement, on va bien rigoler. Le manque de respect, les violences physiques, aucun problème pour certain·e·s à les tempérer vu qu’iels ne les vivent pas.

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Les personnes que j’admire #2

Cet article-là va être particulier comparé au premier car je vais parler d’une seule personne, un sportif, j’ai pas mal de réflexions à son sujet.

J’admire Rafael Nadal depuis 2005, depuis un peu avant sa première victoire à Roland Garros. Je l’ai vu pour la première fois au troisième tour de ce même tournoi contre le joueur français Richard Gasquet. Le patriotisme aurait dû logiquement me guider vers ce dernier mais Rafael Nadal m’a subjugué. C’est grâce à lui que je me suis intéressée au tennis. J’avais tous les Tennis Magazine sur lui à l’époque (ou presque, il ne faut pas oublier que je ne roulais – et ne roule toujours pas – sur l’or). J’avais quatre posters de lui sur le mur de ma chambre, vraiment, je l’adorais. J’ai aussi son autobiographie… Comment ça, je suis allée trop loin ?

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L’empire du malheur, de Jonathan Sadowsky

Sous-titre : Une histoire de la dépression

Résumé

Des millions de personnes doivent vivre au quotidien avec la dépression. Mais si cette maladie est désormais couramment diagnostiquée, elle suscite toujours de vives interrogations : comment la distinguer de la simple tristesse ? S’agit-il d’une affection liée au mode de vie moderne ou « occidental » ? Les causes en sont-elles biologiques, psychologiques, ou sociales ? Et comment la traiter ?

Dans L’Empire du malheur, Jonathan Sadowsky propose une mise au point essentielle sur cette forme aussi répandue que méconnue de détresse psychique. Il retrace à cette fin la longue histoire de la dépression et des réponses qui lui ont été apportées : l’apparition de ses différents avatars (comme la célèbre mélancolie), la naissance de la psychanalyse et des psychothérapies, le développement des diagnostics de dépression dans la période de l’après-guerre, et enfin l’essor, à partir des années 1980, de médicaments comme le Prozac. Au fil d’une analyse qui convoque aussi bien les traités médicaux que les récits biographiques, il souligne la dimension fortement inégalitaire de cette maladie. Et démonte une à une les approches qui, par dogmatisme, en viennent à négliger la souffrance qu’elle produit.

Chronique

Mon premier coup de cœur de l’année 2023. Il ne sera probablement pas le meilleur mais alors, quelle lecture ! J’ai appris plein de choses, d’autres m’ont surprise et m’ont fait revoir mon jugement.

L’auteur parle de ce qu’a été la dépression au cours de l’histoire (et sous un ancien nom, la mélancolie), de comment elle a été considérée (plus comme une maladie pour les femmes que pour les hommes, qui est surpris·e ?), quelles étaient ses symptômes supposés et les moyens de la soigner. D’ailleurs, sur ce dernier point, c’était souvent n’importe quoi selon moi… Les conseils de « faut manger ceci, pas cela » ne datent pas de notre civilisation contemporaine et étaient tellement pléthore que cela aurait presque pu être interprété comme « Ne mangez plus rien car tout est potentiellement dangereux ».

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