Éloge du ver de terre n°2, de Christophe Gatineau

Résumé

Quel meilleur symbole que le ver de terre pour questionner l’avenir de notre planète et le devenir de l’humanité ?

On oublie un peu vite que, selon notre régime alimentaire, 95 à 100 % de notre alimentation provient de là où ils habitent ! Après le succès du l’Éloge du ver de terre 1 sorti en 2018 chez Flammarion, la suite avec de nouvelles révélations sur cette armée de l’ombre qui prépare tous les jours nos repas de demain !

Les réponses aux questions que vous vous posez : sont-ils la 1re masse animale terrestre ? (non) Pondent-ils des œufs ? (oui) Donnent-ils du goût aux légumes ? (joker) Comment rajeunissent-ils les sols ? Que font-ils sur les routes ? Un monde sans vers de terre est-il possible ? Etc.

Bienvenue dans le monde extraordinaire des ingénieurs du sol, ces créatures fascinantes et ô combien secrètes qui jouent un rôle majeur dans l’écosystème de la Terre.

Chronique

Après le livre n°1 sorti en 2018 chez Flammarion (oui ben faut suivre un peu), voici le n°2, édité cette fois par l’association Le Jardin Vivant en 2023.

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Gazer, mutiler, soumettre, de Paul Rocher

Résumé

Nuages lacrymogènes, grenades de désencerclement, LBD 40… Des ZADs aux campus, des quartiers populaires aux cortèges syndicaux, manifester en France expose aujourd’hui à la violence des armes non létales. Les forces de l’ordre dégainent à la moindre occasion et la liste des blessés et mutilés s’allonge de mois en mois. Que signale cette escalade ?

Face à ce qu’il perçoit comme une crise du maintien de l’ordre, l’État attise la brutalité de sa police en la dotant d’un arsenal militaire toujours plus puissant et fourni – au grand bonheur des marchands d’armes. Démontant la rhétorique humanitaire de ses défenseurs, Paul Rocher montre que le recours massif aux armes non létales est la marque d’un étatisme autoritaire de plus en plus intolérant à toute contestation dans une période de recul social majeur. Conçues comme des armes « défensives », elles forment dans la pratique l’artillerie de l’offensive néolibérale en cours, rappelant, à quiconque entreprend d’y résister, la nécessité de l’autodéfense populaire.

Chronique

J’ai trouvé ce livre complémentaire par rapport à La domination policière dont je vous ai parlé plus tôt. Si celui-ci parle un peu des armes non-létales utilisées par les forces de l’ordre, Paul Rocher les décrit dans son essai ainsi que leurs utilisations officielles et officieuses.

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La domination policière, de Mathieu Rigouste

Résumé

La violence policière n’a rien d’accidentel, elle est rationnellement produite et régulée par le dispositif étatique. La théorie et les pratiques de la police française sont profondément enracinées dans le système colonial : on verra dans ce livre qu’entre les brigades nord-africaines dans les bidonvilles de l’entre-deux-guerres et les brigades anticriminalité (les BAC) dans les « cités » actuelles, une même mécanique se reproduit en se restructurant. Il s’agit toujours de maintenir l’ordre chez les colonisés de l’intérieur; de contenir- les territoires du socio-apartheid. Le développement des armes « non létales » – Flash Ball, Taser… – propulse aussi une véritable industrie privée de la coercition. Rigouste montre comment l’expansion du marché international de la violence encadre la diffusion des doctrines de la contre-insurrection et permet de les appliquer à l’intérieur des métropoles impériales. Cette enquête, fondée sur l’observation des techniques et des pratiques d’encadrement et de ségrégation depuis ceux qui les subissent et les combattent, montre comment est assurée la domination policière des indésirables, des misérables et des insoumis en France.

Chronique

(je parle de la première édition, pas de celle augmentée)

On croit savoir des choses sur la police, genre les gardiens de la paix, là pour nous aider, etc… Alors, quand on est féministe, on sait déjà que c’est pas vrai, et effectivement avec les femmes, c’est pas glorieux du tout, confirmation de l’auteur du livre. Et dans son essai, il montre historiquement d’où vient la police d’aujourd’hui.

La violence policière dans le cadre de la réforme des retraites et de la lutte contre les méga-bassines vous choque ? Ça vous avait déjà fait lever un sourcil pour le mouvement des gilets jaunes ? Mais ça a toujours été comme ça… Mais pas pour les personnes blanches au tout début.

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Une affaire personnelle, de Kenzaburô Ôe

Résumé

Empreint d’une étrange violence intérieure, Une affaire personnelle est un roman cruel et douloureux : Bird, le héros de cette bouleversante histoire, a vingt-sept ans et son épouse vient de mettre au monde un enfant anormal. Déchiré par des sentiments contradictoires, dont l’immense tentation de se débarrasser du nouveau-né, le jeune père ira-t-il jusqu’à tuer de ses mains le bébé monstrueux ?
Durant trois longues journées, Bird cherchera en vain dans l’alcool et les bras d’une possible « complice » la force de mener à son terme sa fuite en avant…

Chronique

Vous l’avez lu au-dessus : Bird, le père, le personnage principal, va voir son bébé à la maternité, sa femme vient juste d’accoucher. Il a une grosseur anormale à la tête, on dit d’abord qu’il a une hernie cérébrale, comme deux têtes à la place d’une (c’est expliqué grossièrement, c’est pas ça du tout, mais ça participe à sa qualification validiste de « monstre »). Les professionnels de la clinique sont clairement dramatiques et validistes comme des soignants ne devraient pas l’être : et vas-y que ça dit que ce serait mieux que le bébé meurt… Bird ne répond rien mais ses pensées le guident vers la même conclusion… Et vas-y qu’ils te parlent de l’autopsier quand il sera mort parce que c’est rare… Et ils osent dire ça devant le père, normal !

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Deux livres sur la violence militante

J’ai lu deux livres sur l’improductivité du pacifisme seul érigé en seule méthode qui fonctionnerait (alors que…).

Comment la non-violence protège l’État, de Peter Gelderloos

Le premier est écrit par un philosophe et militant libertaire. Il est accessible sur le fond mais moins sur la forme ! Pas qu’il soit difficile à lire mais le ton n’est pas toujours très sympathique, on sent la rancœur du militant envers les pacifistes purs et durs.

Vu ce qu’il dit, ce qu’il démontre, on peut comprendre la frustration. On y trouve un avant-propos de Nicolas Casaux (c’était clairement pas obligé, ça) et une préface très intéressante de Francis Dupuis-Déri (un super mec, celui-là).

Ensuite, on a le développement de l’auteur qui explique les grosses faiblesses du pacifisme qui serait la seule et unique solution, la plus acceptable. Ben écoutez… Allez dire aux personnes racisées, aux femmes et autres minorités de tendre la joue éternellement, on va bien rigoler. Le manque de respect, les violences physiques, aucun problème pour certain·e·s à les tempérer vu qu’iels ne les vivent pas.

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Féminismes islamiques, de Zahra Ali – les livres féministes #37

Ceci est une relecture dans le cadre de mon deuxième mois relecture. Je l’avais lu pour la première fois en 2013, j’étais encore une petite conne islamophobe mais la différence avec les racistes purs et durs, c’est que je me posais des questions. Et en particulier sur le voile. Mon avis n’était pas arrêté tant que je n’en savais pas plus.

Hé bien… A part dans la conclusion à la fin du livre, ça ne parle jamais du voile, ce qui montre bien que ce n’est une problématique qu’en France (et qui date de la colonisation pour le point culture). Et ce dont ça a parlé de toute façon… Je n’avais pas besoin de propos plus spécifique. Comme je l’ai plus ou moins dit, j’avais des préjugés islamophobes et cet essai a mis les choses en ordre dans ma tête.

L’autrice y a compilé des textes et des entretiens avec des spécialistes (au féminin) de différents pays musulmans (y a pas que le Moyen-Orient dans la vie), l’Égypte et la Malaisie entre autres. Cela a commencé avec les bases de ce qu’est le féminisme islamique, qui n’est pas la même chose pour tout le monde. Certaines personnes pourraient s’en revendiquer mais ne le font pas car elles ont un problème pour se qualifier en ce terme.

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La part du sarrasin, de Magyd Cherfi

Résumé

Le bac en poche, Magyd dit Le Madge, plus entre deux chaises identitaires que jamais, et entre rock et chanson française « à texte », éprouve ses rêves de musique et d’engagement politique, naviguant d’une bande de potes à l’autre : ceux de la cité et les artistes du centre-ville. Moins à la recherche de sa « Part de Gaulois » que de sa voix — celle qu’il voudrait donner aux siens, qui n’en demandent pas tant ; celle qui résonnera bientôt dans tous les Zénith de France où le succès révèlera aussi son amertume. Magyd ou les malentendus. Une aventure menée tambour battant, enragée et souriante.

Chronique

Je ne comptais plus faire de chronique de roman mais on a moins entendu parler de ce livre que le précédent alors qu’il est meilleur, il fallait que j’intervienne.

Dans Ma part de gaulois, Magyd Cherfi y racontait surtout son adolescence et son accession au baccalauréat, en tant que fils d’immigrés arabes vivant dans une banlieue (on est donc sur un récit autobiographique). Je vous laisse lire la chronique car contrairement à certain·e·s, je pense qu’il faut le lire d’abord avant de commencer La part du sarrasin. Ce n’est pas tant par rapport à l’histoire que ça peut poser problème, mais surtout par rapport à l’apparition de certains personnages dont vous n’allez pas forcément vous douter de ce qui s’est passé auparavant avec elleux (aucune explication ne sera donnée). Certain·e­·s lecteurices ont pu faire sans mais personnellement, je trouve ça dommage, on passe à côté de certaines choses, aussi minimes soient-elles.

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Corset de papier, de Lucie Barette – les livres féministes #36

On sait que les magazines féminins d’aujourd’hui sont craignos mais y a-t-il une aussi grosse différence avec les premières revues du 19ème siècle ? Quel est véritablement leur rôle ?

Et à quel moment être une femme est-il devenu une spécialisation nécessitant sa propre presse ?

Une très bonne question, à laquelle n’importe quelle féministe peut répondre…

Vous vous dîtes peut-être « Mouais, ça va, on connaît » mais je ne suis pas d’accord. C’est intéressant de voir comment ça se passait au 19ème siècle comparé à maintenant. Vous allez voir qu’à part la morale religieuse (y a d’autres morales aujourd’hui), tout est quasi identique au contenu actuel. La forme change mais le fond reste. Ça s’adapte vite fait aux évolutions de l’époque mais l’objectif reste bien le même, quitte à passer sous silence certaines choses. La cible principale est toujours la même aussi : blanche et bourgeoise.

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Quatre petits classiques sur l’anarchisme

Bonjour ! Je vais vous présenter quatre classiques de l’anarchisme, qui datent de la fin du XIXème siècle et du début du XXème siècle. Du coup, je ne vous les conseille pas comme premières lectures sur l’anarchisme car ils sont datés et certaines réflexions m’ont fait lever les yeux au ciel. Pour découvrir l’anarchisme, mieux vaut donc se pencher sur des ouvrages plus récents. Ceci dit, pour l’époque, je les ai trouvés très bien.

En plus, l’introduction présente les écrivains de chaque livre/textes compilés, et même quand on croit connaître un peu, ben on apprend encore des choses. C’est intéressant de voir leur parcours, on s’identifie plus à une personne qu’à une autre.

On va commencer par le petit livre d’une anarchiste que vous devez tou·te·s connaître, Emma Goldman.

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Leur écologie et la nôtre, d’André Gorz

Résumé

Les crises climatique et écologique occupent désormais le devant de la scène, mais la profondeur des questionnements nécessaires, quant à nos façons de produire, de travailler, de consommer et de nous épanouir, manque souvent à ce brouhaha médiatique.
Cette anthologie, la première réunissant les principaux textes d’un des plus grands penseurs de l’écologie et du capitalisme tardif, décédé en 2007, comble ce vide.
Elle offrira des repères et des perspectives solides pour les tempêtes en cours : pensée de l’autonomie et de la liberté prolongeant l’existentialisme, lecture critique des derniers avatars du capitalisme et de sa crise écosystémique. Pour Gorz, loin des mesures gestionnaires et technocratiques, l’écologie est d’emblée politique, impliquant une critique radicale des formes de domination, tant par le travail que sur la nature ou via le consumérisme.

Chronique

Un coup de cœur, ce livre (ce n’est pas ce qui manque cette année). Si, très clairement, je ne recommanderais pas Métamorphoses du travail à tout le monde, Leur écologie et la nôtre est plus accessible. C’est un recueil de textes d’André Gorz, avec aussi des interviews, qui synthétise bien à mon sens la pensée de l’auteur.

Il a renforcé mon incompréhension face aux personnes qui se revendiquent de lui en parlant de l’écologie… mais pas du reste, notamment son analyse du travail à l’heure actuelle. L’aspect révolutionnaire de sa pensée est pourtant moindre ainsi, et de plus, c’est comme si on amputait sa pensée d’un membre essentiel. Ça n’a plus aucun sens, c’est indissociable.

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