Hilaria, d’Irene – les livres féministes #33

Si vous êtes sur Instagram, vous connaissez sûrement Irene (prononcez Iréné), mieux connue sous le pseudo @irenevrose. J’ai déjà parlé de son premier livre d’elle, La terreur féministe.

Voici le deuxième livre rédigé exclusivement par elle. Celui-ci va être divisé en quatre parties : le féminisme contre le capitalisme, le féminisme contre la prison, le féminisme contre le fascisme et le féminisme anarchiste. Tous ces chapitres seront rapprochés de l’histoire de son arrière-arrière-grand-mère, Hilaria, dont le livre porte le nom et ce n’est pas pour rien. L’histoire de cette femme peut traverser ces sujets sans problème : elle a fait de la prison (parce que ses fils étaient des « rouges »), a vécu directement le fascisme avec Franco, a subi les conséquences néfastes du capitalisme en tant que femme précaire, etc.

Ces éléments qui peuvent paraître anodins donnent de la matière, quelque chose de vivant, à des textes sur des problématiques connues pour certain·es d’entre nous. C’est un vrai travail de mémoire qu’a fait Irene (même si elle ne peut pas tout savoir, comme nous tou·tes à d’autres niveaux). Elle rappelle que l’Histoire n’est pas composée que de « grands » hommes (dont l’histoire est écrite par d’autres hommes) mais que des personnes du quotidien en sont aussi une bonne partie, et même une très bonne partie car sans elles, pas d’Histoire. J’ai trouvé ça très important de rappeler la valeur des « petits » car d’habitude, la majorité a été biberonnée à l’autre discours.

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La terreur féministe, d’Irene – les livres féministes #26

Ce livre est un peu particulier. Il a été auto-édité par @irenevrose sur Instagram et ne compte pas le rééditer tout de suite. Toutefois, j’espère qu’il trouvera preneur chez un éditeur car ce livre est important (et puis j’aimerais que vous puissiez lire un livre que je chronique quand même). J’apprends la veille au soir de la publication de cet article que les éditions Divergences vont l’éditer !

Le titre du livre peut paraître assez choquant, il fait écho à une expression banalisée par la revue Causeur, et bien plus récemment par Valeurs actuelles. Mais la « terreur féministe » n’existe pas tout à fait selon ce qu’ils imaginent. Bien sûr que le féminisme est effrayant pour les réactionnaires, il a pour but de faire effondrer le système patriarcal. Est-il aussi violent qu’ils le prétendent ?

Bah… Qu’entend-on par violence ? Il l’est nécessairement socialement, vu qu’il tente de remettre en cause le système établi et reconnu par tous. Violent physiquement, bah… Oui, ça peut parfois arriver. Mais ce n’est pas ce que l’on croit.

Le féminisme n’a-t-il vraiment jamais tué personne ? Est-il authentiquement pacifique ? Et surtout, faut-il brandir cette non-violence supposée comme valeur suprême ? Devons-nous perdre du temps à montrer patte blanche et à tenter de convaincre le monde de notre gentillesse et de notre inoffensivité ?

Que se passerait-il si la Terreur féministe devenait réelle ? Si les hommes commençaient vraiment à avoir peur ? Une peur intense, profonde, viscérale. Puisque la raison, l’empathie et la honte ne permettent pas de mettre fin à la violence misogyne, à l’oppression patriarcale, aux viols, aux agressions sexuelles et aux féminicides, la seule issue pourrait être de susciter la crainte.

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Le capitalisme patriarcal, de Silvia Federici – les livres féministes #20

capitalisme-patriarcal-coverJe pense qu’avec le titre, vous avez compris ? Je vais juste rajouter quelques mots : l’autrice nous montre comment le capitalisme a utilisé les logiques patriarcales pour son propre bénéfice et les a renforcées.

Combien coûterait de rémunérer le travail domestique et social ? Il n’y a pas de réponse chiffrée à cette question (le montant serait trop énorme) mais l’autrice nous en donne une idée dans son essai. Elle nous indique surtout pourquoi il n’est pas rémunéré. Et quels bénéfices cela sert. Ce n’est jamais vraiment dit explicitement dans une phrase « voilà pourquoi… » mais vu ce qui est raconté dans son livre, je pense qu’elle peut nous faire confiance pour en tirer les bonnes conclusions.

J’avoue avoir été surprise par l’accessibilité de ses propos qui se trouve être assez limité (je m’attendais à mieux). Disons que je ne conseillerais clairement pas ce livre pour commencer. Il y a des parties où vous vous sentirez perdues, même s’il y en a d’autres qui seront douloureusement limpides. Le livre n’est pas bien épais mais j’ai passé du temps sur les deux premières parties, avant que ça coule tout seul.

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Happycratie, d’Edgar Cabanas et Eva Illouz

happycratie-coverQuatrième de couverture

Le bonheur se construirait, s’enseignerait et s’apprendrait : telle est l’idée à laquelle la psychologie positive prétend conférer une légitimité scientifique. Il suffirait d’écouter les experts et d’appliquer leurs techniques pour devenir heureux. L’industrie du bonheur, qui brasse des milliards d’euros, affirme ainsi pouvoir façonner les individus en créatures capables de faire obstruction aux sentiments négatifs, de tirer le meilleur parti d’elles-mêmes en contrôlant totalement leurs désirs improductifs et leurs pensées défaitistes.
Mais n’aurions-nous pas affaire ici à une autre ruse destinée à nous convaincre que la richesse et la pauvreté, le succès et l’échec, la santé et la maladie sont de notre seule responsabilité ?
Et si la dite science du bonheur élargissait le champ de la consommation à notre intériorité, faisant des émotions des marchandises comme les autres ?

Critique

Je dois vous avouer m’intéresser de près à cette thématique. Je suis psychologiquement pas bien au moment où je rédige cette chronique, même si ça va mieux. Mais on m’exhorte à aller mieux d’une certaine manière, et pas autrement. Je me sens touchée par les problèmes de société qu’on traverse ? Rien à voir, tu réfléchis trop, t’es trop pessimiste.

Si, en effet, j’ai tendance à me déprécier, je ne vois pas en quoi être tout le temps positif règle les problèmes de la vie. Je les vois, les gens positifs et qui réussissent (les deux ne vont pas toujours ensemble d’ailleurs), ils ne réfléchissent pas aux conséquences de leurs actes, et si tout va bien pour eux, tout va bien pour tout le monde. Ils vivent dans une autre réalité et disent qu’il faut souffrir, encore et encore, sans se plaindre de préférence, pour vivre bien.

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Si par une nuit d’hiver un voyageur, d’Italo Calvino

si-par-une-nuit-italo-calvino-coverQuatrième de couverture

Vous, lecteur, vous, lectrice, vous êtes le principal personnage de ce roman, et réjouissez-vous : c’est non seulement un des plus brillants mais aussi un des plus humoristiques qui aient été écrits dans ce quart de siècle.
Vous allez vous retrouver dans ce petit monde de libraires, de professeurs, de traducteurs, de censeurs et d’ordinateurs qui s’agitent autour d’un livre. Vous allez surtout vous engager dans des aventures qui vous conduiront chaque fois au point où vous ne pourrez plus retenir votre envie d’en savoir davantage, et là, ce sera à vous de continuer, d’inventer. Bon voyage.

Critique

En voilà un livre atypique ! Il m’aura bien surpris de par son thème, et surtout, sa structure. Je l’ai lu en lecture commune avec La viduité, merci à lui 🙂

En effet, nous suivons des réflexions à propos de la lecture, des livres, des lecteurs, des librairies, des éditeurs, des censeurs… Il y a eu pas mal de choses qui m’ont parlé, notamment celle-ci :

Écouter quelqu’un qui lit à haute voix, ce n’est pas la même chose que lire en silence. Quand tu lis, tu peux t’arrêter, ou survoler les phrases : c’est toi qui décides du rythme. Quand c’est un autre qui lit, il est difficile de faire coïncider ton attention avec le tempo de sa lecture : sa voix va ou trop vite ou trop lentement.

Bien évidemment, en tant que lecteur/lectrice, les remarques sont multiples et correspondant pour la plupart à notre vécu parmi les livres. Elles sont un vrai plaisir durant cette lecture, elles nous ramènent forcément à quelque chose que l’on connaît, grâce auquel l’auteur crée une sorte de lien de connivence, de compréhension, avec nous, les lecteurs. Ces passages m’ont souvent fait sourire, c’est une vraie régalade. En tant que lectrice, je me suis forcément sentie concernée.

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Aux Cinq Rues, Lima, de Mario Vargas Llosa

aux-cinq-rues-lima-coverQuatrième de couverture

Le carrefour des Cinq Rues, qui donne son nom à l’un des quartiers les plus fréquentés de Lima, est ici le décor d’une brillante comédie de moeurs aux multiples rebondissements, dont le centre étoilé est occupé par un gigantesque scandale politique, médiatique et sexuel. Quelques photos compromettantes, un maître chanteur, un crime crapuleux : la presse à sensation ne pouvait rêver mieux. Le respectable et riche ingénieur Enrique (« Quique ») Cárdenas, mais également des figures de la finance, du show-business et même des plus hautes instances du pouvoir se retrouvent éclaboussés par cette affaire.
Une vaillante journaliste surnommée « la Riquiqui » va essayer de démêler le vrai du faux, dans une enquête où l’on croise aussi un poète malheureux, un sulfureux directeur de magazine people et le chef de la police politique du dictateur Fujimori. En coulisses, loin des rumeurs qui parcourent la ville, l’épouse de l’ingénieur Cárdenas et sa meilleure amie ouvrent un rideau indiscret révélant l’autre affaire derrière l’affaire, celle qui peut-être ne sortira jamais sur la place publique et dont nous, lecteurs, les seuls témoins, devrons garder le secret.

Critique

C’était pourtant bien parti et… ce fut une déception.

Je pose ça là, juste comme ça :

Mon-commentaire-pic

Il y a des moments où l’on se dit qu’on ferait mieux de se taire. Cette lecture est la dernière de mon challenge (j’ai donc fini ! Champagne !) et j’aurais préféré terminer sur une bonne note. Manque de chance, ce livre n’a finalement pas été à la hauteur de mes espérances, qui n’étaient pourtant pas très élevées, ne sachant pas à quoi m’attendre avec cet auteur.

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