Les raisins de la colère, de John Steinbeck

Quatrième de couverture

« Le soleil se leva derrière eux, et alors… brusquement, ils découvrirent à leurs pieds l’immense vallée. Al freina violemment et s’arrêta en plein milieu de la route. – Nom de Dieu ! Regardez ! s’écria-t-il. Les vignobles, les vergers, la grande vallée plate, verte et resplendissante, les longues files d’arbres fruitiers et les fermes. Et Pa dit : – Dieu tout-puissant !… J’aurais jamais cru que ça pouvait exister, un pays aussi beau ! »

Critique

Oui, le résumé de la quatrième de couverture de l’édition Folio est une citation du roman, comme pour beaucoup de classiques. Celle-ci retranscrit bien l’émerveillement de la famille Joad quand ils arrivent en Californie… avant la désillusion.

Bon, on va quand même partir du début, parce que là, ça vous dit juste qu’une famille américaine se rend en Californie… Mais pourquoi, en fait ?

La famille Joad, en Oklahoma, est composée de deux grands-parents, des parents, et d’une tripotée d’enfants (Tom, Noah, Al, Rose, Ruthie et Winfield). Il y a aussi l’oncle John, dévoré par la culpabilité et la honte de n’avoir pas pu sauver sa femme alors qu’elle était enceinte, de ne pas avoir pris ses douleurs au sérieux. L’histoire commence avec Tom Joad, un des fils de la famille Joad, qui sort de prison pour meurtre involontaire. Sur son chemin du retour, il va croiser Casy, un ancien pasteur (ses réflexions seront intéressantes par la suite quand on y réfléchira). Tous les deux décident de faire le chemin ensemble jusqu’à la ferme des Joad. Problème : quand ils arrivent, la maison est vide…

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Martin Eden, de Jack London

martin-eden-coverQuatrième de couverture

Martin Eden, le chef-d’oeuvre de Jack London, passe pour son autobiographie romancée. Il s’en est défendu. Pourtant, entre l’auteur et le héros, il y a plus d’une ressemblance : Martin Eden, bourlingueur et bagarreur issu des bas-fonds, troque l’aventure pour la littérature, par amour et par génie. Mais sa chute sera à la mesure de son ascension vers le succès : vertigineuse et tragique…

Critique

Lu dans le cadre du challenge 12 mois, 12 amis, 12 livres.

Vous êtes face à ce qui est mon coup de cœur ultime de l’année. Il fait partie de mes romans préférés de tous les temps tellement je l’ai trouvé excellent. Je vais donc vous présenter un sacré bouquin.

Martin Eden est de la basse condition sociale : il fait des travaux n’importe où mais travaille surtout en mer sur des bateaux (il est marin avant tout), aime la bagarre et l’alcool, vit dans une certaine pauvreté tout en s’en sortant un minimum. Seulement, un jour, il sauve un certain Arthur Morse d’une rixe et se retrouve invité chez sa famille et lui en remerciement… Arthur est d’une classe sociale supérieure, et cela se voit quand Martin s’y rend : tout est beau, précieux et fragile. Il s’y sent mal à l’aise, lui qui est d’une corpulence imposante et n’a pas de gestuelle gracile. Il a peur de casser des choses… Il va finalement se rabattre sur des livres en attendant ses hôtes dans le salon et est subjugué par sa lecture. Un déclic a lieu.

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La chambre de Giovanni, de James Baldwin

la-chambre-de-giovanni-coverQuatrième de couverture

Dans le Paris de l’après-guerre, David, un jeune Américain, s’éprend de Giovanni tandis que sa fiancée est en Espagne. La sincérité et l’audace avec lesquelles James Baldwin décrit le trouble émotionnel de David, déchiré entre Giovanni et Hella, font de ce livre un classique. Publié en 1956 aux Etats-Unis, La Chambre de Giovanni est un récit bouleversant sur la confrontation culturelle, l’identité sexuelle et l’amour.

Critique

J’aimerais vous dire que cette lecture a été faite dans le cadre du mois des fiertés, mais j’ai pas fait exprès…

C’est l’histoire de David, un Américain présent à Paris dans les années 50, qui attend le retour de Hella, sa petite amie, en voyage en Espagne. Si vous voulez mon avis, il a des contacts louches (et avec des moyens financiers) mais qui lui permettront de rencontrer Giovanni, un serveur originaire d’Italie. Ils vont finir par se rapprocher assez rapidement, tomber amoureux l’un de l’autre et habiter ensemble.

Ce livre est sorti en 1956, alors je vous laisse imaginer l’état du sujet de l’homosexualité à l’époque. Celui-ci va d’ailleurs tourmenter David dans sa relation avec Giovanni. En effet, il n’assumera pas du tout sa relation charnelle avec lui, ni même son amour pour lui… qu’il ne réalisera que bien plus tard. Seulement, cela aura déjà amené à une tragédie…

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Tous les hommes du roi, de Robert Penn Warren

tous-les-hommes-du-roi-coverQuatrième de couverture

Années trente, alors que dans la chaleur du Sud, ses ennemis manœuvrent pour prendre sa place, Willie Stark, «l’enfant humilié» devenu gouverneur, se découvre un nouvel adversaire : le vertueux Juge Irwin. Le Boss charge alors Jack Burden, narrateur cynique en quête de sens, du fardeau de découvrir la vérité, car dans un monde de corruption « il y a toujours quelque chose à déterrer ». Mais déjà le Temps agit, les trahisons du passé dessinent celles futur et tous les hommes du roi montent sur scène pour la tragédie à venir. De l’angélique Anne Stanton à la diablesse Sadie Burke, en passant par Adam l’esthète et Sugar Boy le porte-flingue, chacun jouera son rôle dans ce magistral roman à l’écriture époustouflante, qui de la vie donne son image la plus juste et poignante : celle de la fragilité.

Critique

Je ricane un peu car la quatrième de couverture vous laisse imaginer comment le scénario peut se dérouler… mais vous aurez probablement tort. On s’imagine qu’il va y avoir de l’action… mais pas de la manière que vous croyez ni décrit de la façon que vous imaginez. Est-ce que ça fonctionne quand même ? Complètement !

Ça commence comme un simple récit fictionnel politique dans les années 30 dans le Sud des Etats-Unis, à part que c’est bien plus que ça. Mais avant de parler des autres aspects du roman, on va se concentrer sur celui-là pour le moment.

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Le Gang de la clef à molette, d’Edward Abbey

gang-de-la-clef-à-molette-coverQuatrième de couverture

Révoltés de voir le somptueux désert de l’Ouest défiguré par les grandes firmes industrielles, quatre insoumis décident d’entrer en lutte contre la  » Machine « .

Un vétéran du Vietnam accroc à la bière et aux armes à feu, un chirurgien incendiaire entre deux âges, sa superbe maîtresse et un mormon, nostalgique et polygame commencent à détruire ponts, routes et voies ferrées qui balafrent le désert. Armés de simples clefs à molettes -et de dynamite- nos héros écologistes vont devoir affronter les représentants de l’ordre et de la morale lancés à leur poursuite.

Commence alors une longue traque dans le désert.
Dénonciation cinglante du monde industriel moderne, hommage appuyé à la nature sauvage et hymne à la désobéissance civile, ce livre subversif à la verve tragi-comique sans égale est le grand roman épique de l’Ouest américain.

Critique

Allez hop, premier coup de cœur de l’année côté romans.

Ce livre n’est pas exempt de défauts, mais j’ai adoré le lire. Comme vous l’avez compris, nous sommes dans le Sud-Ouest américain sauvage… J’ai dit « sauvage » ? Pas vraiment, les industriels se sont déjà pointés : ponts, routes, barrages en veux-tu en voilà. Le voilà le principal problème et qui va faire bouger nos quatre protagonistes. Ces derniers sont contre la destruction de la nature et voudraient empêcher ça de continuer inlassablement.

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Les Somnambules, de Hermann Broch

les-somnambules-coverQuatrième de couverture

Les Somnambules est le premier tome d’une trilogie romanesque qui conduit le lecteur de l’Allemagne impériale à l’effondrement de 1918. L’écroulement des valeurs qui avaient soutenu la société allemande tout au long du XIXe siècle est décrit par le menu dans ses trois volets, étapes de cette dégradation. « L’Histoire a détruit l’Europe centrale. Le grand roman de l’Europe centrale a détrôné l’Histoire. » Milan Kundera.

Critique

Ce livre a été lu dans le cadre du challenge 12 mois, 12 amis, 12 livres.

Je… n’ai pas tout compris.

Ce roman comporte trois histoires, dans lesquelles l’auteur nous parle de la dégradation des valeurs en comparant trois époques différentes : Pasenow ou le romantisme (1888), Esch ou l’anarchie (1903) et Huguenau ou le réalisme (1918). Il m’a fallu atteindre la troisième histoire pour commencer à voir où l’auteur voulait en venir, donc armez-vous de patience durant cette lecture. D’ailleurs, je ne conseille pas cette dernière à tout le monde, j’y reviendrai plus tard en détails.

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La promesse de l’aube, de Romain Gary

promesse-aube-coverQuatrième de couverture

– Tu seras un héros, tu seras général, Gabriele D’Annunzio, Ambassadeur de France – tous ces voyous ne savent pas qui tu es !

Je crois que jamais un fils n’a haï sa mère autant que moi, à ce moment-là.

Mais alors que j’essayais de lui expliquer dans un murmure rageur qu’elle me compromettait aux yeux de l’Armée de l’Air, et que je faisais un nouvel effort pour la pousser derrière le taxi, son visage prit une expression désemparée, ses lèvres se mirent à trembler, et j’entendis une fois de plus la formule intolérable, devenue depuis longtemps classique dans nos rapports :

– Alors, tu as honte de ta vieille mère ?

Critique

Ce livre a été lu dans le cadre du mois relecture.

Si ma dernière relecture avant ce livre a été quelque peu décevante, celle-ci fut au contraire un enchantement !

Vous avez tous forcément entendu parler de Romain Gary, de ses deux prix Goncourt (alors que, logiquement, il n’aurait dû en avoir qu’un – je vous conseille de vous intéresser à cette petite entourloupe involontaire) et peut-être même de sa vie un peu dramatique.

La promesse de l’aube est une autobiographie de sa jeunesse. Étant né en Lituanie (la Russie à l’époque), il a grandi en Pologne, avant d’atterrir à Nice, en France. Sa vie fut assez remarquable, en raison d’un élément pas commode mais qui a su déplacer des montagnes pour son fils bien-aimé : sa mère.

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La Chute, d’Albert Camus

la-chute-camus-coverQuatrième de couverture

« Sur le pont, je passai derrière une forme penchée sur le parapet, et qui semblait regarder le fleuve. De plus près, je distinguai une mince jeune femme, habillée de noir. Entre les cheveux sombres et le col du manteau, on voyait seulement une nuque, fraîche et mouillée, à laquelle je fus sensible. Mais je poursuivis ma route, après une hésitation. […] J’avais déjà parcouru une cinquantaine de mètres à peu près, lorsque j’entendis le bruit, qui, malgré la distance, me parut formidable dans le silence nocturne, d’un corps qui s’abat sur l’eau. Je m’arrêtai net, mais sans me retourner. Presque aussitôt, j’entendis un cri, plusieurs fois répété, qui descendait lui aussi le fleuve, puis s’éteignit brusquement. »

Critique

Aaah, c’est comme pour L’Étranger, ça vous intrigue cette quatrième de couverture ? Hé bien contrairement à celui-ci, vous allez assez vite l’oublier pour vous plonger dans la lecture. Le narrateur et personnage principal aura tôt fait de vous distraire, car sa personnalité et ses propos vous surprendront (et vous exaspèreront sûrement) dès le début.

Ce n’est pas une lecture facile à aborder. Je l’ai lu à un moment où je n’étais pas bien dans ma vie et ça a été un véritable choc pour moi. Pas que ça aille mieux aujourd’hui mais j’ai plus de recul. C’est pour cette raison que j’ai décidé de le relire le mois dernier. Oui, je ne l’avais lu qu’une fois, n’osant pas me replonger dans un tel récit. Je vous conseille donc de ne pas le lire si vous vous sentez au fond du trou, conseil d’ami.

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L’Assommoir, d’Emile Zola

assommoir-zola-coverQuatrième de couverture

Qu’est-ce qui nous fascine dans la vie « simple et tranquille » de Gervaise Macquart ? Pourquoi le destin de cette petite blanchisseuse montée de Provence à Paris nous touche-t-il tant aujourd’hui encore? Que nous disent les exclus du quartier de la Goutte-d’Or version Second Empire? L’existence douloureuse de Gervaise est avant tout une passion où s’expriment une intense volonté de vivre, une générosité sans faille, un sens aigu de l’intimité comme de la fête. Et tant pis si, la fatalité aidant, divers « assommoirs » – un accident de travail, l’alcool, les « autres », la faim – ont finalement raison d’elle et des siens. Gervaise aura parcouru une glorieuse trajectoire dans sa déchéance même. Relisons L’Assommoir, cette « passion de Gervaise », cet étonnant chef-d’oeuvre, avec des yeux neufs.

Critique

Encore une fois, Zola a prouvé qu’il était LE maître. Bien que j’ai été moins emballée que pour Germinal (qui restera un de mes livres préférés pour un long moment), L’Assommoir est une preuve de son travail gigantesque et de son talent d’écriture.

Nous suivons donc Gervaise, une blanchisseuse, qui s’est enfui de chez elle avec son amant de l’époque, Gustave Lantier, dont elle a deux enfants. Ils emménagent ensemble à Paris dans un petit appartement dans un immeuble miteux et la vie n’est pas joyeuse. Ils ont des difficultés à joindre les deux bouts, sans compter que le mari est un bon à rien qui court les autres femmes. Il finira d’ailleurs par partir avec une autre donzelle, laissant Gervaise seule avec leurs deux enfants. (dont un certain Etienne Lantier, personnage principal de Germinal – Claude sera aussi au coeur d’un autre roman, L’Oeuvre)

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De sang-froid, de Truman Capote

de-sang-froid-coverQuatrième de couverture

« Il était midi au coeur du désert de Mojave. Assis sur une valise de paille, Perry jouait de l’harmonica. Dick était debout au bord d’une grande route noire, la Route 66, les yeux fixés sur le vide immaculé comme si l’intensité de son regard pouvait forcer des automobilistes à se montrer. Il en passait très peu, et nul d’entre eux ne s’arrêtait pour les auto-stoppeurs… Ils attendaient un voyageur solitaire dans une voiture convenable et avec de l’argent dans son porte-billets : un étranger à voler, étrangler et abandonner dans le désert. »

Critique

Celui-là ne fut pas une mince affaire ! Quand je me suis rendue compte que je m’étais ennuyée pendant 300 pages, ça m’a rappelé un des autres livres du mois spécial polar/thriller qui ne m’avait pas forcément convaincu par la suite. J’avais donc très peur de subir un bis repetita avec ce roman aussi. C’est aussi ce fait qui m’empêche de le considérer comme un très bon livre à titre personnel. Forcément, s’ennuyer pendant une grosse partie du livre, ça n’aide pas à voir ce livre d’un très bon oeil, malgré l’appréciation de la suite. Mais d’abord, rappelons le contexte de ce livre.

Truman Capote, qui publia De sang-froid en 1966, s’est basé sur un fait divers qui fit grand bruit à l’époque aux États-Unis. En 1959, à Holcomb (Kansas), dans un milieu rural, deux jeunes tuent sans mobile apparent une famille de quatre membres, dont le père est un fermier assez aisé. L’auteur s’y est intéressé et a fait de multiples recherches sur cet évènement, ce qui l’a ensuite mené à ce roman. (genre qui sera appelé true crime)

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