Bilan lectures #79 – février/mars 2024

Le mois de février n’aura pas été bien gros niveau lectures, c’est pour ça que je le couple avec mars.

C’est toujours aussi changeant, la capacité de lecture… Ça m’agace toujours mais je m’accroche. J’arrive à lire même si c’est moins qu’avant. Pour mon blog, c’est devenu difficile mais pareil, j’insiste. En avant pour un habituel bilan lectures !

Le futur du travail (Juan Sebastian Carbonell) Lire la chronique

Un livre sur le futur du travail (et aussi un peu notre présent) qui va dégager des idées reçues sur l’automatisation et parler du salariat précaire qui est majoritaire aujourd’hui (non, pas les ouvriers) : les petites mains de l’informatique et de la logistique.

Lire la suite

Mois spécial faune/flore

J’ai plein de livres qui se rapprochent de près ou de loin de cette thématique, qui traînent dans ma PAL et pour lesquels j’ai toujours une raison de ne pas les lire tout de suite. Tout ça, le mois prochain, c’est terminé ! Je vais en lire quelques-uns.

Ce thème reste un peu fourre-tout. Ce n’est sûrement pas tout à fait clair pour vous, je vais donc expliquer le contenu de ma PAL du mois d’avril.

Lire la suite

Le futur du travail, de Juan Sebastian Carbonell

Le travail est l’objet de nombreux fantasmes. Certains annoncent sa quasi-disparition prochaine, sous l’effet des transformations technologiques. D’autres se contentent de prophétiser la disparition du salariat, que ce soit pour la célébrer ou la déplorer. Pendant ce temps, le secteur de l’intelligence artificielle recrute des micro-travailleurs de l’ombre par millions. Les ouvriers de la logistique travaillent soixante heures par semaine et parcourent à pied jusqu’à 30 km par jour. Et les nouveaux secteurs d’activités sont le lieu de conflits sociaux inédits. Démontant les discours des futurologues, Juan Sebastian Carbonell montre dans cet ouvrage que le travail conserve une place centrale dans nos sociétés, que cette activité continue de jouer un rôle d’intégration majeur et d’être le principal ressort de la reproduction sociale. Contre la mise en avant d’une « crise du travail » qui permet d’affirmer qu’il n’existe plus de sujets politiques collectifs, contre le renoncement concomitant que constitue l’idée d’un revenu universel, il dessine une perspective révolutionnaire articulée autour de deux objectifs : libérer la vie du travail et libérer le travail de la domination du capital.

Un petit livre qui m’a passionné.

Vous le savez, je m’intéresse à la thématique du travail… mais pas n’importe comment. Des livres un peu manichéens, j’en vois passer devant mes yeux, ce n’est pas ce qui manque. Je suis donc assez sélective. Lui, je n’étais pas sûre, mais il a l’air assez sérieux, allez essayons. Hé bien je n’ai pas été déçue.

Je ne dis par contre pas qu’il va aller à 100% dans votre cheminement de pensée car l’auteur va souvent démonter des idées reçues qu’on a probablement intégré.

Lire la suite

Un détail mineur, d’Adania Shibli

Résumé

En 2003, un quotidien israélien, Haaretz, révèle qu’en août 1949 des soldats ont kidnappé, violé collectivement, puis tué et enterré une jeune bédouine du Néguev. Un crime qui s’inscrit dans la lignée des massacres commis à cette époque charnière pour terrifier ce qui restait des habitants de cette zone désertique.
Soixante-dix ans plus tard, Adania Shibli s’empare de cet “incident” dans un récit qui s’articule en deux temps nettement marqués. La première moitié relate le déroulement du crime avec une objectivité quasi chirurgicale. Elle met en scène deux personnages principaux : un officier israélien anonyme, maniaque de l’ordre et de l’hygiène, qui envahit les pages de sa présence hypnotique, et sa victime, comme lui jamais nommée. La seconde partie est narrée à la première personne, sur un ton très subjectif et ironique, par une Palestinienne d’aujourd’hui, obsédée par un “détail mineur” de l’incident : le fait qu’il se soit produit vingt-cinq ans jour pour jour avant sa naissance. Bravant les obstacles imposés par l’occupant, elle parvient à se rendre dans le Néguev dans l’espoir d’exhumer le récit occulté de la victime. Mais la détective en herbe ne tardera pas à tourner en rond…
Longuement mûri, ce roman décapant dénonce en peu de pages, au-delà du contexte israélo-palestinien, le viol comme banale arme de guerre, et aborde subtilement le jeu de la mémoire et de l’oubli.

Chronique

J’ai vraiment beaucoup aimé ce roman. Ça n’a pas été le coup de coeur annoncé mais vraiment, c’était une lecture très appréciable.

On m’a dit « T’as dû avoir envie de le lire parce qu’il aurait pu remporter le prix du livre de Francfort et que ça a été annulé à cause des circonstances actuelles » mais pas vraiment en fait. Comme beaucoup de monde, j’avais vu cette actualité sans que je me penche dessus pour autant. Ce sont des retours très positifs sur Instagram qui m’ont donné envie de le lire.

Lire la suite

Bilan lectures #78 – janvier 2024

Ce mois a été compliqué. Surtout pendant la première moitié, où j’ai très peu lu. Des interrogations sur l’évolution de ma maladie ont émergé, forcément.

Sylvia Pankhurst (Marie-Hélène Dumas)

Ceci est une biographie sur une militante britannique du début du 20ème siècle. Vous connaissez peut-être le nom de sa mère, Emmeline Pankhurst : c’était une suffragette célèbre, qui dirigeait un mouvement féministe sur la question du droit de vote. Mais ce n’est pas pour rien qu’on disait que ces mouvements étaient bourgeois : c’était le cas ! Sylvia Pankhurst s’inscrivait dans un courant inverse, se mettant à dos sa famille (sa mère et ses soeurs). Elle prenait en compte les avis des femmes précaires, les encourageaient à s’engager. Pendant la 1ère Guerre mondiale, la misère faisait rage, et elle a créé une crèche et d’autres réseaux de solidarité. Pendant ce temps-là, les femmes bourgeoises n’en avaient cure et donnaient la priorité à l’effort de guerre, ce que n’appréciait pas du tout Sylvia Pankhurst. Bien que soutenant le communisme et y adhérant, elle s’est aussi opposé à Lénine (moi vouloir être une petite souris). Bien sûr, ses convictions radicales l’ont isolé, à l’exception de quelques personnes. Elle a aussi dénoncé le fascisme (pas si courant que ça à l’époque) et le colonialisme (grosse histoire avec l’Ethiopie, notamment). Si le récit est facile à lire, je me demande où l’autrice a acquis ces faits qui font très ‘vie quotidienne’… Je sais qu’elle est bien renseignée mais quand même, je me pose la question. En tout cas, le portrait de cette femme progressiste tombée dans l’oubli (à cause de la bourgeoisie sûrement) est revivifiant.

Lire la suite

Feu ! Abécédaire des féminismes présents – les livres féministes #40

Elsa Dorlin fait appel à une soixantaine d’autrices pour revenir sur la période 2000-2020, période au cours de laquelle le mouvement féministe a connu un renouveau, une accélération, de nouveaux canaux de diffusion. Nous avons choisi de laisser la parole aux autrices avec des textes longs, pour prendre le temps d’expliciter leurs travaux et de creuser des problématiques qui nous sont chères. Les autrices (universitaires, associatives, écrivaines, agitatrices…) ont participé à cette nouvelle vague, à sa politisation, et dénoncent la violence structurelle de la domination masculine dans la société, au coeur du néolibéralisme, à l’encontre des femmes et des minorités sexuelles et de genre.

Et si je commençais par dire que c’est le meilleur livre féministe que j’ai lu de ma vie ? La pressiooooon.

Ce livre, dirigé par la philosophe Elsa Dorlin, est composé de nombreux textes, rangés par ordre alphabétique. Ils parlent de différents sujets, comme en témoignent leurs titres : « Archives », « Cisgenre », « Frontières », « Intersectionnalité », « Rappeuses », « ZAD », etc. Et vous vous dîtes avec ces quelques titres : « Mais ça a l’air vraiment divers, les sujets abordés ! ». Et c’est effectivement le gros point fort de ce livre.

Lire la suite

Bilan lectures de l’année 2023

Pfiou, l’année 2023 n’aura pas été simple mais les suivantes ne s’annoncent pas mieux. Un problème de santé a décidé de me briser encore plus les ovaires. J’ai donc lu 66 livres, moins que l’année dernière. Je ne suis pas très contente mais je risque d’avoisiner ce nombre à l’avenir, alors si je veux, je peux râler maintenant mais plus tard, ça servira à rien. (et ça sert déjà à rien)

Et je reprends les mauvaises habitudes côté romans, seulement deux au compteur dans le top ! Si ça ne vous rappelle pas quelque chose… Top 10 pour la non-fiction, évidemment. Côté proportion hommes/femmes lu·e·s, à part les essais où il y a six hommes de plus que de femmes lues, c’est étonnamment équilibré pour les autres catégories ! Les femmes battent même les hommes niveau poésie ! (faut bien du positif vu que j’ai pas aimé la majorité de ce que j’ai lu dans ce domaine). Par contre, faudrait que je lise plus de personnes trans et non-binaires.

Mais globalement, j’ai eu pas mal de coup de coeurs ! De ce côté-là, c’était une bonne année. Voyons ça !

Lire la suite

Bilan lectures #77 – décembre 2023

Pas beaucoup lu mais j’ai eu des coups de coeur, dont probablement le 1er de mon top non-fictions ! Faut dire que j’ai eu deux semaines de grosse fatigue, donc c’était pas facile. Mais à part un abandon, j’ai aimé toutes mes lectures !

Hop hop hop, c’est parti !

Les hommes et le féminisme (Francis Dupuis-Déri) Lire la chronique

Un livre écrit par un homme, et pas n’importe lequel. Il liste les profils d’hommes proféministes (qui s’autoproclament souvent comme tels) qu’on considère problématiques, et ils sont nombreux, très nombreux. Il explique pourquoi et ce que vous devez faire en tant qu’homme, avec des références.

Lire la suite

Les hommes et le féminisme, de Francis Dupuis-Déri – les livres féministes #39

Comment être un bon allié du féminisme quand on est un homme ? Comment inventer une masculinité émancipatrice pour en finir avec la masculinité toxique ? Pourquoi les hommes eux-mêmes ont intérêt à lutter contre le patriarcat ? C’est de ces questions épineuses que s’empare le sociologue proféministe Francis Dupuis-Déri. En tirant le bilan critique de plus d’un siècle d’expériences où la frontière entre faux-amis et alliés est souvent poreuse, il esquisse les pistes d’un féminisme au masculin.

C’est rare (que dis-je, c’est la première fois) que je fasse un article sur un livre féministe écrit par un homme ! D’habitude, ça se contente d’un bilan lectures et puis voilà. Mais là, on parle d’un homme qui s’est fait connaître de façon positive en écrivant sur certains pans du féminisme, qui est reconnu par les féministes femmes (en lisant son livre, vous comprendrez que c’est pas souvent le cas), et vous entendrez encore parler de lui car j’ai La crise de la masculinité dans ma PAL.

Il explique très bien ce qu’implique souvent la présence d’hommes dans le mouvement féministe. Des militantes souhaitent des hommes alliés (après tout, les hommes écoutent d’autres hommes), d’autres se méfient… (je fais partie de la seconde catégorie) Il décrit, au début de son livre, pourquoi on peut considérer que leur présence est souhaitable… et au contraire, pourquoi leur présence semble vaine et contreproductive ! Croyez pas qu’on râle pour rien, beaucoup d’hommes ont des profils différents de brise-ovaires : le poseur, l’initié, l’humaniste et l’autoflagellateur. Pour en savoir plus, je vous laisse lire le livre. Et franchement, je le dis, mais ça ralentit le mouvement… Mais bon, ces messieurs disent que c’est nous, avec notre extrémisme. Ou alors, ils nous disent que c’est pas prioritaire par rapport à la lutte des classes.

Lire la suite

Ce que la Palestine apporte au monde

La collection « Araborama », créée par l’Institut du monde arabe et les éditions du Seuil, rassemble journalistes, intellectuels, écrivains, artistes et illustrateurs pour explorer les réalités présentes, la pluralité et l’histoire du « monde arabe »

« À l’heure où la Palestine semble abandonnée de tous, à commencer par les États arabes, nous avons choisi d’y retourner, comme une évidence. Pour raconter son peuple dispersé par l’histoire et les frontières. Nous avons voulu arpenter son territoire, divisé entre Gaza et la Cisjordanie avec Jérusalem pour centre introuvable, annexé par la colonisation israélienne et grignoté par le Mur de séparation.
Devenue le symbole de la colonisation dans un monde en train de se décoloniser dans la deuxième moitié du XXe siècle, la Palestine ne s’appartient pas. Elle est une cause, une source d’inspiration pour le monde entier. Le keffieh est le drapeau des révoltés. Palestinien n’est plus seulement une nationalité sans pays, c’est une condition et le refus de s’y plier, c’est une résistance obstinée de chaque instant et de chaque geste.
C’est du monde tel qu’il va mal dont la Palestine nous parle. La Palestine vit déjà à l’heure d’un monde aliéné, surveillé, encagé, ensauvagé, néolibéralisé. Les Palestiniens savent ce que c’est d’être un exilé sur sa propre terre. Apprenons d’eux ! »

Extrait de l’introduction de Christophe Ayad.

Un livre que j’ai adoré lire. Il recueille des textes rangés en trois catégories : « Pays », « Cause politique », « Souffle culturel ». Les textes sont diversifiés sur le sujet de la Palestine, vous vous en doutez déjà : son histoire, sa géographie (et son évolution négative), sa politique, sa culture, etc.

Lire la suite