Une affaire personnelle, de Kenzaburô Ôe

Résumé

Empreint d’une étrange violence intérieure, Une affaire personnelle est un roman cruel et douloureux : Bird, le héros de cette bouleversante histoire, a vingt-sept ans et son épouse vient de mettre au monde un enfant anormal. Déchiré par des sentiments contradictoires, dont l’immense tentation de se débarrasser du nouveau-né, le jeune père ira-t-il jusqu’à tuer de ses mains le bébé monstrueux ?
Durant trois longues journées, Bird cherchera en vain dans l’alcool et les bras d’une possible « complice » la force de mener à son terme sa fuite en avant…

Chronique

Vous l’avez lu au-dessus : Bird, le père, le personnage principal, va voir son bébé à la maternité, sa femme vient juste d’accoucher. Il a une grosseur anormale à la tête, on dit d’abord qu’il a une hernie cérébrale, comme deux têtes à la place d’une (c’est expliqué grossièrement, c’est pas ça du tout, mais ça participe à sa qualification validiste de « monstre »). Les professionnels de la clinique sont clairement dramatiques et validistes comme des soignants ne devraient pas l’être : et vas-y que ça dit que ce serait mieux que le bébé meurt… Bird ne répond rien mais ses pensées le guident vers la même conclusion… Et vas-y qu’ils te parlent de l’autopsier quand il sera mort parce que c’est rare… Et ils osent dire ça devant le père, normal !

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Bilan lectures #67 – février 2023

Salut ! Très fatiguée en ce moment, donc le bilan est en retard aussi. Je sais pas si je vous parlerai de mes problèmes de santé, et si je le fais ici ou sur mon blog perso que j’ai abandonné depuis presque 3 ans (ahem).

Petit bilan mais avec mes problèmes de concentration, je fais ce que je peux. Je vous laisse regarder !

Les temps retrouvés, tome 1 et 2 (Kei Fujii et Cocoro Hirai)

Ippei, un homme âgé, rencontre Kotoko, une femme dans ses âges, nouvelle membre du club de musique de la maison de retraite. Ils finissent par se balader ensemble, ils apprennent à se connaître, partagent ensemble le sentiment de perte de leur ancien conjoint, et tombent amoureux l’un de l’autre. Je vous laisse imaginer qu’iels seront leurs propres obstacles à cet amour (notamment pour se marier) mais des membres de leur famille aussi… C’est très délicat, vraiment mignon, c’est émouvant. J’ai apprécié de lire ces BDs. Les planches sont toutes en couleur, ce qui est rare pour un manga (on en a quelques-unes d’habitude mais c’est tout) et le sens de lecture est de gauche à droite, comme en français, ce qui les rend plus accessibles. Cette histoire fait réfléchir sur notre conception des personnes âgées, de leurs sentiments, de leur vie, c’est très intelligent.

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Deux livres sur la violence militante

J’ai lu deux livres sur l’improductivité du pacifisme seul érigé en seule méthode qui fonctionnerait (alors que…).

Comment la non-violence protège l’État, de Peter Gelderloos

Le premier est écrit par un philosophe et militant libertaire. Il est accessible sur le fond mais moins sur la forme ! Pas qu’il soit difficile à lire mais le ton n’est pas toujours très sympathique, on sent la rancœur du militant envers les pacifistes purs et durs.

Vu ce qu’il dit, ce qu’il démontre, on peut comprendre la frustration. On y trouve un avant-propos de Nicolas Casaux (c’était clairement pas obligé, ça) et une préface très intéressante de Francis Dupuis-Déri (un super mec, celui-là).

Ensuite, on a le développement de l’auteur qui explique les grosses faiblesses du pacifisme qui serait la seule et unique solution, la plus acceptable. Ben écoutez… Allez dire aux personnes racisées, aux femmes et autres minorités de tendre la joue éternellement, on va bien rigoler. Le manque de respect, les violences physiques, aucun problème pour certain·e·s à les tempérer vu qu’iels ne les vivent pas.

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Les personnes que j’admire #2

Cet article-là va être particulier comparé au premier car je vais parler d’une seule personne, un sportif, j’ai pas mal de réflexions à son sujet.

J’admire Rafael Nadal depuis 2005, depuis un peu avant sa première victoire à Roland Garros. Je l’ai vu pour la première fois au troisième tour de ce même tournoi contre le joueur français Richard Gasquet. Le patriotisme aurait dû logiquement me guider vers ce dernier mais Rafael Nadal m’a subjugué. C’est grâce à lui que je me suis intéressée au tennis. J’avais tous les Tennis Magazine sur lui à l’époque (ou presque, il ne faut pas oublier que je ne roulais – et ne roule toujours pas – sur l’or). J’avais quatre posters de lui sur le mur de ma chambre, vraiment, je l’adorais. J’ai aussi son autobiographie… Comment ça, je suis allée trop loin ?

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L’empire du malheur, de Jonathan Sadowsky

Sous-titre : Une histoire de la dépression

Résumé

Des millions de personnes doivent vivre au quotidien avec la dépression. Mais si cette maladie est désormais couramment diagnostiquée, elle suscite toujours de vives interrogations : comment la distinguer de la simple tristesse ? S’agit-il d’une affection liée au mode de vie moderne ou « occidental » ? Les causes en sont-elles biologiques, psychologiques, ou sociales ? Et comment la traiter ?

Dans L’Empire du malheur, Jonathan Sadowsky propose une mise au point essentielle sur cette forme aussi répandue que méconnue de détresse psychique. Il retrace à cette fin la longue histoire de la dépression et des réponses qui lui ont été apportées : l’apparition de ses différents avatars (comme la célèbre mélancolie), la naissance de la psychanalyse et des psychothérapies, le développement des diagnostics de dépression dans la période de l’après-guerre, et enfin l’essor, à partir des années 1980, de médicaments comme le Prozac. Au fil d’une analyse qui convoque aussi bien les traités médicaux que les récits biographiques, il souligne la dimension fortement inégalitaire de cette maladie. Et démonte une à une les approches qui, par dogmatisme, en viennent à négliger la souffrance qu’elle produit.

Chronique

Mon premier coup de cœur de l’année 2023. Il ne sera probablement pas le meilleur mais alors, quelle lecture ! J’ai appris plein de choses, d’autres m’ont surprise et m’ont fait revoir mon jugement.

L’auteur parle de ce qu’a été la dépression au cours de l’histoire (et sous un ancien nom, la mélancolie), de comment elle a été considérée (plus comme une maladie pour les femmes que pour les hommes, qui est surpris·e ?), quelles étaient ses symptômes supposés et les moyens de la soigner. D’ailleurs, sur ce dernier point, c’était souvent n’importe quoi selon moi… Les conseils de « faut manger ceci, pas cela » ne datent pas de notre civilisation contemporaine et étaient tellement pléthore que cela aurait presque pu être interprété comme « Ne mangez plus rien car tout est potentiellement dangereux ».

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Bilan lectures #66 – janvier 2023

Ce mois-ci a été pourri niveau santé. En plus de ça, j’ai enchaîné Pokemon Violet avec Pokemon Bouclier, alors je vous laisse imaginer que j’ai peu lu. Mais j’ai eu mon premier coup de coeur de l’année, qui est encore assez fort dans mon coeur pour apaiser ma fureur lors de ma dernière lecture.

Donc un bilan moyen mais pas insatisfaisant non plus !

Je suis une fille sans histoire (Alice Zeniter)

Cet essai, j’en avais entendu parler en bien sans être sûre de vouloir l’acheter. Je l’ai lu en epub et c’est un très bon livre, figurez-vous (moi qui pensais que sa réputation était mauvais signe /tousse/). Par contre, je remets les pendules à l’heure sur un point : non, ce livre n’est pas féministe. Ou en tout cas, pas seulement, il est plus que ça. Disons que le fait que ça se soit attardé sur ce point seulement me dérange. Bref, vous allez comprendre pourquoi avec la suite. Dans cet essai, l’autrice parle du récit, de la façon dont on le construit, de ce qui fait rêver les gens. Mais pas que : la manière dont le récit est manié pour combler d’autres objectifs (politiques par exemple) au lieu de s’en tenir qu’au littéraire (qui n’est d’ailleurs pas aussi neutre qu’on veut nous le faire croire). Et là où la déclaration que c’est un livre féministe me dérange, c’est que l’autrice ne parle pas que de ça. Quand Alice Zeniter explique pourquoi il est important de laisser une parole (et une parole plus importante) à quelqu’un d’autre qu’à un homme cis hétéro blanc, elle ne parle pas que des femmes. Elle parle aussi d’autres minorités, les personnes racisées et LGBT+ notamment. S’en tenir qu’au féminisme me paraît donc faux en ce sens. En tout cas, c’était très intéressant de lire ce livre, j’y ai appris des choses et ça m’a fait réfléchir. Il est fluide et comporte une façon de dire les choses sérieusement mais sans prise de tête, avec une touche d’humour. Si vous avez l’occasion de le lire, n’hésitez pas !

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Bilan lectures #65 – décembre 2022 – spécial relecture

Bon, normalement, je publie le 31 de chaque mois mais j’ai eu un imprévu, j’étais absente de chez moi une semaine. Petit bilan qui vous attend car j’ai pas lu tant que ça… En effet, j’ai acheté la Switch et le jeu Pokemon Violet… et ce jeu-là et moi, c’est une grande passion. Et c’est pas fini car on m’a offert Pokemon Bouclier… Adieu.

Plus sérieusement, j’ai un peu lu quand même. Je vais commencer par les relectures… Sur les quatre prévues, j’en ai lu trois, c’est quand même bien.Je vais commencer par recenser celles-là avant de passer aux autres.


Relectures

Féminismes islamiques (Zahra Ali) Lire la chronique

J’en ai rédigé un article de celui-là, obligé ! L’autrice y a compilé des textes et interviews de spécialistes dans le monde musulman (en allant de l’Egypte à la Malaisie) pour expliquer ce que sont les féminismes islamiques, qui s’en revendiquent ou non et quels sont les obstacles sur le chemin. Non, les ennemis ne sont pas que ceux que l’on croit !

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Bilan lectures de l’année 2022

Et voici le bilan lectures de cette année ! Et contrairement aux deux années précédentes où j’étais parfois en mode « mouais, cool, mais ça aurait pu être mieux aussi », cette année a comporté un joli paquet de lectures très satisfaisantes ! Le top romans va comporter six livres, ce qui change des un à deux livres habituels dans cette catégorie, et le top essais a été chiant à réaliser avant la place n°5.

92 livres lus cette année (et peut-être même un de plus) mais je ne suis pas dans le déni, j’ai aussi lu pas mal de mangas qui ont haussé le score.

En tout cas, je suis contente de cette année et de pouvoir vous offrir plus de contenus cette fois-ci !

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Féminismes islamiques, de Zahra Ali – les livres féministes #37

Ceci est une relecture dans le cadre de mon deuxième mois relecture. Je l’avais lu pour la première fois en 2013, j’étais encore une petite conne islamophobe mais la différence avec les racistes purs et durs, c’est que je me posais des questions. Et en particulier sur le voile. Mon avis n’était pas arrêté tant que je n’en savais pas plus.

Hé bien… A part dans la conclusion à la fin du livre, ça ne parle jamais du voile, ce qui montre bien que ce n’est une problématique qu’en France (et qui date de la colonisation pour le point culture). Et ce dont ça a parlé de toute façon… Je n’avais pas besoin de propos plus spécifique. Comme je l’ai plus ou moins dit, j’avais des préjugés islamophobes et cet essai a mis les choses en ordre dans ma tête.

L’autrice y a compilé des textes et des entretiens avec des spécialistes (au féminin) de différents pays musulmans (y a pas que le Moyen-Orient dans la vie), l’Égypte et la Malaisie entre autres. Cela a commencé avec les bases de ce qu’est le féminisme islamique, qui n’est pas la même chose pour tout le monde. Certaines personnes pourraient s’en revendiquer mais ne le font pas car elles ont un problème pour se qualifier en ce terme.

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La part du sarrasin, de Magyd Cherfi

Résumé

Le bac en poche, Magyd dit Le Madge, plus entre deux chaises identitaires que jamais, et entre rock et chanson française « à texte », éprouve ses rêves de musique et d’engagement politique, naviguant d’une bande de potes à l’autre : ceux de la cité et les artistes du centre-ville. Moins à la recherche de sa « Part de Gaulois » que de sa voix — celle qu’il voudrait donner aux siens, qui n’en demandent pas tant ; celle qui résonnera bientôt dans tous les Zénith de France où le succès révèlera aussi son amertume. Magyd ou les malentendus. Une aventure menée tambour battant, enragée et souriante.

Chronique

Je ne comptais plus faire de chronique de roman mais on a moins entendu parler de ce livre que le précédent alors qu’il est meilleur, il fallait que j’intervienne.

Dans Ma part de gaulois, Magyd Cherfi y racontait surtout son adolescence et son accession au baccalauréat, en tant que fils d’immigrés arabes vivant dans une banlieue (on est donc sur un récit autobiographique). Je vous laisse lire la chronique car contrairement à certain·e·s, je pense qu’il faut le lire d’abord avant de commencer La part du sarrasin. Ce n’est pas tant par rapport à l’histoire que ça peut poser problème, mais surtout par rapport à l’apparition de certains personnages dont vous n’allez pas forcément vous douter de ce qui s’est passé auparavant avec elleux (aucune explication ne sera donnée). Certain·e­·s lecteurices ont pu faire sans mais personnellement, je trouve ça dommage, on passe à côté de certaines choses, aussi minimes soient-elles.

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