Bilan lectures #36 – spécial Japon – février 2020

Un petit mois qui aura été partagé entre le « j’ai bien aimé mes lectures » et le « ce livre m’agaaace ». Et aucun coup de cœur. Bref, un peu mitigé, tout ça. Mais je ne regrette pas d’avoir réalisé ce mois spécial Japon, ça faisait longtemps que je ne m’étais pas penchée sur le sujet du Japon, et encore moins lu des auteurs et des autrices japonaises.

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asadora-tome-1-coverAsadora !, tome 1 (Naoki Urasawa)

Vu le rythme de publication au Japon, je pensais que ce n’était pas urgent de me le procurer mais je suis quand même allée à la librairie une semaine après sa sortie. Je suis faible. C’est une histoire bien mystérieuse que nous avons là : on commence le récit avec des planches qui se déroulent à notre époque contemporaine, la veille des Jeux Olympiques de 2020 à Tokyo pour être précise. C’est la grosse panique, les gens courent partout, on peut voir un monstre géant déambuler dans les rues, même si on ne voit pas en détail sa silhouette à cause d’une fumée. Et puis hop ! Un retour en arrière se fait en 1959 avec Asa, jeune fille de 10 ans qui passe inaperçue dans sa famille nombreuse, qui court chercher un docteur car sa mère va accoucher. Ce dernier hésite à sortir de son trou. Pourquoi ? Un typhon arrive… Il se rend finalement au chevet de la mère d’Asa, suivie de la petite fille, mais celle-ci va finir par surprendre un voleur… et à partir de là, vont s’enchaîner les évènements. N’oubliez pas qu’un typhon arrive… On pourrait croire qu’il ne se passe finalement pas grand-chose malgré l’urgence de ce que provoque notre chère catastrophe naturelle mais une révélation à la fin du tome me fait personnellement attendre le tome 2 avec impatience…

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Arrachez les bourgeons, tirez sur les enfants (Kenzaburô Ôe)

J’avais dit que je le lirai cette année ! On s’est déjà rencontré deux fois avec cet auteur, dont j’ai lu Le Jeu du siècle (roman) et Le faste des morts (recueil de nouvelles). Celui-ci (dont je ne retaperai pas le titre pour des raisons évidentes) est son premier roman. Il y raconte comment une bande d’enfants d’une maison de correction cherche refuge (ou plutôt, c’est leur éducateur) dans un village alors que la guerre fait encore rage (pas la peine que je précise laquelle). Seulement, ils vont devoir en traverser plusieurs avant d’en trouver un qui accepte de les accueillir. En effet, ils ne rencontreront que le mépris et l’hostilité sur leur chemin. Et même quand ils seront « accueillis », ça ne changera pas : les basses besognes, qui ont aussi leur lot de dangerosité, c’est pour eux. Ils sont enfermés dans un pavillon et ne sortent qu’au bon vouloir du village. Mais un jour, les villageois vont partir sans dire un mot, et laisser ces enfants sur place… sans les laisser échapper au danger qu’ils soupçonnent (une épidémie). Ce roman contient une certaine tension (le mépris social, la haine, le racisme et plein d’autres sujets), on se trouve à la campagne et l’écriture crue et belle de l’auteur a une nouvelle fois fait le travail. L’ambiance est froide, j’ai même pu ressentir l’humidité et la saleté, chapeau bas ! Kenzaburô Ôe a prouvé dès le début de sa carrière qu’il était doué (pas pour rien qu’il est prix Nobel). Néanmoins, je l’ai trouvé un tantinet moins bien que les deux autres que j’avais lus auparavant (sûrement parce que c’est finalement son premier roman). Pour commencer la découverte de cet auteur, c’est une bonne idée par contre car même s’il n’y déploie pas encore tout son talent, les thèmes habituels s’y trouvent et il est plus simple d’accès.

la-formule-préférée-du-professeur-coverLa Formule préférée du professeur (Yôko Ogawa) Lire la chronique

Un roman doux et bienveillant dans lequel un ancien professeur de mathématiques crée une relation amicale avec son aide-ménagère et son fils, malgré sa mémoire qui dure 80 minutes. Ça parle parfois de maths mais je vous jure que c’est mieux que ça en a l’air !

les-japonais-karyn-poupée-coverLes Japonais (Karyn Poupée)

Cet essai, j’aurais dû le lire depuis de nombreuses années, mais les circonstances ont fait que j’ai dû l’arrêter en plein milieu de ma lecture à l’époque. J’ai décidé de le reprendre dans le cadre de ce mois spécial. Est-ce que je le regrette un peu ? Oui… Commençons avec la base : dans ce livre, la correspondante au Japon, Karyn Poupée, va nous relater l’évolution du Japon de l’après-guerre jusqu’à 2012. Cet essai est très bien structuré, il est divisé selon certaines catégories qui se rejoignent sans empiéter sur l’autre : le développement économique, l’innovation, les problèmes sociétaux, etc. Il est très bien fourni… peut-être trop. Ce n’est pas le genre de livres à lire d’une traite (ce que j’ai plus ou moins fait ?) car il est assez lourd, d’autant plus que certaines choses m’ont énervé. Allez, vas-y Ada, ne fais plus durer le suspense, tu as dit que tu avais regretté cette lecture. Ben oui, c’était long… Donc l’impatience couplée à l’énervement, ça n’est pas bon signe chez moi. Je vais faire court (je vais essayer du moins) : même si ça restait subtil et rare, le mépris de l’autrice pour la France et le rapport des Français au travail était perceptible. Vous me connaissez, ça passe moyen, surtout quand on entendrait presque, même s’il n’est pas écrit noir sur blanc, le mot « paresseux » résonner dans ses oreilles. Elle applaudit des choses chez les Japonais qui seraient plutôt à remettre en question selon moi. De plus, sans rentrer dans les détails, beaucoup de points positifs qu’elle voit dans la société japonaise sont souvent liés à l’apport économique et financier qu’ils apportent ! Capitalisme, me voilà ! Ce n’est clairement pas la seule manière de voir les choses… Elle rappelle qu’on ferait mieux de s’inspirer de certaines qualités de leur société chez nous (la solidarité, la politesse… Pas sûr que ce dernier élément ait existé un jour chez nous d’ailleurs) et elle a raison ! Surtout que les Japonais en ont obligatoirement besoin sur un territoire soumis à l’imprévisibilité des catastrophes naturelles. Mais ses élans de justesse et de lucidité sont souvent masqués par ce que j’ai reproché plus tôt. Ça se voit que le livre s’arrête à fin 2011-2012 car elle a bu toutes les paroles de Tepco, l’entreprise d’électricité qui gérait la centrale de Fukushima… Dommage pour un essai qui avait l’air passionnant.

les-Japonais-lignes-de-vie-coverJaponais, lignes de vie d’un peuple (Raphaël Languillon-Aussel) Lire la chronique

Dans ce recueil, vous trouverez des portraits de différentes personnes japonaises qui montrent que le Japon n’est pas une société homogène. A travers d’autres chapitres, le surpeuplement, le surdépeuplement, la culture moderne et traditionnelle, ainsi que le vieillissement de la population, seront abordés. J’ai beaucoup aimé lire ce livre pour les différentes facettes de l’humanité qu’ils montrent.

le-japon-dans-le-monde-coverLe Japon dans le monde (Guibourg Delamotte)

Au sein de ce livre, vous trouverez différents textes. La première partie va remettre en place quelques connaissances basiques sur le Japon, sa politique et son économie (je me suis ennuyée mais c’est parce que je sais déjà tout). Le texte que j’ai trouvé le plus intéressant, c’était celui sur le fait que les jeunes Japonais se replient de plus en plus sur leur pays. Ils ont de moins en moins envie d’explorer le reste du monde, le Japon étant plus sûr à leurs yeux. Le problème, c’est que le Japon est quasiment absent de certaines instances internationales et que ce repli sur soi est un problème certain dans le monde globalisé dans lequel nous sommes. De plus, ils sont encouragés par le système japonais de recrutement qui ne valorise pas les séjours à l’étranger comme nous, bien au contraire. On verra bien sûr les relations du Japon avec la Chine, la Corée du Nord, les États-Unis et l’UE. A la fin du livre, seront abordés les sujets de la défense japonaise, de sa place à l’ONU et de son influence à travers le monde. Ce livre est très bien mais tous les textes n’ont pas éveillé le même intérêt chez moi. De plus, la perspective politique et économique peut paraître un peu lourde au bout d’un moment, il faut donc bien choisir son moment pour le lire. (à moins que ce genre de sujets vous passionne, mais ce n’est plus mon cas)


Bon, je n’aurais finalement pas lu mon livre sur le thé, snif. Haruki Murakami n’était pas une priorité, donc… J’ai finalement lu presque tous les livres que j’avais mentionné dans mon article de base sur mon mois spécial Japon !

Le mois prochain (et les autres), je serai très occupée (l’impression de dire ça très souvent). Je ne travaille toujours pas mais je serai quand même occupée 5 jours sur 7 ! Ça m’ennuie un peu car j’avais des projets d’articles en-dehors de mes chroniques mais ils arriveront quand je pourrai.

Je vais pouvoir partir dans tous les sens dans mes choix de lecture à nouveau et ça, c’est cool ! Ça paraît bête mais c’est vraiment le rythme qu’il me faut, même si ça n’a peut-être aucun sens pour vous.

En tout cas, je vais faire de mon mieux pour continuer à vous partager mes futures lectures. A bientôt !

12 réflexions sur “Bilan lectures #36 – spécial Japon – février 2020

  1. Tu as réussis à pas mal lire je trouve parce qu’avec le nombre de livres non-fictifs, donc pas le même investissement dans la lecture, tu as un joli panel tout de même.
    Celui qui me tente le plus dans tout ça, c’est La Formule préférée du professeur.
    J’entends beaucoup parler de Kenzaburo Ôe, sans l’avoir encore lu… Il faudrait vraiment que je me fasse un challenge lecture asiatique, MAIS, j’attends de baisser ma PAL. Donc ça fait des lustres que ça attend malheureusement. Mais je note que pour débuter avec lui, le titre que tu proposes est pas mal, donc merci.
    J’ai été cherché rapidement pour Karyn Poupée, et elle est au Japon depuis 2004, et mariée à un mangaka. Je me dis qu’elle a dû avoir, donc, un bon lavage de cerveau du pays, et vivre au quotidien le rythme effréné de travail de son mari ne doit pas l’aider à avoir un PDV sain sur le monde du travail, et ne voit que le fonctionnement japonais malheureusement, pensant que les français sont juste des tire-au-flanc. Enfin, ce n’est qu’une hypothèse.
    Profites bien de pouvoir reprendre tes lectures au gré de tes envies du coup !

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    • Si ce roman de Kenzaburô Ôe ne t’enchante pas plus que ça, ne perds pas espoir ! Il y a mieux du coup 😀
      Oui, avec les lectures non fictives, ce n’était pas toujours simple, surtout avec l’essai de Karyn Poupée. Je ne savais pas tout ce que tu me dis, je pense que ton hypothèse est probable…
      Merci ! Bonnes lectures à toi aussi 😉

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      • D’accord, merci pour le conseil, je garde ça en tête ! Toute manièe j’aime bien donner (sauf cas exceptionnel – salut Quignard ) une seconde chance, un roman sur une bibliographie n’est pas représentatif !
        J’avais bien vu ça depuis instagram haha, j’imaginais bien tes nerfs à vifs franchement.
        Merci bien !

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      • C’est plus ta parenthèse oui : tu as bien laissé transparaître le bouillonnement haha. Puis après je pense que je t’ai un minimum cerné pour savoir combien cette lecture n’a pas été merveilleuse. 😉

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  2. Chronique super intéressante, je suis d’accord Yoko Ogawa a vraiment un talent sur la narration. Personnellement, je me suis intéressée aux geshas et j’ai terminé la biographie de l’une d’entre elles et c’était vraiment intéressant. Bon courage pour la gestion du blog, c’est clair que ça prend quand même du temps.

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      • Oui, je comprend, si le sujet t’intéresses, il faut vraiment lire du point de vue des concernées. Personnellement, j’ai lu « Ma vie de Geisha », de Mineko Iwasaki. Sinon, j’ai entendu parler de « Mémoire d’une geisha » de Yuki Inoue (à ne pas confondre avec le livre d’Arthur Golden). Sachant que Mineko Iwasaki et Yuki Inoue n’ont apparemment pas le même vécu du métier.

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  3. Quelques remarques sur ton article sur Le Japon dans le monde. Il est vrai qu’aux yeux de l’occident le Japon est un pays replié et continue de pratiquer une politique de fermeture mais c’est le pays le plus ouvert de tout l’Asie, cette ouverture explique qu’il est le plus nobélisé du continent, c’est le peule asiatique qui explore le plus le monde à la recherche de connaissances et de culture contrairement aux chinois encore au stade du tourisme. Et si les japonais ne veulent pas sortir de leur territoire c’est plus parce qu’ils ne peuvent pas à cause des contraintes de nécessité de la vie et du système économique qui fait que seul une minorité de privilégiés qui peuvent s’offrir le luxe d’une exploitation en dehors de ses frontières. Le Japon est absent des instances internationales non pas par la volonté de ses politiques mais à cause des sanctions des perdants de la seconde guerre mondiale qui sont toujours valides à l’heure d’aujourd’hui, c’est pourquoi on dit « Le Japon un géant économique mais nain politique », interdiction d’une force armée, de l’arme nucléaire, du référendum, c’est la raison pour laquelle les 5 membres qui composent le comité permanent du conseil de sécurité de l’ONU n’est composé uniquement des gagnants de la seconde guerre. « Le système japonais de recrutement qui ne valorise pas les séjours à l’étranger » est une affirmation à prendre avec beaucoup de recul, ses universités font beaucoup d’échanges avec les universités occidentaux, ses multinationales par ses stratégies mondiales consomment par nécessité des étudiants ayant l’expérience de l’international et le meilleur moyen est de séjourner à l’étranger. Ses relations avec ses voisins sont paradoxales car politiquement exécrable, économiquement formidable.
    Il y a beaucoup d’immigrés japonais en Amérique du sud, la première vague suite à la défaite de la seconde guerre, la deuxième vague explosion de la bulle spéculative dans la décennie 80. Exile et fuite. Le Président pérouvien Alberto Kenya Fujimori élu en 90 est d’origine japonaise. Cette importante diaspora méconnue du grand public occidentale entretient des liens étroits avec le pays d’origine.

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    • Merci beaucoup pour ton commentaire, surtout la dernière partie dont très peu de gens doivent être au courant ! J’ai fait du japonais durant mes études et je l’ai su après.
      Pour le système de recrutement japonais, ça dépend vraiment des entreprises en fait… Et je suis d’accord avec toi dans le sens où quand une entreprise japonaise s’exporte à l’étranger, elle exporte souvent ses compatriotes… mais il y a un paradoxe, je trouve, ils les font venir car le management étranger ne leur convient pas. Après, ça marche, tu me diras, autant qu’ils continuent ainsi…

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