Bon, je n’ai pas lu grand-chose ces deux derniers mois. Je suis occupée + la chaleur… Tout ça est en train de me convaincre un peu plus encore d’aller vers un temps partiel car je n’ai plus le temps de lire. Tout doit se faire pour la vie active et on me reproche de vouloir me reposer.

J’ai quand même des lectures à vous offrir. C’est parti !

L’entraide, un facteur de l’évolution (Pierre Kropotkine)
Ce livre a été publié en 1902 (je vous conseille de garder en tête cette information) et avait l’ambition de contrebalancer tous les ouvrages élogieux qui ne donnaient qu’un seul son de cloche : celui de la lutte individuelle et de la compétition dans la nature. Ils ont pullulé suite à la publication de Charles Darwin, L’Origine des espèces. Bien évidemment, ne parler que de cet aspect a aussi des intérêts, notamment pour le capitalisme. Mais Pierre Kropotkine ne parle pas beaucoup de ça, et va surtout aborder l’aspect manquant et opportunément oublié : l’entraide. De plus, l’égalité entre les deux ne serait pas réelle, ni une nécessité : l’entraide est un tantinet plus importante. Tout d’abord, il sera question de cela chez les animaux pour qui cela importe plus que ça en a l’air pour la survie. Vont suivre les « sauvages » et les « barbares » : vous me connaissez, j’ai un peu grincé des dents sur l’utilisation de ces termes, et j’ai craint le pire pour la suite. Je vous rassure, aucune trace de racisme, sûrement un petit peu de paternalisme (même si je ne l’ai pas vu, je préfère quand même préciser au cas où). Bref, c’étaient sûrement la terminologie de l’époque mais comme je suis une « woke » selon la droite, j’ai failli crier au loup. Ces parties ont pour but de montrer que l’entraide était bel et bien présente et à un niveau supérieur que nos représentations stéréotypées nous le font croire… Au niveau humain, ça continue de façon chronologique et l’auteur parlera des structures du Moyen-Âge, bien plus propices à la pratique de l’entraide qu’on nous le dit. Et enfin, on atterrit sur des périodes plus modernes, où on voit que l’État et ses lois ont voulu réduire les possibilités d’entraide mais que certaines ont subsisté quand même malgré les difficultés. Un livre essentiel à l’époque et dont l’objectif l’est encore aujourd’hui. Ceci dit, pas mal d’informations sont à actualiser, la science a évolué depuis le temps : même avec mon petit niveau, certaines m’ont un peu choqué ! (dont une dont je me remets pas) Ça se voit que le livre date… A compléter avec une ou des parutions plus récentes. En tout cas, l’objet livre est superbe : belle couverture, illustrations, photos de l’auteur… Ce dernier avait une barbe impressionnante, qu’il ait été vieux ou jeune ! Un peu dense en informations, alors attendez le bon moment pour le lire.

21st Century Boys (Naoki Urasawa)
Ça y est, j’ai enfin lu la fin de 20th Century Boys ! Je confirme donc que c’est un manga magistral, dont je relirai sûrement les tomes à la suite maintenant, pour mieux m’imprégner du génie de l’auteur. Toujours une petite préférence pour Pluto du même auteur, mais clairement, 20th Century Boys est un manga à ne pas manquer !

Nos mythologies écologiques (Renaud Duterme) / L’écologie politique (Dimitri Roussopoulos) Lire la chronique
Je mets ces deux-là ensemble car vous les trouverez dans le même article. Comme son nom l’indique, le premier va déconstruire, dans un style très accessible, des idées reçues sur le changement climatique et le deuxième, qui est déjà sorti il y a quelques années, est toujours effrayant d’actualité (là aussi, le titre indique de quoi ça parle).

A Journey Beyond Heaven, tome 1 et 2 (Masakazu Ishiguro)
J’en connais un qui doit être fier de l’efficacité de sa propagande ! Ce blogueur m’avait déjà donné envie de le lire il y a quelques mois mais j’ai mis mon temps pour en avoir le cœur net (mon compte bancaire a ses raisons…) malgré ses messages incessants sur son blog et son compte Twitter (je vais porter plainte pour harcèlement). Pour l’instant, je ne sais pas grand-chose sur les détails mais en gros : y a eu un cataclysme, deux ados entre 16 et 20 ans recherchent le « paradis », ils ont ce qu’on appelle des « Dévoreurs » (des monstres, quoi) qui leur font obstacle de temps à autre, et on suit en parallèle une institution où des enfants mènent une vie paisible, sans savoir ce qu’il se passe dehors, « protégés » par des scientifiques. Pour l’instant, ça me plaît bien, je vais sûrement acheter la suite car je veux en savoir plus.

Le jeune homme (Annie Ernaux)
Ça valait bien le coup de craquer bêtement en voyant le nom de l’autrice sur la couverture… (je suis faible) Et non, à ce prix-là, ça ne valait pas le coup. Pour moins de 50 pages, c’est assez cher… pour un récit intéressant mais pas mémorable à mon sens. Annie Ernaux y parle de son jeune amant de presque 30 ans de moins qu’elle qui lui fait revivre plus ou moins sa jeunesse… J’en ai rien à foutre du double standard qui fait que les hommes âgés sortent plus facilement avec des femmes plus jeunes sans être pointés du doigt et pas les femmes (pourquoi ne pourraient-elles pas en profiter aussi ?), tu n’as pas à le faire, c’est tout. La domination par l’âge est réelle et elle ne parle que de la domination par la classe… Bref, ça se voile un peu la face avec cette histoire, même s’il y a des réflexions intéressantes, comme toujours avec elle. Bref, bien mais sans plus.

Les Amnésiques (Géraldine Schwarz)
Je ne m’attendais à rien avec ce livre, je l’avais acheté sur un coup de tête en librairie et le pari s’est révélé gagnant ! Je ne sais pas trop comment qualifier ce récit : essai ? Témoignage ? Enquête ? Un ouvrage assez hybride. Géraldine Schwarz est la fille d’un père allemand et d’une mère française, et elle s’est interrogée sur le rôle qu’ont joué ses grands-parents paternels durant la Seconde Guerre mondiale. Ils font partie de la majorité de la population (c’était le cas de la France aussi) : ils étaient des Mitlaüfer, c’est-à-dire des gens qui sont allés dans le sens du courant, voire ont un peu profité des privilèges que leur donnait la persécution des Juifs. Et qui ne se sont pas du tout opposés à la politique de Hitler, validant ainsi le génocide des Juifs (ils étaient au courant, forcément). L’autrice raconte leur histoire, ainsi que la différence de perception de cette période entre leur fille et leur fils avec un recul critique bienvenu. Ce n’est pas tout : elle parle aussi de la politique menée (pas seulement que par l’Allemagne), du travail de mémoire effectuée par certains pays (c’était très intéressant, moi qui pensais que l’Allemagne n’avait mis que quelques petites années à se repentir vu la violence des faits… La France, toujours au rendez-vous de l’indécence mais il y a bien pire qu’elle), de leur évolution après la guerre, leurs compromissions avec les faits et les coupables… Un super livre très instructif, même si j’ai un peu râlé sur certains propos (la meuf est de gauche quand même, si ça peut vous rassurer). La question que soulève l’autrice est la suivante : faire de nous tou·tes des victimes de l’Histoire ne nous déresponsabiliserait-il pas et n’ouvrirait-il pas la voie à des partis pas très recommandables ? Je vous laisse deviner quelle est la réponse… Ce livre est d’autant plus intéressant que l’autrice est franco-allemande, offrant donc de nouvelles perspectives dans son analyse en plus de son honnêteté. Un livre que j’ai beaucoup apprécié lire. Ça ne doit pas être le premier du genre mais il est accessible tout en restant pertinent, avec des références historiques.

Agir ici et maintenant (Floréal M. Romero)
Je me doutais bien que ce livre me ferait du bien : ça a été le cas ! Dans cet essai, l’auteur nous rappelle ou nous apprend le parcours de Murray Bookchin, philosophe américain. On a donc son histoire mais pas que : comment en est-il venu à l’écologie sociale, mais aussi au municipalisme (après être passé par les communistes, puis les anarchistes). Cette partie a été très intéressante, surtout que je ne connaissais que vaguement son parcours. Par la suite, l’auteur du livre se base clairement sur les idées de l’intellectuel pour nous offrir des pistes d’action, au niveau politique et écologique. Parfois c’était concret, et d’autres c’était flou, la formulation était bizarre, etc. Clairement, l’auteur ne voulait pas faire de gaffe mais il en a fait une ou deux. Après, c’était tellement rare et le reste de la réflexion assez pertinente pour que je lui pardonne. Son analyse de la situation est juste, celle des mouvements écolo les plus connus aussi (il se peut que la collapsologie soit un peu pointée du doigt…) Y a une référence sur laquelle j’ai un peu tiqué (Bruno Latour ? Le mec est loin d’être un révolutionnaire…) mais globalement, rien à redire. Floréal Romero nous invite à nous inspirer des expériences, passées ou actuelles, comme la guerre d’Espagne en 1936 ou le Chiapas au Mexique. Pour autant, ça ne sert à rien de copier car le capitalisme n’a pas ses tentacules étendues de la même manière partout, il est donc inutile de souhaiter un second Rojava. D’autant plus que selon la zone du monde, les besoins ne sont pas les mêmes… C’est un livre intéressant, qui amène à réfléchir sur le monde qui nous entoure, mais aussi sur soi. Je le trouve assez bien structuré, ce qui est quelque chose que je retrouve souvent chez les livres des Éditions du Commun d’ailleurs.
Voilà pour le moment. J’espère lire plus le mois prochain mais j’ai peu d’espoir, on verra.
Au mois prochain !
Le fait que tu aies commencé A Journey Beyond Heaven, et qu’en plus tu sois assez curieuse pour continuer me fait, tu t’en doutes, extrêmement plaisir !
Cependant la plainte est d’emblée classée sans suite vu que tu vas continuer la série, si tu avais dit que c’était une immonde daube, j’aurais pu envisager un petit geste en guise de dédommagement 😄
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Quoi ? Je peux plus me plaindre ? C’est dégueulasse !
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Mais si tu peux. Je ne répondrais simplement pas positif à tes doléances 😅
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Si ça se trouve, c’est toi qui va râler…
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Ah ? Why ?
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Si un truc te plaît pas dans la suite…
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Ah, certes.
Je saurais te pardonner si jamais tu n’apprécie pas, pas d’inquiétude.
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Merci pour ta compréhension 😀
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Comme toujours, je découvre des titres chez toi que je ne vois nulle part ailleurs. Je note plus particulièrement Les Amnésiques…
Bon mois de juin 🙂
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Merci et bon mois de lectures à toi aussi !
(« Les Amnésiques » est vraiment bien)
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« Nos mythologies écologiques » me tente bien, de même que « Ecologie politique » que tu associes à cette lecture. Je me les notes précieusement. Quant à « 21st Century Boys », il serait temps que je découvre enfin ce célèbre manga !
En te souhaitant de trouver du temps pour toi – peut-être par le biais d’un mi-temps 🙂
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« Nos mythologies écologiques » est pas mal pour mettre les choses à plat avant de commencer à lire des ouvrages sur l’écologie politique, c’est un bon pari je trouve !
Aha, merci ! 😉
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Je me rends compte, en lisant tes comptes rendus tous les mois, que ce qui m’intéresse en eux, ce ne sont pas nécessairement les titres en eux-mêmes mais le fait que tes lectures reflètent véritablement ce qui t’anime, en dehors de toute mode, de toute actu éditoriale, des autres blogs, etc. Et c’est d’autant plus cher à mon cœur que tes lectures ne sont pas non plus de simples passe-temps. Autrement dit, je partage à 100 % ta démarche (ce qui ne se perçoit pas nécessairement dans mes lectures parce que je suis trop dispersée).
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Merci pour ton commentaire, j’apprécie vraiment ! Je suis une partie de la mode des sorties d’essais mais pas tout (pas de temps pour tout lire, et surtout, pas d’argent pour craquer pour tout et n’importe quoi).. Et t’inquiètes, on est deux à être dissipées… Ca se voit notamment en librairie 😀
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