Bilan lectures #52 – septembre 2021 + demande pour une FAQ

Un mois qui n’aura pas été parfait mais j’ai quand même fait de bonnes lectures ! Pas sûr que ça s’arrange le mois prochain, une fatigue inexplicable commence à agir sur moi (c’est toujours comme ça, c’est frustrant).

Enfin, on verra bien ! En attendant, voici les lectures que j’ai faîtes, plutôt bonnes dans l’ensemble (à l’exception d’une).

Dating Fatigue (Judith Duportail)

Judith Duportail a écrit un livre qui s’est fait remarquer, donc vous la connaissez peut-être déjà : L’Amour sous algorithme. Du coup, elle pourrait paraître confiante parce qu’elle connaît bien les coulisses des applications de rencontre, notamment Tinder, mais en fait, pas vraiment. Elle est aussi perdue que nous sur les relations amoureuses et nous raconte ses doutes, ses tatônnements, causés en partie par toutes les incivilités connues sur ce genre de plateformes (le ghosting notamment). Elle fait une pause affective, ce qui lui permet de mieux observer les choses avec recul. Même si sa vie, son vécu, sont sensiblement différents du mien (qui c’est la meuf qui passe son temps à fuir ? C’est bibi), elle a réussi à me toucher. Si tout ce qu’elle raconte ne me parle pas forcément, je trouve le propos et l’analyse intéressantes. Ça m’a aussi amené à une réflexion (plus poussée, j’avais déjà commencé) sur les relations amoureuses (ou amicales) que je souhaitais ou non. L’autre livre que j’ai chroniqué et lu à la suite m’a aussi aidé sur ce plan. L’inégalité qui pèse forcément dans un couple hétéro est abordé (à un moment ou à un autre, on y vient). Judith Duportail m’a impressionnée car elle a confié des choses, des pensées assez intimes, que je n’aurais jamais osé révéler dans un livre à destination de milliers de personnes. En clair, son récit m’a fait beaucoup de bien, malgré ma gêne sur certaines révélations (plus pudique que l’autrice).

Nos amours radicales (Sharone Omankoy, Léane Alestra, Emanouela Todorova, Lou Eve, Axelle Jah Njiké, Nanténé Traoré, Sabrina Erin Gin, Anaïs Bourdet) Lire la chronique

Un livre très intéressant, avec huit textes de personnalités féministes qui parlent des difficultés à être en couple hétérosexuel et de ce qu’elles ont parfois choisi de ne pas subir. Des points de vue qui ne se contentent pas que de celui d’une femme blanche hétéro cis.

Petits secrets, grands mensonges (Liane Moriarty)

Ce thriller m’a bien plus emporté que je ne le pensais ! Il a aussi été meilleur que prévu. Oui, je partais en le sous-estimant (encore un ce mois-ci, c’était déjà le cas de Dating Fatigue). Ça a bien servi en tout cas car je ne m’attendais pas à le juger si bien. Jane Chapman, une mère très jeune (moins de vingt-cinq ans), s’installe à Pirriwee avec son jeune fils, Ziggy, qui est en classe de maternelle. Avant même la rentrée officielle des classes, elle se met à dos une autre maman, qui accuse son fils d’avoir tenté d’étrangler sa fille. Heureusement, elle aura quand même des alliées, dont deux autres mères en particulier. Ce que j’ai trouvé impressionnant dans ce livre, c’est que l’autrice a su retranscrire la justesse et l’hypocrisie du milieu dans lequel Jane s’est plongé : celui des parents de jeunes enfants. Beaucoup de choses sont abordés : le harcèlement, le ravage que créent les potins, le renvoi de leurs obsessions sur leurs enfants comme si ces derniers avaient les mêmes, les trahisons et démissions des pères, les violences conjugales, la solitude, l’image sociale… Je ne peux pas tout énoncer tellement c’est foisonnant. J’ai été agréablement surprise de la réalité de ses descriptions au niveau de la psychologie des personnages. Pour revenir à l’aspect thriller, on sait qu’un meurtre va avoir lieu lors d’une soirée quiz à la fin de l’année scolaire. Mais on ne sait pas qui sera tué ni qui est le tueur ou la tueuse. On ne sait ni pourquoi ni comment. On suit l’histoire des principaux personnages jusqu’à cette soirée fatidique. Je suis ce qu’on appelle la lectrice « naïve » sur ce genre de lectures : je me laisse embarquer, je ne réfléchis pas beaucoup, j’ai plein de potentiels coupables en tête en sachant que ce n’est probablement pas elleux (ce n’était effectivement pas le cas). Je suis donc facile à piéger. Ceci dit, je compte malgré tout sur le fait que je suis une chieuse doublée d’une chieuse pour capter que je me fais éventuellement entourlouper… Là, le radar ne s’est pas déclenché, ce qui ne signifie rien. J’aimerais connaître votre avis sur ce livre : vu qu’il est assez connu (surtout la série adaptée), peut-être que vous l’avez lu !

La petite dernière (Fatima Daas)

Je sais qu’il y en a qui cherche des fioritures dans l’écriture mais dans ce roman, vous n’en aurez clairement pas ! Fatima Daas (Française d’origine algérienne) parle d’elle-même, de son enfance, de son adolescence, de sa vie adulte. A une exception près, elle commence une nouvelle partie de son texte (très courte, entre deux à trois pages) par « Je m’appelle Fatima ». L’autrice a une expérience assez particulière, deux choses qui pourront sembler complètement incompatible aux extrémistes de tout bord : elle est musulmane… et lesbienne. On voit du coup ses hésitations, ses réactions à cette aune, celle de la contradiction avec sa propre religion qu’elle aime tant. Allah, qu’elle aime tant. Sa famille, qu’elle aime tant. Et non, elle ne va pas renier sa religion, les fachos peuvent aller se rhabiller. Beaucoup d’introspection, elle tente lors de nombreuses années de se découvrir, d’aller au-delà de ses doutes. La sincérité de ses propos, parfois sa douleur, le ton dépassionné de son écriture, tout ceci fait que l’on se sent touché. Sans que ce livre soit révolutionnaire, il apporte une touche de fraîcheur de par son contenu (la structure du roman aussi, mais elle fera beaucoup moins l’unanimité, je pense, on lui reprochera d’être trop dépouillée). Un livre que j’ai trouvé intéressant à lire et assez émouvant aussi. Une bonne lecture.

Le droit à la paresse (Paul Lafargue)

Je vous vois tous venir sur le fait que ça a clairement l’air d’être un de mes sujets favoris. C’est vrai, c’est pour ça que j’avais acheté ce petit classique (sorti en 1883) qu’on m’avait vanté. Hé bien, vous allez être surpris d’apprendre que j’ai été déçue. Ça avait mal commencé avec des choses négatives qui concernent des oppressions. Vous allez me dire « il faut relativiser, c’est l’époque ! » sauf qu’entre le sexisme, l’antisémitisme, le racisme et le validisme, ça fait beaucoup à encaisser. Les deux derniers sont d’ailleurs partie prenante du raisonnement anticapitaliste de cet homme, ce qui a rajouté pas mal d’éléments à lui reprocher. Mais ce n’est pas tout. Sans même parler de ça, son raisonnement peut être faux et égoïste. Certes, il y a eu quelques trucs sur lesquels j’étais contente (montrer que le capitalisme ne crée pas autant d’emplois qu’il le prétend, un thème encore d’actualité), mais ça ne suffit pas à contrebalancer le reste. Pour commencer, même s’il a parlé de la corruption des esprits de la classe prolétaire par les capitalistes qui leur ont inculqué la valeur travail à tout prix (pervertissant aussi la morale chrétienne), je n’apprécie pas qu’il ait fait preuve de condescendance à l’égard des pauvres, les tenant presque pour responsable de la suite. Ce n’était peut-être pas réellement son propos mais vu comment c’était formulé, le fait qu’il y ait de la place pour le doute ne devrait pas être permis pour un homme de son genre (marxiste). Je ne vais pas faire le tour de tous les propos qui m’ont agacés mais il y en a un qui a particulièrement retenu mon attention. Celui de la Grèce antique : les hommes libres savaient que le travail était une basse besogne (au point de le punir d’emprisonnement) et le laissaient aux esclaves. Ils ont ainsi pu s’adonner aux vertus de la pensée et ont donné de brillants philosophes. Déso pas déso d’être la rabat-joie de service mais en fait, si, il faut travailler pour se nourrir, se vêtir, se loger. Dans le fond, je pense que les hommes grecs libres le savaient : basse besogne mais une besogne essentielle pour vivre. La laisser à des personnes considérées comme inférieures n’est pas un exemple. Je ne pense pas que c’est son propos non plus mais bon, merde à la fin. La critique du travail capitaliste (car c’est finalement le point de son livre, au-delà du fait de s’accorder des moments de répit) aurait pu être pertinente si elle n’était pas entachée d’arguments du genre, dommage. Il y a des critiques bien plus positives que la mienne ailleurs sur le web qui parlent plus du reste de son contenu mais sans mentionner ce que je viens de dire. Bref, on voit que c’est un vieux livre, qui ne devrait pas autant servir de référence qu’il ne l’est.

Fullmetal Alchemist Perfect edition, tome 8 (Hiromu Arakawa)

Que dire de plus que « c’est génial » sans spoiler ? Ce manga, c’est juste du génie. De la baston, des émotions justes et pas placées là parce qu’il en faut bien, un scénario fluide qui tient la route…


Bon, j’ai eu une note négative mais globalement, ce mois était quand même bien cool.

Je n’ai pas publié qu’un article ce mois-ci :

J’ai un petit service à vous demander ! Pour fêter les 5 ans de mon blog en novembre, je compte faire une FAQ mais pour cela, j’ai besoin de votre aide ! Si vous voulez me poser une question, vous pouvez demander en commentaire ! (pas trop personnel s’il-vous-plaît) Je ferai aussi des demandes sur les réseaux sociaux dans les jours à venir.

Merci à vous ! Et au mois prochain !

17 réflexions sur “Bilan lectures #52 – septembre 2021 + demande pour une FAQ

  1. Beau bilan malgré ta déception 🙂 Quand j’ai vu le titre Le droit à la paresse, je me suis dit que ça pouvait être intéressant puis j’ai lu ton avis… Je ne sais pas si j’aurais pu en venir à bout devant de telles bêtises.

    Pour la FAQ, si ce n’est pas trop personnel :
    _ Est-ce que ton blog a changé quelque chose dans ta manière de lire ?
    _ Quel est le livre que tu as pris le plus de plaisir à chroniquer ? Est-ce qu’il y a un livre dont tu as eu du mal à parler ?
    _ Chroniques-tu toutes tes lectures ? Si ce n’est pas le cas, comment choisis-tu les livres dont tu vas nous parler ?
    _ Quel est le livre chroniqué sur ton blog qui t’a le plus marquée ou le livre que tu aimerais mettre en avant ?

    Bon mois d’octobre !

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    • Merci ! Ah non mais ce bouquin, soit j’ai rien compris, soit, encore une fois, certains gauchistes font genre. Clairement intéressant à l’époque mais pas à prendre en exemple dans notre époque contemporaine. On a mieux que ça aujourd’hui.

      Merci pour tes questions, je suis impressionnée car elles sont toutes intéressantes. Merci beaucoup !

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  2. Je tenais absolument à trouver une question intéressante, et malheureusement celle qui m’est venue en premier a déjà été posée.

    Je me demandais si le blogging avait changé quelque chose dans ton rapport à la lecture ?

    Mais du coup, je vais en poser une autre :
    j’ai cru comprendre que tu aimais particulièrement les lectures traitant de thèmes forts, je me demandais si (en fiction en particulier), tu pouvais apprécier un ouvrage idéologiquement à l’opposé de ta vision des choses ?
    Je ne sais pas si la question est claire…

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  3. Oui moi j’ai une question !
    Pourquoi est-ce que tu ne cherches pas à avoir des services presse, alors que franchement tes chroniques font partie de celles que je préfère, toujours de bonne qualité etc… ce serait mérité 🙂

    Sinon une autre question : es-ce que tu as remarqué depuis que tu blogues un changement dans l’audience de ton blog par rapport à l’audience sur les réseaux sociaux, et est-ce que ça impacte ta façon de parler des ouvrages que tu lis ?

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  4. Oh yaaay, je suis contente que tu aies autant aimé Petits secrets, grands mensonges, c’est une lecture qui m’a beaucoup plu aussi ! J’ai été tout particulièrement fascinée par le personnage de Celeste, c’est une posture qu’on croise peu en fiction et je trouve super intéressant d’avoir exploré ce cas de figure (qui casse l’image habituelle, j’essaie de rien dire pour pas spoiler mais j’espère que tu vois ce que je veux dire hahaha). Et la série vaut le détour aussi, je trouve ! Je suis très cliente de la photographie de Jean-Marc Vallée (et de la BO).
    Pour les questions, je suis toujours nulle pour en trouver des pertinentes hahah. Peut-être une question sur ta perception du blog par rapport à instagram : quel contenu tu réserves à l’un ou à l’autre, pourquoi, est-ce que tu as l’impression que le blogging s’essouffle face aux réseaux sociaux, etc. 🙂
    Oh et peut-être, qu’est-ce que tu préfères dans le fait de tenir un blog, qu’est-ce que ça t’a apporté de mieux ? 🙂

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    • Aha, t’inquiètes, j’ai compris pour Celeste, c’est assez particulier pour que je l’ai compris du premier coup. C’est en effet assez spécial, j’ai suivi son histoire avec attention… Ah ben je regarderai peut-être la série mais le choix de Nicole Kidman pour le personnage de Celeste… meh. Faudra que je vois ce que ça donne mais ça risque de m’agacer, je l’imaginais pas du tout comme ça.

      Je note les questions, merci beaucoup !

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  5. Dommage pour Le droit à la paresse : ce livre aurait pu m’attirer, mais là, étrangement, ce n’est plus du tout le cas ! Heureusement, cela reste un beau bilan en dépit de ce couac !
    Je n’ai pas d’idées de questions n’ayant pas été posées, mais je lirai avec plaisir tes réponses à celles qui t’ont été soumises !

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