Une histoire de genres, de Lexie

Résumé

À l’heure où les questions de genre et d’identité sont de plus en plus présentes dans l’espace public, voici un guide qui déconstruit tous les préjugés, les abus de langage, les non-sens liés aux transidentités, afin de mieux les comprendre et de donner les armes pour s’en émanciper . Car si être trans est une histoire de rapport de soi à soi, de prise de conscience individuelle, c’est aussi un rapport à des normes et constructions sociales, culturelles et historiques.

Chronique

Si vous êtes sur Instagram, je vous conseille fortement le profil de l’autrice, @aggressively_trans, on y apprend foule de choses.

Et ce livre, c’est aussi son but, en plus accessible il me semble. Clairement, il appelle à l’humilité sur le sujet. On pense savoir des choses en tant que personne cis, plus que les autres personnes cis ? Probablement pas autant que l’on croit. On se dit qu’on connaît parce qu’on connaît une personne trans ou qu’on se renseigne un peu sur le sujet… C’est pas si facile.

J’ai souvent entendu parler de l’aspect « fouillis » de ce livre mais je ne suis pas d’accord. Il y a beaucoup d’informations à engranger, certes, mais vous n’avez qu’à relire le livre sinon. Surtout que c’est bien rangé, structuré, il n’y a pas de quoi s’y perdre. Je pense que le plus compliqué à déconstruire, même avec le ton pédagogique et bienveillant de l’autrice, c’est la notion non-binaire. Ce serait dommage si ce n’était pas le cas car ça permet d’ouvrir les yeux sur le reste.

Tout d’abord, l’autrice parle de ce qu’est être une personne transgenre, de leurs spécificités et pour la non-binarité, si vous n’y connaissez rien, vous allez apprendre quelques trucs. Elle parle aussi des conséquences de leur identité au niveau social, des discriminations qu’iels subissent, qui peuvent les amener au suicide parfois, et même quand iels ont rien demandé, alors qu’iels galèrent déjà, à leur meurtre.

Comment se traduit la transphobie ? Car il y a plusieurs nuances de transphobie, on n’a pas tous envie de se balader avec un couteau dans la poche pour dézinguer ce qui nous paraît pas assez masculin ou féminin. Ça peut aller du déni de l’identité de la personne en face, au dénigrement en passant par les insultes et les agressions physiques. Ça peut être encore plus anodin : on veut bien faire mais on tient quand même des propos transphobes parce qu’on a été élevé dans une société binaire dont, en tant que personne cis, on est un·e digne représentant.

En parlant de représentation, je vous laisse deviner que c’est sacrément bancal, voire inexistant, dans les médias. Et je ne parle pas que du journalisme : dans l’art en général, le cinéma, les séries, bon… Pas top tout ça. Peut largement mieux faire même quand il y a un semblant de représentation. Lexie vous donnera les détails par type de médias.

Et les allié·es alors ? Bah… C’est comme les hommes avec le féminisme, faut fermer sa gueule et écouter les vécus, les ressentis des personnes concernées. Et croyez-moi, après avoir lu ce livre, vous allez vous rendre compte de l’abyssale méconnaissance du sujet que vous avez et vous vous direz qu’il faut que vous la boucliez de toute façon. L’humilité, tout ça. Renseignez-vous, ne croyez pas que vous savez tout.

L’importance du vocabulaire est aussi rappelé. Déjà que pour le féminin seul, c’est dur à faire comprendre, alors pour l’inclusion de tou·tes… Et pourtant, son absence a des conséquences concrètes. Et ne croyez pas que votre utilisation de la binarité dans votre vocabulaire est neutre et dénué de toute idéologie : c’est l’inverse… Il y a une portée émotionnelle dans le langage, que vous voulez réfuter dans votre cas, mais elle est là aussi, hinhin.

Ce chapitre m’a fait réfléchir sur ma propre écriture inclusive. Sachant que je ne veux pas non plus mettre des personnes avec des difficultés de lecture sur le côté, cela ne va pas être simple.

Ce qui intéressera beaucoup de monde, je pense, c’est de voir la variété de plans sur lequel se joue une transition et que rien n’est obligatoire. La transition sociale, administrative, médicale… On pense surtout à cette dernière parce qu’après tout, c’est ce qui permet de respecter le carcan de la binarité chère à notre société discriminante. Malgré les risques encourus… Et il n’y a pas que la chirurgie là-dedans !

La partie qui m’a le plus intéressé à titre personnel, c’est celle sur la transidentité à travers les âges et les continents. On voit que les personnes transgenres existent depuis au moins 4 000 ans, donc celleux qui disent que c’est un « délire » nouveau… Faut se renseigner un peu au lieu de se baser sur ce que tout le monde croit déjà savoir.

Iels n’étaient pas tou·tes au même niveau de respect dans la société : certain·es étaient limite vénéré·es par la spiritualité de leur culture, d’autres étaient relégués dans les quartiers pauvres de leur ville (qui est étonné ?). Mais dans tous les cas, ça ne change rien au fait qu’iels existaient. Et puis je tiens à rajouter quelque chose d’important : la conception qu’on a de la transidentité en Occident à l’heure actuelle est parfois difficilement transposable à ce qui a existé. Ce n’est souvent pas la même vision des choses qui était ouvertement représentée. Difficile d’en parler rapidement comme ça mais si vous lisez le livre, vous comprendrez de quoi je parle.

Comme vous le voyez, beaucoup de choses sont abordées et ce n’est pas exhaustif pour autant. En tout cas, tout le contenu permet de bien mieux cerner le sujet des transidentités. Ce genre d’ouvrages est assez rare pour être souligné. En plus, Lexie est super pédagogue, elle n’est jamais dans le jugement (il y aurait pourtant eu de quoi).

Ce livre s’adresse à toutes les personnes qui méconnaissent la réalité des personnes trans (comme les personnes cis, des personnes allié.es autoproclamées, les proches d’une personne trans, etc) mais aussi aux personnes trans elles-mêmes (surtout celles qui sont perdues, vu le manque d’informations, pas étonnant…).

Je vous le conseille ! On se couche moins con·ne le soir 😀

4 réflexions sur “Une histoire de genres, de Lexie

  1. Pingback: C’est le 2, je balance tout ! # 67 – Juillet 2022 | L'ourse bibliophile

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