Précis de culture féministe pour briller en société patriarcale – les livres féministes #35

L’autrice, Sabrina Erin Gin, est surtout présente sur Instagram sous le pseudonyme de @olympereve mais vous pouvez aussi la trouver sur Twitter. Mais l’essentiel de son travail se trouve sur Instagram.

Je vous avoue être un peu méfiante des publications d’influenceuses sur Instagram. Pas que j’en n’ai pas déjà acheté, hein, mais la qualité n’est pas toujours très bonne (sauf La révolution du potager, héhé, et d’autres que j’oublie sûrement) donc je ne savais pas encore trop si j’allais l’acheter. Puis je me suis dit que Sabrina fait un travail remarquable, et puis je savais déjà ce dont elle est capable, ayant lu son texte dans Nos amours radicales. Et puis le concept du livre avait l’air intéressant.

Des anecdotes historiques mais aussi contemporaines sur des faits (occidentalo-centrés) qui montrent à quel point le patriarcat nous enferme, et pas que dans le passé. Mais aussi, comme le titre du livre l’indique, on montre à son interlocuteureuse qu’on connaît des trucs. Adieu le « on n’a plus besoin du féminisme aujourd’hui » !

Au début, je n’avais pas forcément saisi ce qui se trouvait dans le plan du livre, mais en fait, en le lisant, tout s’imbrique. La première partie montre à quel point les femmes ont été et sont toujours opprimées. Par le viol, par ce qu’on attend d’elles… Qu’elles ne montrent surtout pas leur tétons, même si ceux-ci se trouvent sous un vêtement blanc, c’est déjà la honte !

Et on y vient : la deuxième partie va aborder le (massif) contrôle du corps des femmes. L’habillement, mais aussi l’épilation, le maquillage… Et ce n’est pas tout ! Cela va au-delà de l’apparence physique. Le fait d’être « vierge » a compté et compte encore aujourd’hui. Tout cela centré autour de la pénétration par le pénis d’un homme (les lesbiennes, d’éternelles vierges selon ces critères). D’ailleurs, l’autrice va pointer du doigt l’injonction à l’hétérosexualité, qui amène forcément au contrôle du corps au profit de ces messieurs. (vos exemples contraires qui ne prouvent rien, je me torche le cul avec, sachez-le)

La troisième partie parle de la façon dont les femmes sont montrées négativement quand elles font des trucs « d’homme ». A une époque, cela voulait dire « travailler », tout simplement. Et comme nous sommes des êtres naturellement pervers, c’est bien connu, on trouve tous les moyens possibles pour assouvir nos désirs, selon eux. Genre on nous accusait au XIXème siècle de nous masturber en utilisant des machines à coudre ! Faut redescendre, là, c’est ridicule. Avec moults descriptions qui font penser que ce n’étaient que des fantasmes qui se déroulaient dans la tête misogyne du rédacteur. La haine des femmes faisait que c’était pris au sérieux. Breeef (mais j’en pense pas moins).

Bien sûr, être une femme, ce n’est pas comme être un homme (cis). Alors quand ils se font battre à leur propre jeu, les pauvres sont vexés comme des poux. Du coup, ils demandent réparation et les femmes en subissent les conséquences pendant des décennies. Et c’est nous qui sommes susceptibles !

Et plein d’autres choses bien sûr… La quatrième partie va enfin dire la vérité : le problème, ce sont les hommes cis ! Enfin, le patriarcat, mais les hommes sont prompts à défausser leur responsabilité individuelle là-dessus, donc voilà, les hommes cis. Ils sont des victimes eux-mêmes de leurs propres injonctions. Oui, il n’y a pas que les femmes qui doivent se conformer à un moule qu’ils ont établi, eux aussi pour savoir où ils se situent sur l’échelle de la masculinité (et donc de la domination).

Leur « misère sexuelle », concept qui ne s’applique qu’à eux bien sûr (surtout s’ils sont blancs), justifierait les viols et autres agressions sexuels. Et c’est comme ça qu’on voit des mouvements comme les incels (involuntary celibs) faire leur apparition sur Internet et aussi faire des dégâts dans la vraie vie…

Ce livre, qu’a-t-il de plus qu’un livre féministe banal ? Il est rempli d’humour, de sarcasme, et d’une très bonne analyse de ce qui a eu lieu et de ce qui se passe encore dans la continuité d’une misogynie qui existe encore à l’encontre des femmes. Les femmes ont été effacées de l’histoire par les hommes et il est temps de remettre les pendules à l’heure.

Celui-ci contient aussi de nombreuses anecdotes dont je n’étais absolument pas au courant. Et si celle de la masturbation avec des machines à coudre vous a marqué, sachez qu’il y en a encore d’autres, moins choquantes mais tout aussi instructives. Grâce à ce livre, on voit la continuité de l’oppression des femmes de manière accessible.

C’est d’ailleurs un des points fort du livre, on a envie de le prêter, de l’offrir. Un autre, et ça m’est personnel, c’est que les sources se trouvent à la fin de chaque sous-partie. Quand elles se trouvent toutes à la fin du livre, je les lis aussi, mais pas aussi attentivement. C’était vraiment plaisant de les avoir à cet endroit-là. De plus, il y a de nombreuses statistiques, qui réfutent souvent certains clichés, comme le fameux « Femme au volant, mort au tournant » (en fait, c’est l’inverse).

C’est bientôt Noël à l’heure où j’écris (ok, dans trois mois), pour vous ou pour quelqu’un d’autre, c’est une bonne idée de (se) l’offrir ! Un livre aéré, accessible et enrichissant surtout.

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